De nos jours, le footballeur a ceci de vrai qu’il vit dans un extra-monde. Un peu rebelle envers ce monde. Mais beaucoup de supporters sont restés réfractaire à cette progression. Pour beaucoup, le football est et reste une improvisation plutôt qu’une rébellion. Une volonté de dire quelque chose plutôt que de faire autre chose. Improvisation, comme sur le terrain.

Mettre de soi

Mettre de soi. C’est fondamental. Le public se moque de ce que les joueurs pensent quand ils ne pensent rien d’intéressant. Ce qui compte, c’est de mettre de soi dans chaque ballon disputé. Il faut penser en homme d’action, et agir comme le plus grand savant. Automne, hiver, printemps, été. Changer d’équipe comme de maillot, plus personne ne peut penser qu’il s’agit d’une stratégie viable à long terme. Et pourtant, et pourtant, nombreux sont ceux qui ne l’ont pas compris. Il y a un manque criant d’intelligence dans certaines décisions de la société footballistique, mais en tant que spectateur, notre seul possibilité est d’acquiescer. Ou de se révolter. Mais la révolte est inefficace quand elle n’est pas suivie à grande échelle : elle ne peut attirer que le mal, que la violence, que la haine.

Et la haine est ce qui gangrène le monde. Dans la mafia, il est interdit de nommer ses autres camarades en public, au risque que le Capo dei Tutti Capi décrète une peine de mort contre soi. Dans le football, la règle est un peu différente. Qui se révolte contre les grands de ce monde risque de se retrouver étendu sur la pelouse, avec un carton rouge dans le ventre. La métaphore n’est pas très subtile, mais pourtant, l’omerta est ce qui permet aux puissants du monde du football de se maintenir à la tête de ce qu’ils ont décidé. Heureusement pour eux, ils ont un argument inviolable.

« Un ballon ne relâche jamais sa proie. Car quiconque, une fois dans sa vie, s’est pris d’amour pour le football, gardera toujours un amour, même caché, au long de sa vie. »

Gratter la pièce

L’histoire est racontée par les Lions, sauf quand les Lionnes viennent chasser la gazelle. Car ce ne sont pas toujours ceux qui parlent le plus fort qui connaissent toute la vérité. Le football ne fait pas exception, ou bien si c’est le cas, alors personne n’y fait réellement attention. Pourquoi ? Tout simplement parce que trop nombreux sont ceux qui pensent pouvoir réussir en faisant quelque chose et qui échouent en ne faisant rien. La société se meurt de ces pensées qui n’ont aucun sens parce qu’elles ne sont pas appuyées sur quelque chose de factuel mais simplement sur des idées, des pensées, des mots vides de sens. Critiquer est beaucoup plus simple que de faire avancer. L’arbitrage sera toujours défaillant tant que les gagnants ne se prononceront pas en sa faveur. Mais il y a toujours un problème.

« Notre esprit commence à s’envenimer. Nous ne vivons plus que pour cela. Car la vie ne va jamais aussi bien que lorsque l’équipe aimée joue bien. »

Mais quand le sort nous est contraire, alors la vie est morte. Quand rien ne va plus, comment faire pour tout redresser ? L’improvisation est bien la seule solution, le seul moyen viable de sortir de l’impasse dans laquelle on se trouve. Bien sûr, il y a toujours cette mélodie au piano qui susurre à notre oreille de prendre notre temps pour écouter le temps du temps. Mais ce n’est pas suffisant. Ce n’est pas suffisant de penser, il faut agir. Il faut agir, il faut créer quelque chose qui n’existait pas avant. C’est bien le seul rôle du footballeur dans ce monde qui ne tourne plus rond depuis longtemps. Créer, inventer une improvisation pour tuer le temps.

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)