Alors que la fin de saison approche, la tension monte entre les équipes du championnat. Pour certaines, c’est le titre qui se joue. Pour d’autres, une place en deuxième division. Le mois de mars marque le début d’un sprint final effréné, dans lequel certains seront lésés… et d’autres, couverts de gloire. Et avec cette tension, l’arbitrage est au cœur des débats. Impossible d’échapper aux discussions sur le sujet. A la télévision, dans les journaux, sur les réseaux sociaux et, s’ils étaient ouverts, à la terrasse des cafés, tout le monde n’a que ce mot à la bouche. L’arbitre. Voici venu le temps des polémiques.

Mais à quoi bon ?

Mais à quoi bon polémiquer ? Le résultat d’une rencontre est entériné pour toujours au moment du coup de sifflet final de l’arbitre. Mis à part un scandale de corruption ou un match truqué, rien ne pourra jamais faire vaciller les résultats. Tout est inscrit dans le marbre. Mensonges, vérités, erreurs, justes décisions. Et car l’arbitrage est ce qu’il est, personne ne pourra vraiment avoir d’explications sur ce qui s’est passé. La seule vérité qui triomphe est celle inscrite dans le petit carnet de l’arbitre. Les erreurs ne sont que des mots pour masquer les blessures profondes infligées par des résultats contraires.

Bien sûr, on peut toujours espérer. On peut toujours espérer changer les choses. On peut toujours penser que la polémique viendra mettre une pression supplémentaire dans les matchs à venir. Mais en réalité, qui s’en soucie vraiment ? Les instances sont-elles à l’écoute des allégations proférées sur les réseaux sociaux ? Rien n’est moins sûr. L’amnésie quotidienne des instances, qui peut sembler horrible, antisportive ou même démagogue, n’est en réalité qu’une manière comme une autre de protéger l’institution. On peut penser ce que l’on veut de cela, mais la Ligue, jusqu’à preuve du contraire, dirige et ne se laisse pas diriger.

Il est évident que le passé est bien moins bien que le futur que l’on rêve. Mais à l’inverse du futur, on ne peut rien modifier dans le passé. Même un condamné à mort a toujours l’incertitude de son destin. Mais le mort, lui, ne peut plus rien penser, ne peut plus choisir. La survie, l’attente, le temps, voilà autant de remèdes à la polémique inutile, à la polémique futile. Partout, il n’y aura qu’une seule solution : faire changer les choses, définitivement. Et cela ne passe pas par la polémique.

Chacun son camp

Car la polémique ne changera rien. Chacun a déjà choisi son camp au moment même où le scandale commence à éclater. Y avait-il main et pénalty ? Fallait-il donner un carton rouge pour cette faute, ou bien seulement un jaune ? Le but était-il réellement hors-jeu ? Autant de questions où chacun a sa réponse. Personne ne retournera ses convictions à la faveur d’une argumentation douteuse. Pire, il est même probable que les avis ne fassent que s’affirmer. Tout un chacun, à force d’entendre des avis contraires au sien, sera tenté d’appuyer ses opinions encore plus fort. Là est d’ailleurs la magie des réseaux sociaux. Car en croyant favoriser le débat, ils ne font que l’appauvrir et le cliver plus encore. Et c’est bien là la tyrannie des réseaux sociaux, qui font croire que les opinions individuelles sont autre chose que des artefacts pour la pensée collective et progressiste.

Bien sûr, on peut toujours espérer que quelques curieux venus se mêler au débat seront influencés par tels opinions, tels arguments et tels avis. Mais c’est bien peu de chose comparé à l’énergie mise par certains afin de prouver que leur camp est désavantagé, et, bien évidemment, celui de l’opposant valorisé. Pour ne rien gâcher, de part et d’autre, on trouve généralement de nombreux adeptes de ce genre de démonstrations. Comme si, finalement, personne n’avait raison, ou bien tout le monde avait tort.

Enfin, si la polémique continue de faire loi, elle n’en reste pas moins futile. Qui se souviendra dans dix ans des débats sur lesquels certains s’acharnent ? Il est vain de ressasser, en boucle, des faits passés. Sans jamais avoir la possibilité de les changer. Mais ainsi est fait l’Homme : toujours prêt à se dresser contre ce qu’il pense être une injustice. Va, et agis comme bon te semble.

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)