La Major League Soccer, qui a fait son retour sous la forme du tournoi MLS is Back, fait ces jours-ci beaucoup parler de par ses aspects extra-sportifs. Entre le format du tournoi, sa portée morale, la bulle et les cas positifs au covid-19, un autre sujet pourtant digne d’intérêt est passé sous les radars : les matchs matinaux.
La MLS au bois dormant
Au cas où la nouvelle vous aurait échappé, le football est devenu le premier sport à être relancé post-confinement aux États-Unis et au Canada, avec la Challenge Cup de la NWSL et le MLS is Back de la… MLS. Comme ce sera bientôt le cas pour leurs confrères de la NBA, les joueurs de MLS sont donc confinés dans la bulle du complexe ESPN Wide World of Sports depuis le 8 juillet, où ils disputent actuellement ce tournoi. Tous ? Non. Les franchises de Dallas et Nashville manquent à l’appel en raison chacun d’une dizaine de leurs membres atteints du coronavirus.
Quant au tournoi en lui-même, il se constitue de 5 groupes qui envoient chacun deux ou trois équipes dans une phase à élimination directe. Si le vainqueur final se voit accorder une place en Ligue des Champions CONCACAF, la saison régulière de MLS qui a à peine eu le temps de débuter n’est pas affectée. Un format relativement classique, donc, si l’on omet qu’il est à huis clos, en juillet, dans une bulle, en face de Disney World, sous la menace d’un virus et, comble de l’originalité, que des matchs se jouent à 9h00 du matin.
L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt
La météo particulièrement difficile en cette période de l’année en Floride n’est évidemment pas étrangère à cet ajustement. Jouer les matchs aussi tôt, c’est moins exposer les joueurs à ce climat très chaud et humide auquel viennent s’ajouter de fortes pluies, généralement l’après-midi. En outre, ce tournoi anticipé de la MLS ne dure qu’un mois, comme une Coupe du monde. Cela nécessite donc la programmation de plusieurs matchs par jour. En voulant éviter l’après-midi, cela donne donc un match le matin et deux le soir.
Mais si les audiences sont au rendez-vous, bien qu’elles devront être pondérées par les circonstances, l’excitation de la reprise et le fait qu’il s’agisse du seul sport américain masculin en cours, cet ajustement pourrait devenir la norme. Passé le choc du réveil – car aujourd’hui un fan des Seattle Sounders devra tout de même se lever à 6h00 pour regarder son équipe affronter Chicago –, ce nouveau créneau horaire pourrait susciter un certain nombre d’avantages marketing et donc économiques.
Petit-déjeuner en paix
Imaginons donc un match à 11h00, fuseau horaire de la côte est. Un créneau bien plus clément avec ses compatriotes de l’ouest si tant est que les températures permettent de jouer dehors à midi. Le rendu télévisuel d’une telle proposition est en effet plutôt attrayant. Le téléspectateur américain de soccer est d’ores et déjà habitué à de tels horaires, puisqu’il regarde probablement régulièrement la Premier League et la Bundesliga, et ne sera donc pas perturbé par cet horaire. Et ça marche aussi dans l’autre sens. La MLS pourrait mieux s’ouvrir aux Européens avec des matchs à 15 ou 17h00 plutôt qu’à 02h00.
Mais, non content de ne pas perturber les spectateurs locaux, ce nouvel horaire pourrait être une opportunité pour la MLS, qui chercher à revigorer son offre télévisuelle et ses audiences en vue de la renégociation de ses droits TV en 2022. Un match à 11h00 à l’est et 9h00 à l’ouest serait pile dans la continuité du match de Premier League de midi heure anglaise. Facile à marketer, le petit-déjeuner MLS serait une innovation sympathique qui profiterait en plus d’un créneau délaissé par les autres sports étatsuniens.
« Un matin, ça ne sert à rien »
Quelques ombres viennent néanmoins noircir ce tableau. La première réserve que l’on peut émettre concerne bien sûr la billetterie. Quand les supporters seront de nouveau admis dans les stades, il ne sera pas simple de leur demander de venir un samedi ou dimanche matin crier derrière leur équipe. À moins que la MLS ne joue à fond la carte du Breakfast & MLS ? On en est de toute façon loin et les tribunes n’en seraient pas moins apathiques.
Une autre incertitude, et pas des moindres, vient des joueurs. Un tel horaire pousse les athlètes à s’adapter. Jouer si tôt n’est plus une habitude comme ça a pu l’être enfant, et intégrer la routine d’avant match et le repas pourrait revenir à avancer le réveil assez loin. S’opposeront-ils ? Les commentaires sur les matchs matinaux du tournoi MLS is Back s’amusent pour l’instant du caractère inhabituel de la chose avec la conscience de son exceptionnalité. Mais rien ne dit qu’ils accepteront d’en faire une norme.