La MLS ne se clôture que dimanche avec la finale entre les Seattle Sounders et le Toronto FC, mais pour le reste des franchises, la saison est déjà terminée depuis plus ou moins longtemps. Et du côté des Colorado Rapids, on note un départ majeur en la personne de Tim Howard, qui raccroche les crampons. Retour sur l’un des rares Américains ayant réussi en Europe.
Un passionné
Les professionnels ayant côtoyé Tim Howard dans leur carrière semblent unanimes. Le natif de North Brunswick est un passionné de football qui a tenté de vivre de ce sport. Tout simplement. Il en rêvait, il l’a fait, et de quelle manière. En plus de vingt ans dans le métier, ce mordu de football ne fut jamais guéri. « Vous parlez de football à Tim et le mec sait absolument tout. Il a étudié son poste et ce sport », disait à son propos son meilleur ami d’enfance, JD. Martin. Il sera plus tard corroboré par Tony Meola, coéquipier et plus grand gardien américain avant la carrière de l’intéressé :
« C’était clair dès le début que Tim était très athlétique. Mais en plus, c’est un véritable enthousiaste de ce sport. Il voulait toujours apprendre. Il travaillait très très dur. C’était rafraichissant à voir pour un gamin. Il était comme une éponge. Il posait sans cesse des questions. »
Tim Howard débute donc le football en loisir dans sa ville natale, North Brunswick, dans le New Jersey. Comme beaucoup d’enfants, il commence haut sur le terrain, jouant attaquant ou milieu, avant de subir un repositionnement, contre son gré, au poste de gardien de but. Mais cela n’arrête pas Tim qui relève ce sacrifice et se met à aimer ce poste d’adoption. Cela en valait la peine. 815 matchs professionnels plus tard, il est l’un des plus grands sportifs américains de l’histoire. En outre, il doit à ce club, en plus du replacement payant, sa rencontre avec Tim Mulqueen, le coach qui a propulsé sa carrière et avec qui il forgera une amitié allant bien au-delà de la relation entraîneur-joueur.
Débuts prophétiques
Le talent de Tim Howard ne passe pas inaperçu et atteint bien vite la MLS. Il débute aux MetroStars, l’aïeul du Red Bull New York, dès 1998. D’abord numéro deux derrière le fameux Tony Meola, il s’impose dès que ce dernier quitte le club à la fin de cette même année. Pour l’anecdote, il effectue son premier arrêt contre les Colorado Rapids, pour qui il réalisera le dernier arrêt de sa carrière 20 ans plus tard.
Ensuite, trois ans suffiront pour le propulser de titulaire au titre de Goalkeeper of the Year. Howard a alors 22 ans et figure deux fois de suite dans les XI types de MLS 2001 et 2002. De quoi faire parler de lui outre-Atlantique. Et cela ne rate pas, il lève les voiles pour Manchester United et la Premier League en 2003. Il y restera treize ans.
Vers le vieux continent
En premier lieu numéro trois derrière Fabien Barthez et Roy Carroll, Tim Howard parvient néanmoins à s’imposer chez les Red Devils grâce aux mauvaises performances des uns et des autres. Mieux, il est élu dans le XI de la saison de Premier League 2004, cette même saison où il remporte la FA Cup. Mais l’idylle coupe court. En effet, Tim Howard démarre mal la saison suivante et se troue sur son retour en tant que titulaire en guise de seconde chance. Ses problèmes mentaux lui coûtent une baisse de ses performances et de sa vision du jeu. Une qualification en Ligue des Champions ruinée plus tard, le divorce est consommé. Van der Sar recruté, Howard doit faire son baluchon et partir.
Nous sommes en 2006 et Howard trouve son point de chute dans le deuxième club de Liverpool. À Everton, il cherchait une place de titulaire indiscutable, il trouvera un statut de star. Il reste en effet dix ans dans ce club, et il marque même un but au passage. Sur un dégagement en apparence anodin lors d’un match fermé (0-0) contre Bolton, son long ballon à grands rebonds surprend toute la défense adverse et termine sa course au fond des filets. Howard devint ainsi le quatrième gardien de l’histoire de la Premier League à marquer un but, après Peter Schmeichel, une autre légende américaine Brad Friedel, et Paul Robinson.
Bannière étoilée
Mais la plus belle histoire de la carrière de Tim Howard reste celle écrite sous les couleurs de son pays. Il s’impose sûrement comme le plus grand gardien américain de l’histoire. Il est en tout cas le plus capé, avec 121 matchs sous la bannière étoilée. Dans le groupe pour quatre Coupes du monde, titulaire pour deux d’entre elles, on l’élit aussi à deux reprises, en 2008 et 2014, sportif américain masculin de l’année.
Son plus beau fait d’arme footballistique remonte probablement au soir d’un Belgique États-Unis en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2014. Tim Howard sort un match d’anthologie durant lequel il dégoute les Diables Rouges. En effet, il n’établit pas moins que le record d’arrêts dans un match de mondial à élimination directe avec quinze unités ! Si l’élimination ne reflète pas leur mérite, les États-Unis ne s’y trompent pas et honorent Howard et son équipe par chez eux. Le Pentagone communique d’ailleurs :
« Le ministre de la Défense Chuck Hagel a appelé le gardien de but de l’équipe nationale masculine américaine Tim Howard pour le remercier d’avoir défendu les États-Unis d’Amérique lors de la Coupe du Monde. […] Il a dit à Howard qu’avec un peu d’entrainement, il pourrait bien un jour devenir le vrai ministre de la Défense. »
Certes, son palmarès n’est pas long comme le bras. Certes, il était dans les cages lors de la catastrophe contre Trinité et Tobago. Et puis, il termine sa carrière dans l’une des pires équipes de l’actuelle MLS. Cependant, il fut de cette génération qui aura contribué à l’essor du football étatsunien et laisse un héritage considérable derrière lui.
Sans les gants
Par ailleurs, Tim Howard fut diagnostiqué du syndrome de la Tourette à l’âge de 12 ans, et a toujours été transparent à ce propos dès ses débuts à MetroStars. Il est ainsi devenu l’une des personnes les plus notables ayant ce syndrome, et donc un porte-parole important pour l’association américaine aidant ces malades.
Comme Tim Howard l’homme se révèle aussi bon que Tim Howard le gardien, nous serons ravis de le voir continuer d’évoluer autour de la sphère football, puisqu’il va continuer sa carrière de commentateur TV et en débuter une autre de dirigeant en tant que copropriétaire du Memphis 901 FC, en USL, et dont Tim Mulqueen est l’entraineur.