C’était le 30 août dernier. Ricardo Kakà ouvre le ballon miniature de la Ligue des Champions, saisit le petit papier et annonce à l’audience le nom du quatrième club rejoignant le groupe F. C’est donc le TSG 1899 Hoffenheim qui complète le groupe de l’OL aux côtés des anglais de Manchester City et des Ukrainiens du Shakhtar Donetsk. Nous vous avions déjà conté l’ascension de ce club d’une petite ville d’à peine plus de 3 000 habitants de la division 8 allemande (Kreisliga A) à la Bundesliga. Mais reprenons cette présentation à partir de la saison 2016-2017, saison ô combien importante dans l’histoire du club et dont l’actualité n’en est que la continuité.
L’homme providentiel
Julien Nagelsmann. On en parlait déjà, mais ce n’était alors que le début. Le jeune coach parvient, en effet, non seulement à accrocher le maintien pour Hoffenheim en 2016 contre toute attente, mais le mercato qui suit est particulièrement réussi et emmène Hoffenheim vers de nouveaux horizons avec des recrues qui se révèleront être de très bonnes pioches. Le club enregistre notamment les arrivées de Kramaric (champion d’Angleterre avec Leicester), Wagner, Demirbay, Hübner et Vogt. Ce dernier, recruté pour être milieu défensif, devient la pièce maîtresse du 3-1-4-2 de Nagelsmann en tant que défenseur central.
Et son rôle devient à lui seul représentatif de la tactique que souhaite mettre en place l’ancien Augsburger. En effet, la vision de jeu de Kevin Vogt lui permet de s’avancer légèrement pour couper les lignes de passes ou presser l’assaillant. Ses deux autres compères de défense s’excentrent un peu plus pour s’occuper des ailes. Du fait de cette position, c’est souvent lui qui reçoit le cuir afin de lancer l’offensive. Logiquement, cela autorise le milieu défensif à se positionner entre les lignes. Ainsi, les deux autres milieux axiaux peuvent se joindre très haut à l’attaque, et les latéraux sont libres de partir à l’assaut des ailes.
Les convictions offensives d’Hoffenheim
Une tactique plutôt offensive, donc, que Nagelsmann conserve dans les gros matchs. Et ce même s’il est difficile d’en dégager un bilan. Pour ce qui concerne 2017-2018, ils ont été surclassés par Liverpool en début de saison. Les prestations de l’équipe contre le Bayern furent intéressantes mais le géant de Munich était quasiment imprenable. Enfin, Dortmund et Schalke ont chacun été battus dans le Bade-Wurtemberg mais Hoffenheim a essuyé deux revers en Rhénanie.
Bien que Julian Nagelsmann ait déclaré que la tactique ne représentait que 30% du coaching quand les 70% restant relèvent du social, force est de constater que, alors que le club ne jouait au mieux que le milieu de tableau avant son arrivée, son 3-1-4-2 mène actuellement Hoffenheim parmi les cadors allemands. Ce notamment grâce à une quatrième place surprise en 2017 et un podium en 2018 grâce auquel Hoffenheim atteint la Ligue des Champions pour la première fois de son histoire.
Une stabilité au mercato…
Nagelsmann aura probablement à cœur de bien figurer dans cette compétition, car il s’agit là de sa dernière saison sur le banc d’Hoffe. En effet, il s’est d’ores et déjà engagé avec le Rasenballsport Leipzig pour la saison prochaine. C’est peut-être pour cette raison que Hoffenheim s’est montré relativement ambitieux en dépensant près de 30M€ durant ce mercato estival pour s’attacher entre autres les services de Kasim Adams, Leonardo Bittencourt, et un certain Ishak Belfodil sans vendre un seul joueur clé.
Néanmoins, les bleus et blancs ont perdu Mark Uth, leur meilleur buteur de la saison passée (14 buts et 8 passes en 31 rencontres), parti libre à Schalke. Autre joueur important, Serge Gnabry (10 buts et 7 passes en 22 rencontres) est retourné en Bavière, son prêt ayant atteint son terme. En outre, Kerem Demirbay, loin d’être épargné par les blessures, récupère d’une rupture des ligaments de la cheville jusqu’au 4 octobre. Mais, comme l’a montré le club dans un passé proche après les départs de Wagner, Süle, Rudy, Volland ou Firmino, nul doute que ces pertes seront dûment compensées alors que Hoffenheim peut déjà compter sur un effectif riche et homogène.
…et sur le terrain
Si la stabilité semble avoir été le maître mot cet été, elle aussi la grande force d’Hoffe sur le terrain. Le milieu et la défense sont difficilement déstabilisés. Baumann, en dernier recours, est un très bon portier dans la tradition allemande. Enfin, Nagelsmann a fait des transitions une spécialité et possède des joueurs très techniques à l’image de Demirbay. Voilà pour les forces de cette équipe. En revanche, elle a parfois du mal à protéger son avantage au score… et envoyer six joueurs devant dans les phases les plus offensives les rend vulnérables en contres. Aussi, on peut s’inquiéter d’un problème de finition assez récurrent chez les attaquants dans certains matchs.
Alors, l’Olympique Lyonnais, le Shakhtar et Manchester City doivent-ils craindre Hoffenheim ? La question ne se pose pas pour City. Et intrinsèquement, les lyonnais restent supérieurs. Mais, avec l’irrégularité du collectif de Bruno Genesio, cette affiche a tout l’air du match piège : un adversaire que l’on néglige un peu plus que les autres en vertu de son statut de chapeau 4, un plan de jeu à trois défenseurs peu rencontré en Ligue 1 et avec lequel Nice avait d’ailleurs été gagner au Parc OL, une tactique faite de remarquables transitions défensives et offensives… Une chose est sûre, c’est tout sauf un accident si les hommes de Nagelsmann sont en Ligue des Champions.