Au milieu des années 1970, l’Argentine accueille la Coupe du Monde de la FIFA, un événement censé célébrer le football et unir les nations. Cependant, derrière la façade glamour du tournoi, se cache une réalité sombre. Mes amis qui disparaissent, les poteaux peints en noir. Et les caméras de télévision qui ne savent pas filmer ailleurs que les terrains de football. L’union par la force…

Exaltation

L’excitation monte dans les rues de l’Argentine alors que la Coupe du Monde se profile. Les Argentins, fiers de leur équipe nationale et de leur mère patrie, se préparent à accueillir le monde entier. Les stades se remplissent de fans passionnés, arborant les couleurs argentines et chantant des hymnes de soutien. Mais derrière ce vernis de fête sportive, une ombre s’étend sur notre nation.

Au milieu de l’excitation générale, mes amis continuent à disparaître. Des hommes et des femmes courageux qui osent exprimer leurs opinions politiques sont enlevés par les forces de sécurité du régime. Ils sont emmenés sans laisser de trace, effacés de nos vies du jour au lendemain. La FIFA, aveuglée par l’ambiance euphorique de la Coupe du Monde, fait la sourde oreille face à nos appels à l’aide. Le football continue de briller sur la scène mondiale, tandis que nous, les Argentins, vivons dans la terreur et la peur de perdre nos proches.

L’atrocité derrière le rideau

Pendant que la Coupe du Monde bat son plein, les atrocités commises par le régime dictatorial se multiplient. Les disparitions forcées, les arrestations arbitraires et les actes de torture deviennent monnaie courante. Les stades resplendissants de la gloire sportive cachent les sombres secrets de la répression politique. Nous sommes confrontés à une réalité déchirante : nos voix sont étouffées, nos droits sont bafoués et nos proches sont en danger.

La douleur de voir mes amis disparaître un à un est insoutenable. Chaque jour, je vis dans la crainte que mon tour ne vienne, que ma famille ne soit déchirée. Mais dans le même temps, la FIFA reste silencieuse. Impassible, elle ignore nos appels désespérés pour la justice et la liberté. Car elle s’en fiche, car elle a atteint son but. Le football est devenu une distraction pour le monde, détournant l’attention des horreurs qui se déroulent dans notre pays. Bien sûr, la dictature, elle aussi, a atteint son but.

Entre douleur et espoir

Mais l’espoir ne peut pas mourir en moi. Car je vois les mères et les grands-mères courageuses qui se rassemblent sur la place de Mai, brandissant les photos de leurs enfants disparus. Et leur détermination est un rappel constant de l’importance de la lutte pour la vérité. Nous refusons d’être réduits au silence. Nous nous engageons à faire entendre nos voix. Mieux, nous devons exiger que justice soit rendue pour les disparus et que les responsables des atrocités soient tenus pour compte.

Dans cette atmosphère de douleur et d’espoir, le football perd progressivement de son éclat dans mon cœur. L’image du sport qui devrait rassembler les nations s’est ternie, car il est devenu un instrument de diversion plutôt que d’union. Il détourne l’attention du monde des souffrances qui se déroulent en Argentine. Et mon amour pour le football s’effrite. Je ne peux plus vivre sans penser que derrière la quête du ballon rond se cache la lutte pour la vérité, la justice et la réconciliation.

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