L’histoire de la coupe du monde comporte son lot d’histoires insolites. En effet, la compétition reine fut par de maintes occasions marquées par des situations cocasses qui sembleraient complètement invraisemblables dans le football moderne. Dans cet article, nous allons vous parler de l’équipe de football d’Inde qui a déclaré forfait pour la seule phase finale de coupe du monde de son histoire à laquelle elle était qualifiée. Au Brésil, en 1950, les Indiens ont refusé de jouer car ils n’avaient pas l’autorisation de pratiquer leur football pieds nus. Retour donc, sur les « nus-pieds de Rio ».
Une coupe du monde chamboulée
Petit rappel pour commencer sur le contexte de la Coupe du Monde 1950. Portant le nom de son créateur Jules Rimet, cette compétition est la première d’après-guerre et fait son retour après 12 ans de mise en parenthèses. Face à une Europe trop dévastée pour accueillir ce genre d’événement sportif de grande ampleur c’est le Brésil qui sera l’heureux élu et qui obtiendra l’opportunité d’organiser le tournoi où sera d’ailleurs inauguré le magnifique stade Maracana. L’équipe hôte guidée par le meilleur buteur du tournoi Ademir perdra en finale face à l’Uruguay 2 buts à 1 à la surprise générale et plongera les presque 200 000 spectateurs du Maracana ainsi que des millions de brésiliens dans un deuil national. L’Uruguay posera donc sa deuxième et dernière étoile sur son maillot et entrainera le pays de la samba dans un marasme ambiant.
Mais la coupe du monde de l’année 1950 n’est pas seulement célèbre pour la débâcle brésilienne, elle a la particularité d’être la seule qui ne comporte pas de véritable finale. La compétition s’est déroulée en 4 poules distinctes et où chaque leader de ces dernières ce sont rejoint dans une poule finale, le hasard a bien fait les choses puisque la dernière journée opposait l’Uruguay et le Brésil respectivement deuxième et premier du groupe. Dernière journée qui fera donc office de finale.
Ce format de compétition spécial est notamment dû au nombre incroyable de fédérations qui ont décidé de ne pas participer à la compétition : l’Equateur, le Pérou, l’Indonésie, l’Argentine, la Belgique, la Turquie et beaucoup d’autres vont tour à tour déclarer forfait. La France elle aussi sera absente des débats. Elle ratera d’abord sa qualification face à la Yougoslavie mais se verra proposer quand même la participation au tournoi au vu du grand nombre d’absents, elle acceptera dans un premier temps la proposition mais reviendra ensuite sur sa décision. La raison ? La distance considérable qui séparait les stades de leurs deux premières rencontres. Ajoutée à cela des joueurs peu affutés et il faut le dire, une équipe peu compétitive. Parmi ces équipes qui n’ont pas pu participer à la compétition, une va véritablement attirer notre attention, l’Inde.
La tradition avant la compétition
La FIFA va en effet refuser une demande plutôt surprenante de la part de la part de la fédération d’Inde de football, ils désiraient jouer les matchs pieds nus. L’organisation mondiale du football a naturellement refusé ce souhait car le règlement du tournoi stipulait clairement que le port de chaussures sur le gazon était obligatoire. Pourtant, l’Inde a déjà eu l’occasion de pratiquer le football selon ses traditions. En 1948, lors des Jeux Olympiques de Londres, les Tigres Bleus comme sont surnommés les Indiens, ont affronté la France avec une grande partie de leurs joueurs qui jouaient sans crampons.
Pourtant, l’ex-colonie de l’empire britannique va faire une prestation remarquée et remarquable, ils ne perdront que 2 buts à 1 au terme d’une rencontre disputée. Mais le règlement des JO est bien différent de celui de la coupe du monde et l’Inde initialement prévue dans le groupe du tenant du titre Italien ainsi que de la Suède et du Paraguay ne verra pas le moindre rayon de soleil brésilien. Pour la petite histoire, ce n’est pas la première fois que l’Inde est connu pour ce genre d’anecdotes. En 1911, alors sous occupation britannique, la petite équipe indienne du nom de Mohun Bagan va laisser son empreinte dans le football à sa manière.
Composée de joueurs qui jouaient sans chaussures, cette équipe atypique va réussir l’infaisable : battre l’équipe d’un régiment anglais lors du prestigieux tournoi du IFA Shield a Calcutta. Pour la première fois une équipe autre qu’anglaise va remporter ce trophée et insufflera à tout un peuple des prémices d’une volonté d’indépendance. Cependant l’Inde n’est pas le seul pays à être connu pour ses prouesses en ce qui concerne le football sans chaussures. Encore une fois pendant une coupe du monde mais cette fois ci en 1938, le talentueux brésilien Leônidas Da Silva a inscrit un but face à la Pologne du pied gauche en chaussette après avoir perdu son crampon au cours de l’action précédente.
Légende ou réalité ?
Bien que l’histoire des Indiens et du mondial 1950 soit mythique, la réalité pourrait bien être tout autre et moins originale. Personne n’a jamais affirmé que la raison principale du forfait soit l’obligation de portée des chaussures adaptées. Les coûts de déplacement et le manque de préparation de l’équipe sont des raisons qui ont dû également jouer fortement dans la décision de déclarer forfait. Mais une autre raison revient régulièrement : le manque de notoriété du football en Inde.
En effet, à l’époque la Coupe du Monde n’était que très peu connue sur les rives du Gange et la fédération n’avait aucunement conscience de l’impact de cet événement sportif. Aujourd’hui encore, le football peine à se faire un nom au pays et malgré le passage de stars en fin de carrière comme Anelka, Pirès ou encore Del Piero. Le sport au ballon rond n’arrive pas à titiller ne serait-ce qu’un peu le criquet, véritable religion en Inde.