Entre chants plus ou moins grossiers dans les tribunes, débordements réguliers entre supporters de différentes équipes et autres clichés, l’image du fan de football est très souvent écornée. Et ce au point de parfois amalgamer les fans de football comme étant « tous des cons ». Il n’en est rien.
« Le rugby est un sport de voyous joué par des gentlemans… »
Et le football, serait, de son côté, un sport de gentlemans joué par des voyous. C’est vrai, le football a des mauvais côtés. C’est vrai, les footballeurs sont critiquables pour leur élocution, leur comportement parfois aussi. Forcément, cette image déteint sur les supporters, qui sont les premiers à être assimilés au comportement du footballeur. Pourquoi ? Tout simplement parce que le fait même de supporter – c’est-à-dire d’aimer au-delà de toute raison – fait rentrer le supporter au sein de l’Institution qu’est son club. Il se sent proche des joueurs. Ces derniers sont comme sa propre famille. Et forcément, avec sa propre famille, on est tout sauf objectif. Combien de parents ne sont pas objectifs avec leurs enfants ?
Mais cela ne fait pas du supporter un imbécile. Un aveugle, tout au plus. L’amoureux de son équipe, comme tout amoureux, n’est pas exactement le visage de l’objectivité. Mais dirait-on d’un amoureux qu’il est un « con » ? Certes, la comparaison peut faire bondir, mais elle n’en demeure pas moins tout à fait juste. Demandez à un amateur de football ce qu’il aime le plus dans sa vie : il vous parlera de sa famille, et juste après de son club. Il n’y a qu’à voir les sommes qu’il engage pour son club, entre produits dérivés, places de match et abonnements télévisuels. C’est un peu sa danseuse, à sa manière.
De grands noms
Si les amateurs de football sont des « cons », alors beaucoup d’auteurs devraient être retirés de nos rayonnages. A commencer par Albert Camus, et sa fameuse citation : « Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois… ». De l’autre côté de la Manche, le meilleur exemple est sans doute celui de l’écrivain Nick Hornby, qui a passé la moitié de sa vie à arpenter les terrains de Premier League et de deuxième division pour récolter des témoignages, et l’autre moitié à écrire cela sous la forme de romans.
Non, la vérité est sans doute ailleurs. Le fan de football en lui-même n’est pas plus bête qu’un autre individu. Pas plus bête qu’un amateur de rugby ou de lutte gréco-romaine. Simplement, le football est le sport le plus populaire et le plus accessible. Logiquement, c’est ce sport qui draine le plus de spectateur. Et il est plus facile de trouver quelques imbéciles et autres fauteurs de troubles dans un sport qui compte plus de deux millions de licenciés comme le football que dans un autre qui ne compte même pas quatre cents amateurs, comme le curling.
En définitive, il y a plusieurs manières de supporter. Mais il n’y a assurément aucune corrélation entre le fait d’apprécier le football et de soutenir une équipe et le fait d’être impliqué dans des actions dégradantes pour la condition humaine, le fait d’être dans un groupe de supporters et de faire partie d’une bande de cons.