Au cours des dernières années, certains clubs dominent très largement leur championnat domestique. Seule la Premier League arrive à varier les champions. Le suspens serait-il mort au sein du Big 5 européen ? Tour d’horizon des cinq grands championnats pour faire un petit bilan.
Allemagne : Le Bayern Munich trop fort pour la Bundesliga ?
S’il y a bien une saison où le Bayern aurait dû perdre son titre, c’était la saison dernière. Le Bayern de Kovac en fin de cycle était plus que moyen. Malgré les 9 points de retard sur le Borussia Dortmund à la trêve, les Bavarois parviennent à renverser la vapeur pour décrocher leur 29e titre de champion. Idem pour cette saison. Après un début de saison difficile, une lourde défaite à Francfort (5-1) qui scelle le destin de son coach, une 7e place à la 14e journée, et 4 points de retard sur le RB Leipzig à la trêve, le Bayern arrive encore une fois à revenir pour remporter son 30e titre de champion avec 13 points d’avance sur son éternel second, le Borussia Dortmund. Les Bavarois semblent intouchables et cela pour plusieurs années. Ses deux poursuivants directs, le BVB et le RBL ne semblent pas en mesure d’abattre l’ogre bavarois.
Espagne : La rivalité Barcelone – Real Madrid, l’arbre qui cache la forêt ?
Sur la période 2008-2019, le FC Barcelone écrase le championnat espagnol avec 8 titres remportés contre deux seulement pour le Real Madrid et un seul petit titre pour l’Atletico Madrid. Comme pour le Bayern Munich, le Barça arrive à remporter la Liga relativement facilement. Mais la rivalité Barça-Real cache un peu ce manque de compétitivité, c’est un championnat à la Tom et Jerry. Une course où l’on sait d’avance qui arrivera premier à la fin de la saison. Le titre de l’Atlético est quasi anecdotique. Le deuxième club de Madrid a toujours une moyenne de 10 points de retard sur les deux géants par saison. Et si le Barça risque de perdre son titre cette saison au profit de la Maison Blanch, les Catalans ont dominé cette dernière décennie sans trop de difficulté.
France : Le PSG dans une autre dimension !
De 2010 à 2020 le Paris Saint-Germain a remporté 7 titres de champions : le PSG aussi marche sur son championnat. Le titre de Monaco en 2017 nous a laissé un peu d’espoir d’avoir une deuxième équipe capable de titiller le club de la capitale, avec l’Olympique Lyonnais. Malheureusement, le projet de Monaco n’était qu’une illusion. Ajoutées à cela les difficultés économiques de l’OM, personne n’est de taille à rivaliser avec le PSG. Il y aura peut-être Lyon, mais le club doit essayer de garder ses meilleurs éléments. Les Lyonnais étaient les seuls à pouvoir battre les Parisiens sur un match ces dernières saisons mais restent loins derrière en matière de régularité.
Italie : La crise a fragilisé la Série A
Le championnat italien était le meilleur championnat des années 1990 et début 2000. Une excellence brisée par l’affaire des matchs truqués et la crise économique qui a touché le pays le football n’a pas échappé à cette crise. Un seul club semble ne pas être affecté par la crise : la Juventus Turin, qui rafle presque tous les meilleurs joueurs italiens ou encore des grandes stars du football mondial, comme un certain Cristiano Ronaldo. Avec les difficultés des deux clubs de Milan, la Juventus avait un boulevard pour la souveraineté en Italie. La Roma et Naples ont essayé de concurrencer la Vieille Dame, mais sans succès. Ces deux-là auront réussi à légèrement accrocher la Juventus avec des titres joués à 4 points de retard. C’est un peu comme Dortmund en Allemagne, ces clubs ont la capacité de remporter le titre mais il leur manque toujours quelque chose pour atteindre le Graal. Cette année, la Juventus va surement remporter son neuvième titre d’affilé en championnat.
L’Angleterre : La Premier League est l’exception mais …
Pour que la Premier League soit reconnue par beaucoup comme étant le meilleur championnat du monde depuis quelques années, l’incertitude sur le nom du vainqueur y joue certainement un rôle. En effet, sur les dix dernières saisons, nous avons eu droit à cinq champions différents, dont la belle surprise Leicester en 2016. La puissance financière de ce championnat permet d’avoir 5 à 6 équipes capables de s’offrir des joueurs à plus de 50 millions d’euros sans trop de difficultés. Avoir plusieurs grosses équipes offre beaucoup de grosses affiches pendant la saison, en plus de renforcer le suspens. Et cela peut avoir son importance dans la course au titre, car jouer douze gros matchs en aller-retour (contre six équipes) peut mener à laisser beaucoup de points en route.
Certes la PL est la meilleure, la plus disputée, mais combien d’entraîneurs anglais sont à la tête des grosses équipes anglaise ? Un seul : Lampard à Chelsea, avec une mention honorable pour Brendan Rodgers à Leicester. Idem pour les meilleurs joueurs du championnat. Combien de joueurs anglais ont remporté le trophée de joueur de l’année ? Il faut remonter à 2012 pour trouver un Britannique en la personne de Gareth Bale, puis 2010 pour un Anglais avec Wayne Rooney. La Premier League conserve donc son suspens mais en paie le prix fort.
Pour conclure, si on prend les équipes qui dominent largement leur championnat respectif, trois des quatres clubs concernés font partie des équipes qui ont le plus atteint les demi-finales de Ligue des Champions sur les dix dernières années : le Barça, le Bayern et la Juventus. (Il y a deux exceptions. Le Real n’entre pas dans le lot car ses résultats domestiques sont plutôt moyens. Alors que pour le PSG, ce sont les résultats européens qui ne sont pas exceptionnels.) Et si ces équipes dominent en Europe, elles dominent logiquement leur championnat. Nous ajoutons aussi le paramètre des moyens financiers. Ce sont en effet les seules équipes qui peuvent se permettre d’acheter des stars contrairement à leur principal rival dans leur pays, hormis la rivalité du Clasico. Alors, devons-nous dire que ces championnats sont faibles ? Ou bien seulement que ces clubs sont dans une autre dimension que le reste des équipes ? Une chose est sûre, le suspens est mort dans bon nombre de championnats européens.