Avec la pandémie mondiale de coronavirus, toutes les strates de la société ont dû revoir leurs manières de vivre et d’exercer leur activité. Les footballeurs ne font pas exception. Car dans certains pays, comme en France, le championnat a carrément été suspendu pendant plusieurs semaines. Dans d’autres, il a simplement vu son déroulement être altéré. Mais dans tous les cas, rien n’est plus comme avant. Et parmi les changements principaux, le port du masque obligatoire, notamment sur le banc de touche. Mais si le masque est un mode de défense indispensable et très efficace dans de nombreux contextes, sur les bancs de touche, il est à la fois complètement inutile, inefficace et même dangereux. Entre mauvaise utilisation et incohérence, le masque sur le banc n’est pas la panacée…
Le danger d’un masque mal porté
Les masques jouent un rôle essentiel dans la prévention de la diffusion de la COVID-19. Ce fait est avéré, et personne ne peut le mettre en doute. Il est indispensable de porter un masque dans toutes les situations où l’on se trouve avec des personnes avec lesquelles on ne partage pas un toit, et particulièrement lorsque nous sommes en contact avec des personnes fragiles. Néanmoins, il faut que ce masque soit bien porté.
Un masque bien porté, c’est donc un masque qui couvre à la fois le nez et la bouche. Et ce, sans aller-retour incessant pour parler, respirer ou encore téléphoner. Le masque ne doit pas être manipulé. Le nez est tout aussi important que la bouche. En effet, des fines gouttes invisibles sont aérosolisées par le nez, et elles sont tout aussi dangereuses que les postillons. Il est donc indispensable de porter correctement son masque afin de se protéger et de protéger les autres.
Mais ce n’est clairement pas l’usage qui prévaut chez les joueurs de football. En effet, les bancs de touches sont remplis de joueurs – et de staff – portant leurs masques sur le menton ou sous le nez. Et surtout, de joueurs qui retirent, remettent, manipulent ou tripotent leurs masques en permanence. Mais manipuler un masque avec des mains non-désinfectées est très dangereux. En effet, le risque d’auto-contamination est important : s’il y a eu précédemment un échange de postillons avec une personne infectée qui se sont logés sur le cou, ou bien si les doigts sont sales, la charge virale va directement être transférée sur le masque. Mention à revoir, donc, pour de nombreux joueurs.
Un masquage très inutile
En fait, le port du masque par les joueurs de football représente presque plus un danger qu’un véritable bénéfice. En effet, ce masquage ne s’effectue que lorsque les joueurs sont présents sur le bord d’un terrain et dans les transports. Mais en réalité, c’est très hypocrite. En effet, les joueurs s’entraînent en permanence en vase clos. Dans les vestiaires, ils ne remettent pas le masque, et les salles de sport ne sont pas non plus le lieu d’un masquage impeccable. Pire, les accolades, embrassades et effusions de joie collectives sont monnaie courante. Autant d’occasion où la COVID-19 se propage comme un incendie en plein été. Pour preuve, les contaminations au sein d’une même équipe sont nombreuses : si le PSG est sur le devant de la scène avec sept joueurs contaminés, l’Olympique de Marseille ou le Montpellier HSC ont été dans des situations similaires quelques semaines plus tôt.
Autant de preuves que les mesures sanitaires ne sont pas respectées de manière stricte, et que si le masquage est parfois respecté sur le banc de touche, cela ne signifie pas pour autant que les règles d’hygiène sont respectées hors du banc de touche. Car sur le rectangle vert, par exemple, les joueurs ne portent pas de masque. Et ils sont en contact bien plus rapprochés que les joueurs espacés de trois sièges dans les tribunes. Un mur sur coup-franc est un cluster à lui tout seul ! Et un corner un foyer de contamination de grande ampleur. Même les célébrations sont des situations coupables. Le football est un sport éminemment de contact, et ce ne sont pas des mesures sanitaires en demi-teinte qui vont changer quoi que ce soit. Il n’est pas possible de rendre le football « sans-contact ». Le football n’est pas une carte bleue.
Pour l’amour de la com’
Finalement, le masque en bordure d’un terrain de football n’est qu’une opération de communication, de sensibilisation. Oui, le port du masque est utile. Non, il ne s’agit pas d’une mesure restreignant de quelque manière que ce soit la liberté individuelle. Au contraire, le masque est ce qui permet de limiter la diffusion de la COVID-19, et donc, par conséquent, de revenir le plus complètement possible à la normale.
Et si les joueurs de football sont capables de porter un masque sur le bord d’un terrain, tout le monde est capable de le faire. D’ailleurs, les chirurgiens peuvent en témoigner : porter un masque, on s’y habitue. Et tous les prétextes pour ne pas en porter sont fallacieux : on sait depuis longtemps que le taux d’oxygène ne diminue pas lors du port d’un masque. Par contre, le taux de contamination, lui, s’effondre. L’opération « port du masque » et distanciation physique sur le bord du terrain est donc avant tout de la communication.
Mais voilà, cette opération n’est pas aussi fructueuse qu’il ne pourrait paraître. En effet, elle n’est pas menée à bout. Les joueurs ne respectent pas le port du masque en permanence. Ils le manipulent et font un peu n’importe quoi avec. Mais qui pourrait leur en vouloir ? En effet, ils sont très régulièrement testés, et donc le masque ne leur est d’aucune utilité. De toute façon, la contamination, si elle doit se faire, se fera à d’autres moments et sur d’autres phases. Le port du masque sur les bancs de touche est donc d’une hypocrisie sans nom. Pas d’un non-sens, non, mais il faudrait que cela soit mis en place de façon plus méthodique et efficace. Et sans y faire plus attention, la COVID-19 a de beaux jours devant elle…