En 2018, Florian Thauvin est le joueur français ayant le plus marqué dans un championnat européen. On préfère pourtant le réduire au joueur qui n’a joué que cinq minutes en Russie. Cela pose une question : pourquoi les performances de Thauvin laissent-elles si indifférent ?
De belles stats mais de gros doutes
Depuis son retour à l’Olympique de Marseille à l’hiver 2016 après six mois laborieux dans le nord de l’Angleterre, la carrière de Florian Thauvin semble avoir véritablement décollée. Les statistiques sont en tout cas formelles sur la question. En un peu moins de deux ans et demi, il peut fièrement exhiber ses 52 buts et 32 passes en 119 matches toutes compétitions confondues (ce qui le rend donc décisif 0,7 fois par match). L’Orléanais est véritablement un gros bonnet de notre Ligue 1 et s’est fait le symbole de la belle saison marseillaise de l’année dernière. Si 2017-2018 s’est conclue sans trophée pour l’OM, elle a toutefois permis à « Flotov » de se faire une place dans les 23 étant allés décroché le sacre mondial. Mais il semble pourtant qu’il n’y a qu’à Marseille, auprès du fameux « peuple marseillais » qu’il fasse l’unanimité.
En effet, Thauvin est souvent décrit comme un joueur incapable de dépasser le palier auquel il stagne. Fort seulement contre les faibles, faible dans les gros matches, pas le niveau international et encore moins le niveau Ligue des champions… voilà le type de commentaires que l’on peut lire quand on évoque le double champion du monde (en A et en U20 en 2013). Et si on le réduit à un joueur dont la palette technique se limite à sa spéciale « crochet-enroulé du gauche », on ne sera plus très loin de rejoindre l’avis de ceux qui ne croient pas lui. Mais aurait-on raison de se rallier à cette opinion ? Thauvin ne peut-il vraiment plus progresser ? L’histoire ne se rappellera-t-elle de lui que comme d’un bon joueur de L1 incapable de s’imposer à Newcastle ? Certains éléments nous encouragent à voir les choses autrement et à faire le pari inverse.
Au bon endroit, au bon moment ?
Tout d’abord, la chance du Loirétain, c’est l’OM. Et ce pour plusieurs raisons. Florian Thauvin est à l’image de ce qu’est Marseille aujourd’hui. Tous les reproches faits à l’ailier peuvent être faits au club. L’OM non plus n’aurait pas les moyens de ses ambitions européennes ; l’OM également stagnerait. Ils ont donc tous les deux intérêt à croire l’un en l’autre, à parier l’un sur l’autre. L’OM pourrait essayer – dans sa course désespérée au « grantatakan » – de faire évoluer Thauvin dont le jeu certes un poil stéréotypé n’attend que de nouvelles compétences pour s’aiguiser. D’ailleurs le joueur lui-même a laissé entrevoir d’autres qualités. Son jeu de tête et ses capacités face au gardien autant que ses coups de pieds arrêtés ont pu plusieurs fois surprendre les supporters.
Et puis malgré les reproches que l’on peut adresser à Rudi Garcia, celui-ci a réussi à faire progresser certains de ses joueurs à d’autres postes, développant ainsi de nouvelles compétences. On pense bien sûr à Bouba Kamara, éventuellement à Luiz Gustavo mais surtout à Bouna Sarr dont le cas semblait désespéré et qui n’est aujourd’hui plus si loin des Bleus. Il n’y a donc pas de raison que « Flotov » fasse exception. Parallèlement, son expérience et son vécu en bleu doivent l’aider à devenir un leader en club. Et non plus seulement sur le plan technique. Bien qu’arrivant à un âge décisif dans sa carrière, l’ailier français ne devrait donc pas aller se perdre dans un plus grand club. L’OM doit le garder et faire évoluer son joueur en même temps que son projet. En ce sens, se qualifier pour la Champions est absolument capital.
C’est peut-être par ce seul biais que Thauvin pourra déverrouiller le cliquet et aller fracasser ce plafond de verre sous lequel une partie des observateurs l’enferme pour l’instant à juste titre.