Nous le savons tous, Andy Delort, avec l’Algérie, vient de remporter la Coupe d’Afrique des Nations 2019. Si le joueur vient de remporter son premier trophée international après sa récente naturalisation, il n’est pas le seul dans ce cas. En effet, il est fréquent de voir des joueurs Européens rejoindre une nation africaine et ainsi développer une carrière internationale.
Né au Brésil
Mais l’inverse est aussi possible. Le cas Emanuel Olisadebe en témoigne. Nigérian de naissance, naturalisé Polonais en l’an 2000, il s’imposera même dans le onze polonais pendant quelques exercices. Dans le cas qui nous intéresse, c’est une naturalisation rare qui s’est produite. Rare, car passer d’une nationalité sud-américaine à une nationalité africaine n’est pas courante dans le sport. Zoomons donc sur le brésilien Francileudo dos Santos Silva Lima ou plus simplement Dos Santos.
Dos Santos voit donc le jour le 20 mars 1979 à Zé Doca, ville de l’état de Maranhão, lui-même situé au Nord-Est du Brésil. Le foot, il le débute au Sampaio Corrêa Futebol Clube, club de la ville de São Luís, capitale de l’état de Maranhão. En janvier 1996, à l’âge de 17 ans, il s’envole pour la Belgique, direction le Standard de Liège. En Belgique, il n’y restera que deux saisons avec seulement dix matchs disputés. C’est donc en 1998 qu’il rejoint la Tunisie et le club de l’Etoile Sportive du Sahel, club basé dans la ville de Sousse.
Dos Santos à la découverte de la Tunisie
Pour sa première saison, sous les ordres de Jean Fernandez, l’attaquant brésilien est une des pièces maîtresses du club Soussien. En effet, en 22 matchs de Ligue 1 avec la Nejma, il marque 18 fois. Pour sa deuxième saison dans le championnat Tunisien, il finira vice-champion de Tunisie et terminera la saison avec 14 buts en 28 matchs.
Mais le point d’orgue de sa dernière saison avec l’Etoile sera la victoire en Coupe de la Confédération Africaine de Football, l’équivalent de la Coupe de l’UEFA. Les Tunisiens battront les marocains du Wyad AC, 1-0 à l’aller au stade olympique de Sousse. Puis, ils perdront 2-1 au Stade Mohammed-V. La règle du but à l’extérieur s’appliquant, l’Etoile du Sahel remporte ainsi sa deuxième Coupe de la CAF.
Nous sommes en 2000 et la fédération tunisienne de football tente une première approche envers Dos Santos pour le naturaliser. Le buteur brésilien refuse, espérant encore être appelé en sélection brésilienne, puis, il s’envole pour la Ligue 2 et le club du FC Sochaux Montbéliard. Dans l’antichambre de la Ligue 1, il y retrouve ainsi son premier entraîneur à Sousse, Jean Fernandez.
Joueur important de Sochaux
En Franche-Comté, comme lors de sa première saison tunisienne, il s’impose comme la pièce maîtresse de Jean Fernandez. Il score 21 fois en 31 matchs et guide les siens vers le titre de champion de L2 et la montée en Ligue 1. Ses deux premières saisons en Ligue 1 – 2001-2002 et 2002-2003 – ne sont pas dans les standards de ses trois précédentes saisons. En effet, l’attaquant ne marque 9 fois en 53 matchs de Ligue 1 et se blesse pour une période de six mois.
C’est la saison 2003-2004 qui verra son avènement, puisque, dans un premier temps, il inscrira 3 buts en 3 matchs de Coupe de l’UEFA. Puis Dos Santos s’imposera comme l’un des tout meilleur buteur de Ligue 1, avec notamment une série de 8 buts en 6 matchs. Ses prestations et sa faible chance de faire partie de la Seleção Brasilieira pousse la Fédération Tunisienne à retenter le coup pour le naturaliser.
La réflexion
Le joueur, qui vit son fils naître en terre Tunisienne, reconsidère la question et accepte la proposition de la fédération. Ce choix fera grincer des dents la direction sochalienne. En effet, cette dernière ne voit pas d’un bon œil le départ en plein hiver de son attaquant buteur 10 fois en 16 matchs. Les dirigeants sochaliens ne seront d’ailleurs pas avares de commentaires sur ce sujet.
Mais l’attaquant veut jouer des compétitions internationales et il sait que cela sera difficile de se faire une place au milieu des Ronaldo, Adriano, Kaka ou autre Ronaldinho. D’autant plus que Dos Santos voyait Elber, meilleur buteur de Bundesliga avec le Bayern de Munich, ne pas être appelé. Considérant tout ça et jouant à Sochaux, le joueur tente sa chance avec la Tunisie.
Dos Santos est Tunisien.
Le 14 décembre 2003, la naturalisation est actée et Dos Santos est sélectionnable avec le Tunisie de Roger Lemerre. Il devient après José Clayton, le deuxième joueur brésilien à être naturalisé Tunisien. En effet ce dernier, défenseur gauche, fut naturalisé Tunisien juste avant la CoupedDu Monde 1998. Mais le parcours de naturalisation du défenseur est tout autre que Dos Santos. En effet, contrairement à l’attaquant de Sochaux, Clayton jouait en Tunisie et était marié à une Tunisienne. Il fera d’ailleurs une pige à Bastia après la Coupe du Monde, puis retournera en Tunisie.
Adroit et bon finisseur, Lemerre voit en lui le fer de lance de l’attaque tunisienne lors de la CAN. C’est donc le 17 janvier 2004 que le nouvel attaquant tunisien honore sa première sélection. C’était contre le Benin lors d’un match de préparation. Et comme Delort lors de sa première avec l’Algérie, il ne fallut pas longtemps à Dos Santos pour être décisif. L’attaquant est titulaire d’entrée et il ne lui faut que 9 minutes pour ouvrir le score.
Révélation
L’attaquant n’a donc qu’un match dans les pattes pour aborder cette CAN que la Tunisie a le privilège d’organiser. Et cela n’effraie pas Dos Santos qui sera décisif pour le premier match contre le Rwanda. Bien en jambe, il offre la victoire 2-1 aux Aigles de Carthage avec un but juste avant l’heure de jeu.
Ensuite, lors du deuxième match de poule contre la République Démocratique du Congo, il marque deux fois et offre une passe décisive. En dernier lieu, lors du dernier match de poule, contre la Guinée, il reste muet, mais offre un but à Selim Benachour. À la fin du premier tour, Dos Santos compte 3 buts et 2 passes décisives en 3 matchs.
Avec sept points, la Tunisie finie première du groupe A devant la Guinée et ce qui devait être un avantage tourne plutôt en sa défaveur. En effet, pour le quart de finale, le pays hôte hérite du Sénégal, quart de finaliste de la dernière Coupe du Monde. Il faut dire que le Sénégal compte dans ses rangs des joueurs tel qu’Aliou Cissé, Habib Beye et El-Hadji Diouf.
En route pour le titre
Finalement, Dos Santos et ses coéquipiers élimineront le Sénégal 1-0 et passeront en demi. Et en demi-finale, c’est un autre gros morceau que la Tunisie affronte, Le Nigeria de Jay-Jay Okocha et Kanu. Pour passer cet obstacle, il faudra attendre les tirs au but et l’échec d’Odemwingie face à Boumnijel.
Ainsi, la Tunisie est qualifiée pour la finale et affrontera le voisin Marocain. Dos Santos, qui fut muet lors des trois matchs précèdent ne le reste pas longtemps. Titulaire, le joueur ouvre le score dès la cinquième minute pour mettre la Tunisie sur de bons rails. La Tunisie remportera cette finale 2-1 et remportera sa première Coupe d’Afrique des Nations, effaçant ainsi l’échec face au Ghana en 1965.
Un rendement en berne
Tout juste champion d’Afrique, Dos Santos n’eut pas le même rendement qu’après son départ. En effet, le joueur qui restait sur 14 buts lors de la première partie de saison, n’inscrit que 4 buts sur la phase retour. Mais peu importe, Sochaux finira à une belle cinquième place en ligue 1 et remportera la Coupe de la Ligue.
Il fera une dernière saison avec Sochaux avant de partir à Toulouse, mais cela se passera mal. Il filera donc en prêt à Zurich, reviendra un an à Sochaux en 2008. Libre à la fin de la saison 2008-2009, il reste six mois sans club avant de signer à Istre. L’idylle ne dure là aussi que six mois.
Sans club, il retourne à son premier amour, l’Etoile Sportive du Sahel, club où il restera pendant trois saisons. Pour finir, en 2013 à 34 ans, il s’engage en CFA avec l’ASM Belfort ou il restera 2 saisons. Ensuite, en 2015, il jouera deux ans avec les Suisses du FC Porrentruy. Ce club de deuxième ligue interrégionale est son dernier et il met fin à sa carrière en 2017 à 38 ans.
Et en sélection ?
Après une belle CAN Ponctuée de 4 buts, il disputera la Coupe des Confédérations 2005. La Tunisie perdra ses deux premiers matchs face à l’Argentine et l’Allemagne. Mais elle sauvera l’honneur grâce à une victoire sur l’Australie, Dos Santos inscrira les deux buts victorieux des Aigles.
Dos Santos sera aussi l’un des artisans de la qualification de la Tunisie pour la Coupe du Monde 2006. L’attaquant marquera 6 buts en 7 matchs, dont un quadruplé contre le Malawi. Mais pendant le mondial, il ne jouera que 11 minutes lors du dernier match de poule. En effet, le tunisien s’était blessé en match de préparation contre une sélection locale allemande.
Ensuite, Dos Santos deviendra meilleur buteur de l’histoire de la Tunisie le 27 janvier 2008. La Tunisie affronte l’Afrique du Sud pour le deuxième match de poule de la CAN 2008. Et grâce à un doublé, Dos Santos porte son total à 22 buts. Il efface ainsi les 20 buts d’Adel Sellimi. Ce nouveau record sera lui-même battu le 10 octobre 2010 par Issam Jemâa.
Finalement, et après 41 matchs en équipe nationale de Tunisie, Dos Santos mettra un terme à sa carrière internationale. Sa dernière sélection était le 20 août 2008 pour un match amical contre l’Angola. Il reste encore aujourd’hui le meilleur buteur tunisien toutes CAN confondues. En effet, sur 12 matchs disputés en trois éditions, il aura marqué la bagatelle de 10 buts. Bonne pioche !