La Premier League a récemment repris ses droits. Et comme chaque année, la reine des championnats domestiques nous prépare quelques surprises. Entre le Chelsea de Lampard, la première saison complète de Solskjaer et des promus plus affamés que jamais, on peut s’attendre à de rudes batailles à tous les étages. C’est aussi une saison qui s’annonce charnière pour l’Everton Football Club. Une saison pour rentrer dans la cour des grands. 

L’espoir

Moyen et prometteur. Voici deux adjectifs qui siéent à l’exercice passé des Toffees. Une huitième place à douze points de Manchester United assez décevante. Le point positif restera la défense, cinquième forteresse du royaume avec ses deux tours Keane et Zouma et la muraille Pickford. En revanche, l’attaque n’a pas su se montrer tranchante avec sa pointe Calvert-Lewin qui n’a frappé que 6 fois, bien que le leader désigné devant soit Richarlison. Le Brésilien a marqué 13 buts, meilleur total du club à égalité avec Sigurðsson. Au milieu de tout cela, Gueye et André Gomes ont monopolisé les places devant la défense, les cédant parfois à Tom Davies ou Morgan Schneiderlin. On notera enfin la saison très régulière de Lucas Digne, élu meilleur joueur du club notamment pour sa constance. 

Elle reste néanmoins prometteuse, cette équipe d’Everton. Sa fin de saison en atteste. Sur les dix dernières journées, il a accroché Liverpool et Tottenham, corrigé Manchester United quatre buts à rien et terrassé Chelsea et Arsenal. Un parcours impressionnant que peu d’équipes anglaises sont capables de réaliser. Voilà pourquoi les attentes sont immenses autour de ce club qui n’a pas réussi à entrer dans le top six depuis un moment.

La recette a été simple sur ces matchs. Certains buts viennent de contres souvent en transition moyennement rapide, plus en fixation qu’en percée avec des meneurs de jeu comme Sigurðsson ou Bernard capables d’orienter vers les flèches Walcott ou Richarlison tout comme de punir de loin sur des frappes magiques. Quant aux autres, ils ont souvent été marqués sur phase arrêtée : corner ou touche longue ; ou bien sur des récupérations hautes. En tout cas, Everton était armé pour finir en meilleure posture qu’à la huitième place, loin de tout espoir de big six. 

L’homme de la situation ?

Malgré tout, Marco Silva, jeune entraîneur portugais de 42 ans a su redresser la barre pour sa première saison au Goodison Park. Lui qui a déjà vécu des expériences au Sporting, à l’Olympiakos ou à Watford avait posé ses valises sur le bord de la Mersey en Mai 2018. Ses principes de jeu appliqués aux Blues sont assez clairs. Il prône une circulation importante de la balle orientée par ses différents meneurs de jeu, mais surtout une sortie courte de la balle, dans un premier temps vers un défenseur central ou un milieu défensif pour ensuite se projeter, quitte à envoyer un ballon long vers sa pointe qui fixe la défense ou vers un ailier de son cher 4-2-3-1 qui pourra ainsi percuter ou centrer. Son équipe est donc capable d’assumer la possession de balle ou de mystifier l’adversaire avec des contres éclairs. 

Cependant, certains problèmes persistent, les longues phases de possession des Toffees sont souvent stériles. Ainsi, ils ont souvent du mal à marquer face à un bloc très bas comme celui de Crystal Palace lors de la première journée de championnat. Justement, le match s’est soldé par un score nul et vierge avec très peu d’occasions franches pour Everton. De plus, ils n’arrivent toujours pas à s’inscrire dans une continuité. Et cela n’est pas propre à cette saison, puisque leur irrégularité les empêche d’accéder aux hautes sphères du championnat depuis trop longtemps. C’est sans doute le grand chantier de Silva, créer une équipe capable de battre les équipes du top six et de ne pas perdre le week-end suivant chez un relégable. Le technicien portugais a donc un poids sur les épaules qu’il paraît capable d’assumer si son équipe repart sur sa dynamique du printemps dernier. 

Un été contrasté

Le mercato a été agité pour les troupes de Marco Silva. Ils ont vu le départ d’Idrissa Gueye, le récupérateur et membre indispensable du double pivot. Ademola Lookman est aussi allé voir ailleurs. Le jeune ailier plutôt prometteur est parti vers Leipzig. Puis, Phil Jagielka, joueur très expérimenté, a rejoint le promu Sheffield United. Face au départ de Gueye, on a recruté l’ancien Lensois Gbamin en provenance d’Allemagne et fait signer définitivement André Gomes. Des moyens importants ont été utilisés pour renforcer le front de l’attaque avec les recrutement du Gunner Iwobi et du Turinois Moise Kean. Ils ont aussi enregistré les arrivées de Fabian Delph, Djibril Sidibé et Lossl, l’ancien Guingampais. 120 millions d’euro d’investissement qui notent une réelle volonté de se doter de bons joueurs amenant une plus-value à l’effectif. 

Pourtant, Marco Silva n’a pas pu recruter tous les joueurs qu’il voulait intégrer à son projet. L’un des objectifs était le retour de Kurt Zouma après son prêt convaincant de l’an passé. Chelsea, privé de recrutement par le TAS, l’a malheureusement conservé. Everton n’a donc que trois défenseurs centraux, insuffisant selon le coach. D’autant plus  en sachant que Yerry Mina n’a que très peu joué l’an dernier et qu’il va devoir être titulaire. Au milieu, il y a déjà urgence avec la suspension de Schneiderlin, après son expulsion en ouverture du championnat, et les blessures de Delph et Gomes.

L’effectif d’Everton semble léger pour gêner les grosses écuries à cause des différents objectifs ratés de l’inter-saison. L’un d’eux était la signature du virevoltant Zaha de Crystal Palace qui restera à Londres après son transfert avorté. Cette saison ne se présente, encore une fois, pas sous les meilleurs auspices pour les protégés de Silva. 

De l’ambition

Pour Everton, cette année est un tournant qu’il ne faudra pas manquer sous peine de ne jamais revoir l’opportunité se présenter. Certaines équipes du big six pourraient être faibles. Les doubler avant la fin de l’exercice ne paraît pas irréaliste. Chelsea est sans doute la grosse inconnue du sextuor et pourrait ne pas réciter parfaitement sa partition. En effet, la jeunesse de l’effectif de Lampard et son inexpérience personnelle en Premier League sont des motifs d’espoir pour Everton. Le possible déséquilibre attaque/défense d’Arsenal et un Manchester United peu régulier peuvent aussi flancher, même si cela paraît moins probable.

Les Toffees devront de toute manière se concentrer sur leur saison et ne pas lâcher trop de cartouches face à des équipes comme Palace, pour s’approcher des sommets. Les supporters attendent aussi des épopées en coupe et le triomphe des leurs pour pouvoir vibrer et remplir leur vitrine à trophées. Dans cette optique, le projet du nouveau stade sur les docks du nord de Liverpool traduit un regain d’ambition et une volonté de jouer un rôle dans le football anglais de demain. Ce stade, qui aura une capacité supérieure à l’actuel Goodison Park, pourra relancer l’économie du nord de la ville et créer un réel engouement autour de l’équipe. Mais la première pierre symbolique de ce nouveau stade devra être posée par les joueurs au Goodison Park, sur le rectangle vert. 

 

Auteur : @cbenelem