Dans le monde du football, il y a les équipes que tout le monde connaît, et il y a celles que les lecteurs de Tour du Monde connaissent. Pour ce nouvel épisode, l’avion se dirige vers le nord-ouest de l’Afrique. Alors attachez vos ceintures, éteignez vos mégots, et partons à la découverte de l’équipe du Sahara occidental de football.
Un pays contesté
Demandez à n’importe quel marocain où se situe le Sahara occidental, et il vous répondre : « nulle part ». Car le Sahara occidental n’a pas d’existence politique unanimement reconnue par la communauté internationale. Cette région, au sud du Maroc, revendique son indépendance. Le 27 février 1976, le Front Polisario est venu proclamer la République arabe sahraouie démocratique. Aujourd’hui, l’ONU a une position très ambigue sur la question. Pour l’organisation internationale, la République arabe sahraouie démocratique n’est pas reconnue, pas plus que la souveraineté du Maroc sur le territoire. Mais l’Union Africaine, héritière de l’Organisation de l’Unité Africaine depuis 1999, a intégré en 1982 dans ses rangs le Sahara occidental.
Sur le plan politique, la République arabe sahraouie démocratique est une république semi-présidentielle à parti unique. Si les institutions sont situées à Tindouf, en Algérie, la capitale temporaire est Bir Lahlou, en attendant que Laâyoune, la capitale proclamée, soit libérée du contrôle marocain.
Depuis les accords de 1991, le Sahara occidental est contrôlé à 20 % par la République arabe sahraouie démocratique et à 80 % par le Maroc. Au niveau monétaire, l’influence marocaine est très présente. En effet, la monnaie en usage est le dirham marocain, bien que le Front Polisario veuille imposer la peseta sahraouie. Inscrite au cours de 166,386 pour un euro – qui était le cours de la peseta espagnole jusqu’à l’introduction de l’euro -, elle n’est que peu utilisée. En outre, les timbres marocains sont les seuls qui permettent effectivement d’acheminer du courrier au Sahara occidental, même si le pays émet en théorie ses propres timbres.
Des débuts remarqués
L’équipe du Sahara occidental de football dispute ses premiers matchs en 1984 contre l’équipe d’Algérie. Des formations italiennes et espagnoles sont également affrontées l’année suivante. En 1988, l’équipe sahraouie dispute même, sur le territoire français, un match amical contre Le Mans. Face au MUC 72, le Sahara occidental s’incline sur le score de 3-2. Mais dans les années qui suivent ce match, silence radio. Le Sahara occidental sort de sa retraite sportive en 1994 dans le cadre d’une tournée de matchs amicaux en Algérie, avant de se rendormir pendant sept ans.
En 2001, le 27 février, vingt-cinq ans exactement après la déclaration d’indépendance proclamée par le Front Polisario, le Sahara occidental revient sur le devant de la scène. Dans un camp de réfugiés sahraouis à Tindouf, sur le sol algérien, l’équipe des vétérans du Pays-Basque affronte le Sahara occidental devant plus de quatre-mille personnes. Mais alors que le match bat son plein et que le score est de 2-2, la rencontre est interrompue. La faute ? Une température qui approche les quarante degrés. Le match anniversaire n’aura duré qu’une heure et dix minutes. Pas grave, cela suffit à relancer la machine fédérale sahraouie. En décembre 2003, la fédération nationale du Sahara occidental de football annonce rejoindre le NF-Board. Loin de la FIFA, la sélection prospère et commence à accumuler les résultats de bonne facture.
Ainsi, en 2007, la sélection parvient à s’imposer brillamment 1-0 contre Macao. Puisque l’on n’arrête pas le progrès, les dromadaires, cinq ans plus tard, participent à leur première Coupe du Monde VIVA, au Kurdistan irakien. Les performances sont relativement douteuses : une défaite 6-0 face au pays-hôte et une 6-2 face à l’Occitanie. Face au Darfour, le Sahara se rattrape et gagne 5-1. Cette victoire est la première du Sahara occidental en compétition internationale officielle. Malheureusement, cela ne suffit pas. L’équipe s’incline contre l’Occitanie à nouveau et finit sixième.
Une tentative de reconnaissance
Mais si cette Coupe du Monde est bonne sur le plan sportive, elle est plus compliquée politiquement. En effet, le Maroc proteste officiellement contre la sélection sahraouie. Pas grave. Un an plus tard seulement, le Sahara occidental est à nouveau en tournée. Une tournée qui se solde par trois défaites. Toutes à Marseille, dans le tournoi international des peuples, cultures et tribus. Mais le Sahara occidental reçoit un soutien imprévu venu d’Espagne en 2014. Le conseil provincial de Lugo offre l’hébergement à la sélection nationale pour participer à trois amicaux contre des équipes locales, dont les vétérans du Celta Vigo. Ces rencontres permettent au Sahara occidental de gagner en visibilité sur le plan footballistique. Cependant, cela ne calme pas les revendications marocaines, toujours aussi virulentes.
En 2015, le Sahara occidentale s’impose 4-0 face à l’équipe d’Esperanto, une autre sélection aux racines nationales contestables. Grâce à cette victoire, le Sahara occidental remporte le premier trophée de son histoire : la Coupe Zamenhof, hommage au créateur de l’esperanto. Et en 2016, le Sahara occidental s’inscrit à la CONIFA. Cela marque une progression dans la hiérarchie des équipes nationales non-officielles. Le Sahara occidental parvient aussi à attirer un très bon joueur : Mohamed Larbi. Réserviste pour la Tunisie lors du mondial 2018, l’ancien de Sochaux et d’Ajaccio a en effet honoré quelques sélections pour le Sahara occidental.
Au cours de l’année 2017, la fédération intensifie les rassemblements de l’équipe. Quelques bonnes prestations s’en suivent, notamment un nul 3-3 avec un doublé de Mohamed Boglaida contre l’équipe du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Mais, en 2018, une tragédie vient attrister le football au Sahara occidental. Le gardien emblématique El-Mahfoud Welad trouve la mort dans l’accident de l’Illiouchine II-76 survenu en Algérie.
Retrouvez les précédents épisodes de Tour du Monde en cliquant sur les liens ci-dessous :
– Équipe Nationale du Lazistan
– Équipe de France de football de deuxième division