C’est un peu l’un des sujets qui fait les gros titres dans l’actualité. Emmanuel Macron s’est rendu le 2 mai dernier à Amboise célébrer Léonard de Vinci. Mort en 1519, le génie italien a marqué son époque et bien plus. Mais s’il avait vécu au vingt-et-unième siècle, aurait-il été un bon entraîneur de football ?

Des idées révolutionnaires

Léonard de Vinci, c’est avant tout des inventions révolutionnaires. En avance sur son temps, le génie italien avait dessiné des prototypes d’avion, mais aussi d’hélicoptères ou de sous-marins. Le tout entre le quinzième et le seizième siècle. Soit environ une avance de cinq siècles. Malheureusement, le football n’est pas vraiment riche d’une histoire de cinq siècles. Il est donc difficile de transposer exactement l’avance de Léonard de Vinci dans le football. Néanmoins, on ne peut pas douter du fait que le natif d’Anchiano comprenne bien avant tout le monde les mécanismes régissant le football.

Léonard de Vinci pourrait donc être un de ces précurseurs, de ces visionnaires qui comprennent tout avant les autres. Mais comme ses inventions ont mis du temps avant d’être comprises, il ne serait pas un des génies immédiatement compris. Non, il serait plutôt à l’image d’un Marcelo Bielsa, mettant en place des tactiques jamais-vues mais pas toujours appréhendées dans leur ensemble par le grand public. Les tableaux intrigants mais géniaux de Léonard ressemblent en fait un peu aux tactiques du loco argentin. Trop compliquées pour être reproduites sans échecs.

Ce qui différencie l’italien de l’éphémère entraîneur de la Lazio de Rome, c’est la reconnaissance dans le milieu artistique. En effet, on dit souvent de Léonard de Vinci qu’il n’a jamais été égalé si ce n’est par Michel Ange. Et, à défaut de trophées, ce compliment vaut comme une médaille dorée.

Diviser le travail

Un peu à la manière du duo formé par Brian Clough et Peter Taylor avec Nottingham Forest, Léonard se serait sans doute bien avant les autres occupé des aspects complexes du marché des transferts et n’aurait pas hésité à déléguer. Pendant longtemps, tout ce qui avait trait au sportif mais aussi toute la partie extra-sportive était la tâche de l’entraîneur. Forcément, le temps restant libre pour préparer des tactiques n’était pas exactement le même qu’aujourd’hui. Et on note une très nette amélioration globale du niveau tactique des équipes à partir du moment où les encadrements se sont diversifiés, divisés et spécialisés. Diviser pour mieux régner prend tout son sens. En divisant toutes les tâches, les entraîneurs, en tant que maîtres du terrain, ont plus de temps pour faire régner leur équipe.

Leonardo, procrastinateur en chef, n’aurait pas dédaigner diviser son travail et donner les tâches les plus ingrates à quelques uns de ses subalternes. Même, il aurait été un des pionniers dans ce domaine. En demandant à son staff de mettre en place des analystes statistiques extrêmement complexes, il aurait pu s’orienter vers un data-driven football plutôt qu’un sensation-driven game comme ce fut le cas pendant longtemps – et c’est d’ailleurs encore énormément le cas, même au haut et très haut niveau.

Léonard de Vinci aurait donc, sans doute aucun, fait partie de ces pionniers et disrupteurs du football. En voyant les intervalles laissés par les pratiques ancestrales, Léonard de Vinci aurait sans doute inventé de nouvelles manières de penser le jeu et d’offrir le football en spectacle. La Cène se serait transformée en partie de football exceptionnelle et hors du commun. En bref, Léonard de Vinci aurait sans aucun doute su faire du football un sport nouveau. Et il aurait été un entraîneur révolutionnaire.

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« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui ». (Jonathan Swift, 1667-1745)