Dans le football moderne, de nombreux clubs ont perdu leur identité régionale au profit d’une unité globale, plus bankable et moins revendicatrice. Cependant, quelques clubs subsistent en tant que représentants d’une culture ou d’une communauté. Parmi eux, le Dunajská Streda.

Un contexte culturel particulier

Le Dunajská Streda est représentant de l’identité magyare en Slovaquie. Cette minorité magyare, c’est-à-dire d’origine hongroise, est principalement située au sud du pays, non loin de la frontière avec la Hongrie justement. En effet, à l’issue du traité du Trianon du 4 juin 1920, le démantèlement des empires centraux a été prononcé. Conséquence immédiate, les peuples, auparavant rassemblés dans un État multiculturel ont été démembrés, séparés et écartelés par des frontières plus ou moins artificielles.

Et artificielle, la frontière entre la Hongrie et la Slovaquie l’est tout particulièrement. En 1910, soit seulement dix ans avant le traité en question, près de huit-cent-mille hongrois habitent sur le territoire de la future Slovaquie. Encore aujourd’hui, la question reste épineuse : plus d’un demi-million de personnes d’origine magyare vivent encore dans le sud du pays, un chiffre en relative stagnation depuis la fin des années 1990. Quelques personnalités politiques slovaque sont issues de cette minorité, comme la député européen Edit Bauer ou le politicien József Berényi.

Plus qu’une simple revendication identitaire, le peuple magyar de Slovaquie réclame le respect de ses us et coutumes, ainsi que de sa langue. En effet, les lois langagières de Slovaquie condamnent à une amende de près de cinq-mille euros toute personne « ne respectant pas la langue slovaque ». En 2009, de violentes émeutes avaient éclatée autour de la communauté magyar de Slovaquie, qui voyait ces lois comme négationnistes de leur passé, leur culture et leur identité.

Dunajská Streda, capitale de l’identité magyare

Dunajská Streda est vraiment une des villes phares de la revendication de l’identité magyare. Logiquement, la ville a vu l’émergence de plusieurs communautés sportives se revendiquant de culture hongroise. Le premier et le principal est le DAC Dunajská Streda, fondé en 1904. Souvent cantonné au divisions inférieures du temps de la Tchécoslovaquie, il connaît ses heures de gloire au tournant des années 1980-1990. En effet, le DAC remporte en 1987 la coupe de Tchécoslovaquie avant de terminer troisième la saison suivante. Avec la scission République Tchèque – Slovaquie, le club en profite pour confirmer son statut. Il remporte ainsi la coupe de Slovaquie en 1987 et termine troisième du championnat en 1994.

C’est à cette période que le DAC Dunajská Streda 1904 connaît ses meilleures affluences historiques. Le pensionnaire de la MOL Arena (10 352 places) dépasse en effet ces années-là les 8 000 spectateurs. Emmené par le slovaque Pavol Dina, dix-neuf buts et meilleur buteur en 1994-1995, le DAC assied sa place en première division avant de sombrer peu à peu à la fin des années 1990. Le club fait l’ascenseur entre la première et la deuxième division. Dans le même temps, l’identité magyare s’érode un peu. Les habitants rechignent de plus en plus à se présenter comme d’origine hongroise, et l’affluence passe sous la barre des trois-mille spectateurs.

Et ce jusqu’en 2015 et au regain d’identité magyare. Motivé par les slogans politiques en Hongrie, la population se remobilise autour du DAC Dunajská Streda pour faire valoir ses idées. L’affluence remonte, les résultats aussi. En 2018, le club parvient à accrocher la troisième place du championnat, et renoue avec ses années fastes. Dans le même temps, les rapports des supporters du DAC deviennent de plus en plus tendus avec le Slovan de Bratislava et du Spartak Trnava. Heureusement, les fans du DAC maintiennent des relations très amicales avec… les hongrois du Ferencvaros.

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