Ce weekend, nous avons eu l’immense plaisir de nous rendre au Signal Iduna Park (WestfalenStadion pour les intimes) de Dortmund pour assister au « Klassiker » contre le Bayern Munich. Voir un match dans ce stade est un privilège quand on remarque la difficulté à obtenir des places. Voir le choc contre le Bayern relève de l’exploit, nous l’avons surmonté.
Une atmosphère unique
Aux abords du stade, une atmosphère particulière régnait déjà. En plus du fait que ce soit un choc, deux aspects venaient envenimer encore plus la rencontre. Premièrement, le Borussia n’a obtenu qu’une seule victoire sur les six dernières réceptions du Bayern Munich. Deuxièmement, en cas de victoire, Dortmund prendrait sept points d’avance sur son plus grand rival.
Une chose également peu commune que nous avons relevée est le fait que les supporters vêtus de jaune et de noir et les supporters Munichois se mélangent sans qu’il n’y ait d’affrontements ou d’injures. Afficher ses couleurs même dans le stade rival ne semble pas poser problème en Allemagne. Cela serait plus difficile à imaginer en France pour un OM – PSG ou un OL – ASSE par exemple.
Nous ne tardons pas à entrer dans l’enceinte pour profiter au maximum de l’ambiance. A notre grande surprise, la mythique SudTribüne, le Mur Jaune est déjà plein, à près de deux heures du coup d’envoi. La raison ? Le placement est libre, et pour un choc comme celui-ci, mieux vaut arriver tôt si l’on ne veut pas être totalement excentré.
Dortmund, You’ll never walk alone
Au moment de l’entrée des 22 acteurs sur la pelouse, la tension monte. Dans les tribunes, certains prient les dieux du foot. D’autres, la tête dans leur écharpe, s’imaginent les meilleurs et les pires scénarios. Certains sont seuls, d’autres en famille avec de jeunes enfants pour qui il s’agit probablement du premier Klassiker.
Une émotion toute particulière se ressent lorsque la mythique musique de Gerry & The Pacemakers résonne dans le Westfalenstadion. Cette chanson, tout fan de football en a déjà entendu parler, l’a déjà entendue, et rêve de l’entendre en vrai : You’ll Never Walk Alone. A l’unisson, chantant à pleine voix, écharpe tendue, ce sont plus de 80 000 personnes qui entament ce véritable hymne du football. Puis, le coup de sifflet résonne dans un stade tendu à son extrême. Le coup d’envoi est donné, le stade s’embrase. Le mur jaune, composé de 25 000 personnes, chante à s’en déchirer la voix. Les drapeaux s’agitent, la pression monte au fur et à mesure des offensives bavaroises ou Borussen.
Le déroulement du match
La première période est à sens unique pour le Bayern Munich. 60% de possession, 6 tirs contre un seul pour Dortmund, et une avance d’un but grâce à Robert Lewandowski. L’avance aurait pu être plus large, mais l’arbitre a signalé un hors-jeu sur un nouveau but de l’international polonais. Le Westfalenstadion s’éteint, le parcage extérieur s’enflamme, dans tous les sens du terme.
Toutefois, la seconde période débute de la meilleure des manières pour les locaux puisque Marco Reus égalise sur penalty. Le stade s’enflamme et le match semble relancé. C’était sans compter sur ce même Lewandowski, visiblement en forme dans son ancien jardin, qui inscrit seulement trois minutes plus tard le deuxième but Bavarois, qui permet donc aux visiteurs de reprendre l’avantage.
La fin du match est un compte de fée pour les Borussen. Marco Reus inscrit le but du doublé (67e) avant que Paco Alcácer, entré à l’heure de jeu, donne l’avantage à Dortmund et fasse exploser les fans jaune et noir. A nouveau, ce sont plus de 80 000 personnes qui entament les différents chants, et cela presque jusqu’à la fin de la rencontre.
Une fin de match cardiaque
Passée la 90e minute, la pression atteint son maximum, Dortmund est en train de le faire, prouver que c’est leur année. Alors que le temps additionnel est entamé depuis trois minutes déjà, le stade s’éteint d’un coup. Plus personnes ne chante, plus personne ne sourit, sauf le parcage visiteur qui s’embrase pour la troisième fois du match. Ils l’ont fait, le Bayern a égalisé. Tous les Bavarois se ruent vers leurs fans. Côté Dortmund, des supporters crient ou se tiennent la tête. D’autres, comme au début du match, ont la tête dans leur écharpe, complètement désespérés.
Mais, après une interminablr minute de confusion, l’arbitre vient donner un coup de sifflet qui va réveiller tout un stade, tout un peuple. Le but de Robert Lewandowski (le quatrième du match) était une nouvelle fois hors-jeu. Marwin Hitz, qui disputait son premier match en Bundesliga sous les couleurs et dans les cages Borussen, prend son temps et reçoit un carton jaune. Peu importe, sur le dégagement, les trois coups de sifflets retentissent enfin, faisant chavirer tout un stade dans l’ivresse de la victoire. Ils l’ont fait, le Borussia Dortmund s’est imposé par trois buts à deux au terme d’un match et d’une deuxième mi-temps exceptionnels.
Composée d’une défense peu expérimentée (Zagadou, dix-neuf ans et Hakimi, vingt ans) et de jeunes ailiers (Brunn Larsen et Jadon Sancho) qui ont su prendre le meilleur sur Alaba et Kimmich, cette équipe de Dortmund a impressionné. Le talent de Lucien Favre est incontestable, nul doute que cette équipe a le potentiel pour faire de grandes choses.
Bien plus qu’une victoire
A la fin du match, certains pleuraient de joie, d’autres – comme nous – fêtaient la victoire avec des personnes qu’ils ne connaissent pas, et qu’ils ne reverront jamais. Cela sans parler un mot d’allemand, la preuve que le foot est universel. Plusieurs dizaines de minutes après le coup de sifflet final, certains n’ont toujours pas bougé de leur place. Une personne âgée toute vêtue de jaune et noir s’essuie encore les yeux. Sa (supposée) femme le serre dans ses bras, et m’offre probablement l’un des meilleurs moments de cette soirée.
Ce match fut une expérience exceptionnelle, un moment unique à vivre au moins une fois dans sa vie. Un lifegoal pour certains, un rêve devenu réalité pour nous. C’est des étoiles plein les yeux que les mêmes jeunes enfants croisés au coup d’envoi ressortent du stade, tout comme nous.