Deux fois par semaine, retrouvez votre digest de l’Euro 2020 sur demivolee.com. En ce lundi qui précède les demi-finales de la compétition, notre programme du jour revient sur les faits marquants des quarts : des grands gardiens, trois têtes de lion et le nom du futur vainqueur (non).
L’événement : Une séance de tirs au but dantesque
Les Suisses ne réitéreront pas l’exploit de se qualifier aux tirs au but. Au terme d’un match à la physionomie radicalement différente de sa huitième de finale contre la France, une séance de tirs au but folle durant laquelle cinq des neuf penalties ne toucheront pas les filets élimine la Suisse et qualifie l’Espagne pour le dernier carré.
La Roja, malgré tout, n’aura pas pu s’empêcher de se compliquer la vie. Jusqu’au carton rouge de Remo Freuler, elle faisait preuve de circuits de passes intéressants et d’un plan B – Jordi Alba dans son couloir – correct, mais le tout reste insuffisant. Les espaces sont créés, certes, mais ils sont, la plupart du temps, pas ou mal exploités. Le cadre strict que semble mettre en place Luis Enrique et un manque de génie global ferment la porte à tout éclat individuel, ne laissant place qu’à un tiki-taka latéral qui cherche désespérément de la verticalité. Une fois en supériorité numérique, les Espagnols se sont même trouvés réduits au silence complet.
Côté suisse, il faut tout de même noter qu’avant d’être réduits à dix, les hommes de Vladimir Petković avaient tenté de surprendre leurs adversaires avec une défense à quatre et un bloc plus haut permettant au trident offensif de presser les centraux espagnols. Mais l’Espagne, forte de décrochages, trouvait globalement la solution. Surtout, les exploits à la relance vus contre les Bleus ne se sont pas reproduits.
Ni les deux buts, véritables cadeaux-boulettes de part et d’autre, ni les prolongations, qui ressembleront cette fois-ci à un véritable exercice de gammes pour les Espagnols qui « marqueront » deux fois plus d’expected goals en un quart d’heure que sur l’intégralité du temps réglementaire, ne sauront départager les deux équipes.
Rendez-vous aux tirs au but. Et quelle séance ! Yann Sommer semble d’abord poursuivre sa frénésie de parades – quand Sergio Busquets ne fracasse tout simplement pas le poteau. Mais c’est surtout la performance d’Unai Simón qui est à souligner. Alors qu’il était logiquement peu en vue jusque-là, ses deux parades remettent l’Espagne sur les bons rails. Devenu géant au milieu d’une minuscule cible, Simón voit ensuite le tir au but de Ruben Vargas valser loin au-dessus de sa transversale. Un penalty de Mikel Oyarzabal plus loin, la Roja décroche son billet pour les demi-finales.
Le chiffre : Tête-à-tête à Rome
L’Angleterre est devenue, lors de leur carton plein face à l’Ukraine samedi à Rome, la première équipe à inscrire trois buts de la tête dans un même match d’Euro. Les deux Harry, Maguire et Kane, ainsi que Jordan Henderson, pour qui c’était le premier but en sélection, ont tous enfoncé le clou de cette manière.
Pour ce qui était leur seul match de la compétition à l’extérieur, les Anglais ont fait le plein de confiance tout en ayant pu faire tourner. Le luxe s’ajoute au potentiel. S’ils ont parfois manqué d’inspiration, peut-être par prudence, les Three Lions ont su s’imposer sur quelques séquences bien senties, venues perforer une défense ukrainienne bien poreuse.
Le but : Insigne du destin
Le deuxième but du Danemark, qui s’est imposé au réalisme face à la Tchéquie en Azerbaïdjan, avec Kasper Dolberg à la réception d’un superbe centre extérieur du pied en première intention de Joakim Mæhle, était un candidat sérieux pour cette rubrique. Mais nous choisissons finalement d’honorer Lorenzo Insigne, une des individualités italiennes qui parviennent à se faire remarquer alors que c’est avant tout le collectif qui impressionne.
Son but ponctue à la perfection si match si attendu et caractérise la quête vers l’excellence de Roberto Mancini. Il représente tout ce que l’Italie souhaite faire du ballon en attaque, avec un Leonardo Bonucci et/ou un Marco Verratti profitant d’un pressing belge laxiste pour distribuer le jeu – souvent en longueur pour le premier – et trouver Nicolò Barella ou directement Insigne entre les lignes. Rendu libre par l’animation offensive déjà décrite précédemment avec Leonardo Spinazzola en piston gauche sans équivalence sur la droite, l’attaquant du Napoli profite d’un boulevard après avoir crocheté Youri Tielemans. Son enroulée pied droit laisse Thibault Courtois pantois.
La suite : Les leçons du dernier carré à la phase de poule
Alors que le dernier carré s’est formé et que la fin de la semaine couronnera un vainqueur, l’Angleterre tient la corde des bookmakers pour remporter la compétition. L’Italie, quant à elle, apparaît comme favorite de cœur des observateurs pour tout ce qu’elle montre depuis le début des poules, exception faite de la huitième contre l’Autriche.
À analyser les groupes, il est vrai qu’on y retrouve une Angleterre décevante bien qu’elle ait su garder ses cages inviolées, une Espagne très moyenne avant son carton contre la Slovaquie, et un Danemark qui a commencé par deux défaites avec, certes, quelques circonstances très atténuantes. L’Italie, flamboyante depuis le début, peut légitimement attirer les foules. Mais rien n’est garanti.
En fait, c’est même plutôt l’inverse. Les vainqueurs des précédents tournois majeurs ont historiquement rarement convaincu en phase de poule. On pense bien sûr au Portugal qui, en 2016, n’avait gagné qu’un seul match dans le temps réglementaire sur toute la compétition, et aucun dans son groupe. Au dernier Mondial, la France avait eu besoin d’un penalty et d’un spectaculaire CSC contre l’Australie, gagné de peu face au Pérou et reposé ses cadres dans un insipide 0-0 contre les Danois. La campagne espagnole de 2008 est une exception, mais ne masque pas les poules 2010 et 2012, tout aussi poussives que leurs camarades.
La réciproque est forcément vraie. Les équipes qui brillent dans leurs groupes ne vont pas au bout. La Belgique en 2018, la Colombie en 2014, la Tchéquie en 2004… On a tous en tête les images d’un beau perdant récent. Et vous êtes peut-être nombreux à espérer, en ce moment même, que le Danemark ne vienne pas rejoindre cette galerie.
De fait, que l’on parle de qualité offensive ou de solidité défensive, les vérités des groupes ne sont pas celles des matchs à élimination directe. Et s’il y a une seule constante à chercher dans cet Euro si particulier, c’est bien que nos quatre demi-finalistes ont tous joué leurs matchs de poule à domicile.