C’est officiel, les ligues inférieures du soccer américain fusionnent et changent de noms. Elles abandonnent ainsi leur identité propre au profit d’un schéma en trois temps sonnant très british, centré autour de l’USL. Derrière cela, une tentative de « renouvellement » du soccer américain. Coup de pub ou vraie révolution ? Décryptage.
Changer de nom, changer de valeurs ?
L’USL, qui occupait jusque-là le deuxième palier du soccer américain, a annoncé le 25 septembre l’intégration dans son système de la D3 et de la PDL (respectivement troisième niveau provisoire et quatrième niveau).
Cette nouvelle structure est accompagnée d’un rebranding conséquent. À partir de 2019, ces trois paliers deviennent l’USL Championship, l’USL League One et l’USL League Two.
Ce rebranding s’inspire donc des ligues anglaises, qui opèrent un système similaire. À l’instar de la Premier League et de l’EFL, la MLS et l’USL resteront des entités séparées.
Derrière cet effort d’uniformisation autour d’un même organe principal, l’USL, une tentative de renouveau du soccer américain. Selon Alec Papadakis, le président de l’USL,
L’USL a consacré ces huit dernières années à transformer la ligue pour répondre à l’évolution des besoins des propriétaires de clubs, des joueurs, des entraîneurs, des supporters et des partenaires. Nous avons affermi notre présence dans le paysage du soccer états-unien et traçé un chemin pour le futur du soccer professionnel en introduisant une troisième division venant compléter sa structure. […] La nouvelle marque et ses logos sont des sources d’inspiration qui pointent vers une nouvelle direction.
La ligue annonce donc déjà son ambition. Apporter de la stabilité dans la structure, pérenniser le soccer professionnel, créer des équipes dans des villes qui n’en n’ont pas.
L’USL déclinée en trois temps
La restructure de l’USL incorporera donc trois paliers dans la pyramide. D’abord, la League Two, ligue amateure comprenant en majorité de jeunes joueurs provenant d’universités. Elle ne permettra pas aux équipes d’employer plus de huit joueurs de plus de vingt-trois ans. Elle devrait compter soixante-quatorze équipes réparties en quatre conférences.
La League One constituera le premier palier professionnel dans la pyramide. Elle permettra à des équipes amateures de se professionnaliser dans des villes auparavant sans soccer professionnel. Les villes concernées sont celles comptant entre cent-cinquante-mille et un million d’habitants. Dix équipes devraient, à terme, la composer.
Enfin, la Championship, qui servira de plate-forme au perfectionnement et à l’enjeu sportif. Elle espère à terme concurrencer la MLS grâce à sa diversité d’équipes. Elle devrait ainsi compter une trentaine d’équipes.
Chaque ligue devrait adopter des play-offs ainsi qu’une coupe. Toutes les équipes seront aussi éligibles à la Lamar Hunt U.S. Open Cup.
Un écran de fumée ?
Mise à part un relooking, la réforme ne propose pas de changement majeur. Le fonctionnement de la ligue restera le même. En effet, contrairement à la prochaine ligue canadienne, aucun projet de promotion et relégation, que ce soit avec la MLS ou entre les ligues inférieures n’est officiellement prévu. Le communiqué officiel n’évoque qu’une hypothèse.
La nouvelle structure se prête bien à l’intégration d’une forme de promotion et de relégation dans le futur
Une projection sur le long terme, mais aucun projet concret. Si, pour certains, ce changement annonce tout de même la migration vers un système ouvert, l’histoire indique malheureusement le contraire.
En 1997 et, plus tard, en 2005, un rebranding avait déjà été tenté. D’abord sous l’ancien nom USISL, puis sous les noms USL First Division et USL Second Division. Ces deux réformes annonçaient aussi l’arrivée d’un système ouvert.
Interrogé plus tôt, Ted Westervelt, éditeur de soccerreform.us, ne croit pas à un changement fondamental.
C’est seulement une tentative d’apaiser la Fifa et – si nécessaire – d’installer la promotion et la relégation comme un faux référendum, loin du vrai problème. Ce ne sera jamais un système ouvert sans la participation de la première division, et ça n’intéressera personne. Et donc la MLS et l’USL tenteront de dire par là que le public n’en veut pas.
Malgré l’effort de cohérence de la part de la ligue, les réactions à l’annonce officielle semblent mitigées. Beaucoup ne voient qu’une tentative purement esthétique et non le changement structurel grandement espéré.