Dans un monde footballistique où plus de postes sont de plus en plus concernés par la construction offensive, celui de défenseur central est la dernière pièce du puzzle à actionner pour que tout le monde attaque ensemble. Et si les années 2020 étaient celles de l’avènement du défenseur central comme premier attaquant ?
Dernière conversion
Il y a en effet fort à parier que le défenseur central lambda – lambda, car certains le font déjà, mais ici nous parlons d’une future généralité – soit beaucoup plus impliqué dans le jeu à la fin de la décennie qu’il ne l’est actuellement. Prenez par exemple l’évolution du poste de numéro 6 au cours des années 2010. Certes, il y avait déjà des registas au début des années 2000, ces milieux défensifs architectes du jeu depuis une position reculée. Mais c’est justement en raison de cette fraîche mentalité qu’on ressentait le besoin de les nommer. Désormais, nous n’entendons plus parler de registas, principalement parce qu’aucun nouveau joueur n’a eu le talent et l’extrémisme de Pirlo depuis, mais aussi parce que cette tendance a modifié le circuit footballistique. Il a installé une norme selon laquelle le milieu défensif doit aussi savoir se servir de ses pieds.
« Avant qu’Ancelotti me place devant la défense, c’était un poste que seuls les joueurs à vocation défensive occupaient, rappelait Andrea Pirlo dans une interview au journal espagnol ABC. À l’époque, ils n’avaient qu’une chose en tête : détruire avant de construire. À partir du moment où j’ai commencé à jouer en pivot, il y a eu un changement de tendance. On a démontré qu’on pouvait gagner sans cynisme, tout en jouant bien au football. »
Le défenseur central est l’étape suivante.
Fi des réticences
Aujourd’hui, la plupart du temps, le défenseur central lambda se contente de repasser le cuir, justement, à son milieu défensif ou à un latéral. Plusieurs raisons à cela. La principale est une des premières choses que l’on apprend en débutant le football, l’erreur plein axe est une catastrophe. Ainsi, la dernière ligne axiale est logiquement empreinte d’une certaine frilosité. Nous y reviendrons sur le cas pratique, mais cette frilosité se compense assez facilement.
Une autre raison, qui va de paire avec la première, explique aussi cela. Le poste de défenseur central forme en moyenne des joueurs moins à l’aise avec le maniement technique du ballon. Comme si le développement de caractéristiques physiques imposantes nécessaires à la destruction d’actions adverses empêchait aussi un éveil technique. Actuellement, il est par exemple fort probable qu’un défenseur central lambda soit incapable de suivre la prochaine tendance à long terme de ce poste : le porté de balle, la montée, le cassage de lignes. Heureusement, les joueurs qui savent déjà le faire (comme Virgil Van Dijk par exemple) et les entraîneurs qui les utiliseront inspireront des jeunes qui grandiront avec l’idée et la volonté de tendre vers cette nouvelle norme.
Prise de galons
En 2020, dans le meilleur des cas, un défenseur central casse déjà une ligne pour atteindre le numéro 8, voire le meneur. Dans le pire, il projette un ballon haut, long et très peu prometteur. Le jeu de position et les préceptes de jeu court fait de passes au sol diffusés durant la dernière décennie ont contribué, pour notre bonheur, à une raréfaction du second. Mais il y a encore mieux à faire.
Bientôt, en phase de possession, le défenseur central devra monter en dribblant – pour les plus talentueux – ou sans la balle à hauteur des milieux de terrain. Ainsi, il satisferait l’une des plus grandes obsessions de son époque : la création de surnombre. En outre, intervenir dans l’axe avec cette sorte de dédoublement rendra cette initiative encore plus efficace. Plus de solutions seront disponibles dans l’axe et les milieux pourront monter plus haut, ce qui favorisera l’apport du ballon dans des zones plus avancées et donc plus dangereuses.
Enfin, pour compenser lesdites frilosités quant à un axe défensif délaissé, il suffit qu’un autre joueur compense cet écart. À tour de rôle, un latéral pourrait permuter et couvrir l’espace laissé vacant.