Habitué de la première partie de tableau de Ligue 1, le Stade Rennais des années 2000 prétendait souvent aux places qualificatives pour la défunte Coupe UEFA. Depuis les années 2010, beaucoup d’espoirs ont été fondés sur ce club. Mais les performances et les changements d’entraîneur réguliers n’ont pas aidé les joueurs sur le terrain. Malgré quelques grands noms passés par la Bretagne comme Ousmane Dembélé, Paul-Georges Ntep ou encore Yann M’Vila, les Rouge et Noir ont souvent déçu.
En 2017, le Président René Ruello décide de quitter son poste. Beaucoup de prétendants ont souhaité prendre la direction du club mais c’est finalement Olivier Létang, ancien dirigeant du PSG, qui obtient le poste. Ce jeune homme, ancien pensionnaire de Ligue 2 avec le Stade de Reims fut connu surtout pour son après-carrière. À l’arrivée du Qatar Sports Investments (QSI) au Paris-Saint Germain, il est nommé directeur sportif adjoint aux côtés d’un certain Léonardo. Il quitte finalement son poste en Septembre 2017 pour rallier l’Ille-et-Vilaine dès Novembre.
Ainsi, Comment Olivier Létang a su redorer le blason du Stade Rennais FC ?
Des paris risqués
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Un changement de politique radical
Dès son arrivée, Olivier Létang décide de démettre Christian Gourcuff de ses fonctions. Depuis une dizaine d’années, Rennes collectionnait les vieux briscards de Ligue 1 : Frédéric Antonetti, Roland Courbis, Philippe Montanier… Mais c’est un novice qui va être nommé en la personne de Sabri Lamouchi, ancien joueur de Marseille, fraîchement retraité. Il va alors diriger cette équipe pendant un an, de Novembre 2017 à Décembre 2018.
À la suite de mauvais résultats, il est démis de ses fonctions. Et c’est encore un débutant qui obtient le poste. Celui-ci n’est autre que l’entraîneur de la réserve, Julien Stéphan, toujours en place aujourd’hui. On a donc pu observer une nouvelle tendance, menée par Olivier Létang, de faire confiance aux inexpérimentés, aux jeunes : des paris qui peuvent s’avérer fructueux…
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Une gestion de recrutement osée
À son arrivée, Olivier Létang et Sabri Lamouchi disposent d’un effectif restreint et en manque de qualités individuelles. Mais à l’été 2018, Rennes va effectuer un virage à 180 degrés. Leur stratégie de recrutement est bien ciblée et consiste en des paris de toutes parts. Des joueurs en fin de cycle à des retours de blessures, en passant par des joueurs en fin de contrat… Rennes tente le coup et recrute sur toutes les lignes. Hatem Ben Arfa est le plus connu d’entre eux, même s’il ne faut pas oublier Clément Grenier, M’Baye Niang ou encore Romain Del Castillo.
Lors de l’été 2019, ils décident de continuer cette stratégie et enrôlent Jérémy Morel, en fin de contrat à Lyon ou encore Joris Gnagnon, un ancien de la maison. Ils décident aussi de lever l’option d’achat de M’Baye Niang fixée à 15 millions d’euros.
En définitive, depuis l’arrivée de Létang à la présidence du club, Rennes a chamboulé son top 10 de ses plus grosses recrues puisque 4 recrues ont fait leur apparition depuis 2017, la plus chère étant Niang.
Ce recrutement culotté a porté ses fruits et c’est ce que nous allons voir.
Des résultats marquants
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Résultats nationaux
Dès l’arrivée de Sabri Lamouchi sur le banc du Roazhon Park, la fin d’année 2017/2018 rennaise s’est tout de suite annoncée meilleure. Avec 20 matchs sans défaite en 29 rencontres, le SRFC termine la saison à la cinquème place du classement, juste devant les Girondins de Bordeaux et décroche ainsi son ticket pour les phases de groupes de l’Europa League.
Les résultats sont probants, ce qui permet au club, comme nous l’avions déjà évoqué, d’investir beaucoup durant l’été 2018.
Malgré tout, le début de saison s’avère compliqué pour les hommes de Lamouchi. L’homme de la saison dernière est en difficulté bien que ses résultats soient positifs depuis sa prise de fonction. Il est ainsi remercié en Novembre 2018 à cause d’un retard trop conséquent au classement et d’une accumulation de défaites. Julien Stéphan remplace l’ancien Marseillais. Il hérite donc d’un effectif de grande qualité et d’une possibilité de se qualifier pour les seizièmes de finale de l’Europa League.
Stéphan marque d’emblée les esprits en allant gagner chez les lyonnais de Bruno Genesio au Groupama Stadium (0-2) pour son premier match. Le Stade Rennais pointe alors à la quatorzième place du classement et le club va porter ses efforts sur les coupes. Ainsi, les bretons terminent l’exercice 2018/2019 à la dixième place du classement. Mais cette place en plein ventre mou est anecdotique.
En effet, les Rennais se hissent en finale de la Coupe de France en battant notamment les Lyonnais chez eux encore une fois en demi-finale. Ils affrontent le PSG en finale au Stade de France et après avoir été menés 2-0, ils remportent finalement la finale aux tirs aux buts. Les supporters rennais et la France entière se souviendra de cet « exploit » et du sprint de Tomas Koubek après le coup de sifflet final. Le Stade Rennais remporte ainsi son premier trophée depuis 1971. Objectif national rempli et armoire à trophées dépoussiérée. En outre, cette victoire est synonyme de qualification en Europa League, qui sera déterminante pour l’exercice 2019/2020.
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Des Bretons à la conquête de l’Europe.
Lorsque Julien Stéphan arrive à la tête de l’équipe première, Rennes peut encore se qualifier en phases finales de l’Europa League. Grâce à d’étincelants résultats, un Hatem Ben Arfa flamboyant et un Ismaïla Sarr tonitruant, Rennes réussit à se qualifier en seizièmes de finale.
Ils affrontent le Bétis Séville de Giovani Lo Celso. Ils concèdent le nul 3-3 chez eux. De fait, personne ne croit à un exploit en terre andalouse mais les hommes de Stéphan ainsi que leurs irréductibles supporters vont renverser les Sévillans 1-3 à l’Estadio Benito-Villamarin. La France et la Bretagne exultent.
Au tour suivant, les Rouge et Noir affrontent les Gunners d’Unaï Emery. Le Roazhon Park était plein à craquer. Et les supporters ont su soutenir leur équipe lorsque les vagues bretonnes prenaient d’assaut les cages des grands-Bretons. Les Rennais se donnent le droit de rêver en s’imposant 3 à 1 chez eux. La France se rend compte que les Rennais sont tout proches de réussir quelque chose de grand, d’historique. Malheureusement, l’aventure s’arrêtera à l’Emirates Stadium, où ils perdirent 3-0, sévèrement.
Malgré ce revers, la mission rennaise fut un succès puisque le club a connu un engouement jamais égalé auparavant. Les joueurs, le club, le stade ont fait face à une très grande exposition aux yeux de l’Europe entière.
Le club d’Olivier Létang a passé un cap et le Stade Rennais est aujourd’hui un club important en France, avec une organisation et une ferveur sans pareille.
La fondation d’une synergie : Joueurs – Direction – Supporters.
Si le Roazhon Park affiche une affluence moyenne d’environ 23 000 spectateurs par saison, c’est grâce à la cohésion parfaite entre la direction, les joueurs, le staff et les supporters.
On a senti ce changement depuis l’arrivée de Létang à Rennes. Le SRFC a l’image d’un club soudé, où les supporters sont à chaque fois derrière les joueurs, avec notamment des tifos magnifiques lors des matchs de gala. Toujours à l’affût des bonnes affaires lors des mercatos, Rennes sait aussi faire confiance à son centre de formation. En effet, on voit apparaître des nouvelles têtes de cet effectif. Le désormais célèbre Eduardo Camavinga en fait partie. Son exemple le plus parlant est bien évidemment son match face au PSG lors de la deuxième journée de Ligue 1 2019/2020. Mais il n’est pas le seul. En effet, Adrien Hunou, James Léa Siliki, Jérémy Gelin ou le très prometteur Georginio Rutter sont les figures de proue du Stade Rennais 2.0.
Si le Stade Rennais arrive à rassembler ainsi, c’est surtout grâce à sa façon de jouer. C’est une équipe qui n’a pas peur d’attaquer, qui lutte pendant 90 minutes. C’est cette mentalité qui a marqué l’esprit des supporters et des téléspectateurs. Ils ont battu le PSG plusieurs fois, ont renversé le Bétis chez eux, ont battu Arsenal, Lyon etc… Un jeu comme on en fait peu, sûrement développé par le jeune Julien Stéphan. Une équipe vaillante.
En bref, le Stade Rennais FC est un club discret mais dont il faudra se méfier pendant les quelques temps à venir si leur mécanisme continue à fonctionner comme il le fait depuis 2017.