Près de deux mois et demi après sa nomination à la tête des Spurs en lieu et place de Mauricio Pochettino, il est l’heure de tirer les conclusions quant aux différents impacts que l’arrivée de José Mourinho a eus.
Navire remis à flot
+9 places en Premier League, mais…
Lorque le Special One reprend les rênes d’une équipe de Tottenham en pleine tempête, celle-ci pointe à la 14e place de Premier League et compte seulement 14 petits points à son compteur, après 12 journées. Le traditionnel « effet » engendré suite à l’arrivée d’un nouveau coach à la tête d’un club a bien lieu puisque les Spurs remportent les deux rencontres qui suivent l’arrivée du Mou par 3 à 2 après avoir mené 3-0. Puis l’effet a pris fin. Tottenham a connu des défaites, des matchs laborieux comme Mourinho a l’habitude de produire (on y reviendra plus tard) et, aujourd’hui, ne semble être plus sûr de rien.
Un contenu Mourinhesque : le Special One a imprégné sa patte
Il est évident que le technicien portugais a su imposer sa patte, pas forcément la plus belle qu’il soit. Comme en témoigne le dernier match face au champion sortant de Manchester City, l’objectif principal est de bien défendre. Puis de miser sur des contre-attaques, lancées par Son et la nouvelle recrue Bergwijn sur les côtés, ou par le renaissant Dele Alli dans l’axe. L’absence de Harry Kane rend alors caducs les longs ballons envoyés par la charnière centrale pour l’avant-centre, dont le rôle de pivot est majeur. Pourtant, malgré l’indisponibilité du capitaine des Three Lions, cette stratégie a été employée à maintes reprises, ce qui a eu pour conséquence immédiate de « sauter » le milieu très technique des Spurs, composé au départ de Winks et Lo Celso puis de Ndombele en fin de match.
Il est d’ailleurs surprenant que Tottenham n’ait recruté aucun 9 cet hiver malgré la longue blessure de Kane. Cependant, ils ont enregistré la signature de l’ailier néerlandais Steven Bergwijn, qui s’est distingué par un but de toute beauté pour sa première sortie sous la tunique des Lilywihites.
Mais voilà, si Mourinho a su redresser la barre en hissant le club à la 5e place, rien n’est définitif. D’une part, du fait qu’il n’y ait aucune assurance dans le jeu, mais aussi parce que le championnat est très serré : bien malin qui pourra prédire le top 6 final de Premier League. En outre, sur le plan uniquement comptable, Tottenham réalise jusque là un exercice en dents de scie, capable d’alterner le bon (réception de City) et le moins bon (défaite à Southampton, nul chez la lanterne rouge Norwich).
En coupe(s) et pour tout ?
« Il a une mission bien précise, c’est d’aller chercher ce qui nous manque : un trophée », déclarait le capitaine Hugo Lloris à propos de son nouvel entraîneur le 11 janvier dans L’Equipe. Le titre est évidemment injouable, une nouvelle finale de Ligue des Champions semble à l’heure actuelle présomptueuse. Reste alors la FA Cup, une compétition que les Lilywhites jouent à fond, comme le prouvent les XI de Mourinho.
En 32e, dans une période tumultueuse, Lucas permettait aux Spurs d’accrocher le replay face à Middlesbrough, par la suite remporté difficilement par le club de la capitale anglaise. Même scénario en 16e, nouveau replay. Menés 2-1 à un quart d’heure du coup de sifflet final et au bord du gouffre, les Spurs inversent finalement la tendance et l’emportent 3-2 grâce à Lucas et Son. Tottenham semble en tout cas jeter son dévolu sur cette prestigieuse compétition, qui les verra défier Norwich à domicile en 8e.
Au passage, puisque nous parlions d’Hugo Lloris, réputé pour « ne jamais arrêter les penalties », il a pourtant stoppé 4 des 6 dernières tentatives qu’il a subies. Dans sa carrière, l’ancien Lyonnais en a détourné 15 sur 73, pour un taux de réussite de 20,5%, un chiffre qui se situe dans la moyenne des gardiens. À titre de comparaison, Mandanda ne réalise que 7,5% d’arrêts (5 sur 66 !), tandis que Buffon en a stoppé 32,7%. Au delà de son leadership, le retour au premier plan de Lloris depuis le 22 janvier, marqué par sa présentation XXL face à City, est de toute évidence une bonne nouvelle pour les Spurs qui – sans dénigrer son intérimaire Paulo Gazzaniga – pourront s’appuyer sur un gardien de qualité et d’expérience pour la fin de saison.
En 4-2-3-1, sur le papier
Enfin, penchons nous sur le système de jeu plébiscité par José Mourinho depuis son arrivée. Dans les buts, Hugo Lloris a repris la place de Gazzaniga. Sur l’aile gauche de la défense, Japhet Tanganga a intégré l’équipe professionnelle et ses débuts prometteurs ont poussé les Spurs à prêter Danny Rose. À l’opposé, Serge Aurier répond aux attentes du Mou, ce qui a valu le transfert de Kyle Walker-Peters à Southampton. Davinson Sanchez et Toby Alderweireld composent la charnière centrale, Jan Vertonghen les supplée.
Giovani Lo Celso et Harry Winks sont positionnés en double-pivot devant la défense, mais celui-ci pourrait bien subir des modifications du fait des prestations 5 étoiles de Ndombele lorsqu’il entre en jeu. Dele Alli, qui subit actuellement un petit coup d’arrêt après avoir retrouvé son meilleur niveau, occupe le poste de numéro 10 en soutien de Lucas qui dépanne au poste d’avant-centre. La recrue Steven Bergwijn et Son Heung-min sont positionnés sur les ailes pour amener vitesse et profondeur en contre-attaque. En position défensive, le système est modulable et s’apparente à un 4-5-1. Bergwijn et Son se replient pour former une seule ligne de 5 et laisser le seul Lucas devant.
Une histoire d’omelette ?
Sur le plan des résultats, si Mourinho a su repositionner le club à une place un peu plus standard, rien n’est encore fait. La confiance retrouvée, l’objectif est désormais d’accrocher une place en Ligue des Champions et de remporter la FA Cup. De toute évidence, les Spurs essaieront tant bien que mal d’accrocher une impensable deuxième finale de Ligue des Champions consécutive.
En Premier League, sous la houlette du Mou, Tottenham a décroché 23 points en 13 rencontres (1,77 point par match) alors qu’il n’en avaient pris que 1,17 par match avec Pochettino. Le Portugais a également assuré la qualification en 8e de finale de Champions League, bien que son prédécesseur ait mâché le travail.
Tandis qu’au niveau du contenu, Mourinho fait du Mourinho. Adieu le beau jeu prôné par Pochettino, voici l’efficacité préconisée par le Special One, quitte à livrer des prestations peu attrayantes comme José en est maintenant le spécialiste. « Notre style de jeu est primordial. Mais c’est comme les omelettes et les œufs. Pas d’œuf, pas d’omelette. Tout dépend de la qualité des œufs. Au supermarché, il y a les œufs de premier choix, deuxième et troisième. Ceux de premier choix sont plus chers mais donnent de meilleures omelettes. » Si cette célèbre citation du Lusitanien prononcée en 2007 est encore valable, pas sûr que cela soit un compliment pour ses œufs au vu des omelettes cuisinées depuis sa prise de fonction. Rappelons que Tottenham a recruté cet été après plusieurs longs mois d’abstinence. Pour revenir encore plus armés que jamais sur le marché des transferts ?