La vie est suffisamment compliquée pour que les obstacles du quotidien rendent les choix compliqués. Et contrairement à la pensée communément admise, avoir beaucoup d’argent ne facilite pas toujours les choses. Luxe, investissement douteux, trafic d’influence… Et luxure. Et femme. Pour les footballeurs, les femmes sont souvent une idée fatale.
Sirène
La musique est forte, les conversations sont à peine audibles d’une table à l’autre. Un groupe magmatique de jeunes gens envahit la piste de danse, avec un taux d’alcoolémie qui va grandissant au fur et à mesure de la soirée. La fumée des machines emplit l’atmosphère d’une lumière blanchâtre, qui change de teinte au fur et à mesure des variations de la lumière. Dans un coin de la boîte de nuit, sur un carré de canapés, un trio de jeunes footballeurs sirotent de la vodka et du champagne, les bras posés sur le dossier de leurs sofas. Entre eux, des jeunes femmes au physique avantageux se tortillent. Elles sont toutes blondes, certaines naturelles. Avec leurs robes serrées et courtes, elles ne peuvent même pas croiser les jambes. Ah, les femmes…
L’une d’entre elles tente une approche, un bras qui passe sur celui de son voisin. Bien sûr, il n’est pas indifférent. Qui le serait face à une jeune femme qui semble attirée, qui est attirante, encore plus avec un peu d’alcool dans le sang ? Il hèle un garçon, demande une nouvelle bouteille de champagne, lui susurre un mot à l’oreille. Elle sourit, rigole même s’il n’y a pas de raison. Évidemment, elle sait qui il est. Oui, ce n’est pas la nouvelle star du football national, le petit prodige que tout le monde s’arrache, mais sa réputation n’est plus à faire. Il a vingt-et-un an, il n’est pas forcément très beau ni particulièrement intelligent ou distingué. Mais son compte en banque est aussi garni que celui d’un patron du CAC 40. Un détail ? À peine…
Alliance
Les minutes passent. Embrassade. Les heures se succèdent. Chambre d’hôtel. Les jours défilent. Échanges de message, sur les réseaux sociaux d’abord puis par SMS quand elle lui demande son numéro. Les semaines se comptent une à une. Photos dénudées d’elle, de lui ; et messages d’amour. Et puis soudain, elle est là, en tribune officielle, là où d’habitude les parents se massent. Toujours impeccable, attirante, même si elle passe le match entier sur Instagram, ne regardant le terrain que lorsque son amoureux sort sous les applaudissements du public. Elle applaudit, grand sourire aux lèvres.
A la fin du match, elle sera là pour l’attendre. Du moins, au début, tant qu’elle doit subir ses avances sexuelles, qu’elle doit se plier à ses désirs en échange d’un sac Louis Vuitton ou d’une écharpe Gucci. Pas d’Hermès, non, c’est trop bourgeois et pas assez clinquant. Women and girlfriend, disent les médias. Mais au fond d’elle, elle est plus girl que friend. S’il veut continuer à coucher avec elle, à l’entendre simuler quand il prend son pied, il a intérêt à négocier un gros contrat, à prolonger avec son club.
Et puis surtout, il ne faut pas saisir cette opportunité à l’étranger. Rester en France, et pas dans une ville pourrie. L’Italie, pourquoi pas, mais alors pas à Turin, c’est trop industriel. Ou bien l’Espagne, elle n’est pas trop regardante tant qu’il fait chaud. Et puis, avec beaucoup d’argent, même les lieux les plus fréquentés sont plus faciles à vivre. Les restaurants chics ne sont jamais bondés, il y a toujours une place de parking quand un voiturier attend devant l’accueil. Hors de question d’aller en Angleterre, ou bien à la limite uniquement à Londres, pour pouvoir aller faire du shopping et se prendre en photo devant Big Ben.
Divorce
Elle en veut pour son footballeur, elle s’accroche comme une moule à son rocher. Pendant ce temps-là, il ne se rend compte de rien. De temps en temps, il regarde à droite et à gauche, comme pour voir s’il n’y a pas meilleur poisson à ferrer. Et puis un beau jour, elle se réveille et va pisser sur un test de grossesse. Positif. Elle est enceinte, de lui évidemment. Elle attend un peu pour lui dire, quand il ne peut plus faire marche arrière, et lui annonce. Il va être papa, tant pis s’il n’a que vingt-deux ou vingt-trois ans. Le mariage, évidemment, il faut être marié pour assurer une vie stable à l’enfant, elle lui répète ça pendant toute la journée. Alors ils se marient, l’enfant naît. Mari et femme. Père et mère.
Deux ou trois ans passent. Et puis elle en a marre de jouer la comédie, pour ce mec pas si beau, pas si intéressant, et surtout pas si intelligent. Alors c’est le divorce qui s’annonce, la pension alimentaire, la séparation violente sous la lumière des médias. Son profil Instagram gagne quelques milliers d’abonnés au passage. Et ça y est. Avec ce qu’elle va toucher, elle va pouvoir ne plus travailler, elle est dans le cercle des gens qui gagnent beaucoup d’argents, elle pourra trouver un autre pigeon à plumer en quelques semaines seulement. Lui ? Elle s’en moque, et elle s’en est toujours moqué. Sa vie est dévastée, il pensait l’aimer, il pensait qu’il y avait de l’amour entre lui et sa femme. S’il avait su… La femme fatale s’est transformée en une fatalité. Pourtant tout le monde l’avait prévenu. Mais quand l’argent remplace le cerveau et la célébrité l’instinct, le Diable lui-même se glisse dans tous les interstices.