Aujourd’hui perdu entre le Camp des Loges et son studio d’enregistrement, Jesé Rodriguez ne fait absolument plus partie des plans du Paris Saint-Germain. D’une image de nouvelle pépite du football espagnol à l’un des plus grands flops de l’histoire du PSG, retour sur les quatre dernières années d’un espoir déchu.
La Maison Blanche, par la grande porte
« Si le joueur espagnol ressemble à un joueur de l’histoire récente du Real, ça serait Raùl Gonzalez. Personne n’a fait une entrée aussi explosive en équipe première depuis le légendaire n°7 ». En regardant les derniers mois de Jesé, il est normal de se dire que la comparaison avec l’une des plus grandes légendes que le Real ait connue semble ridicule. Cette comparaison, c’est le quotidien madrilène Marca qui en est l’auteur, en juin 2014. A ce moment-là, le joueur est dans une bonne période de sa carrière. Carlo Ancelotti lui donne le rôle de « remplaçant de luxe » derrière les monstres offensifs du club.
Une concurrence, par ailleurs source de sa confiance actuelle quant à sa réussite au PSG. « J’ai grandi à Madrid. Imaginez la concurrence qu’il y avait quand je suis arrivé en équipe première. Benzema, Cristiano, Bale, Di María, Morata, Isco, James … Et J’ai joué » déclarait-il il y a quelques semaines, toujours à Marca.
Comparé à Raùl par sa remarquable arrivée dans le groupe professionnel du Real, Jesé a également souvent été lié à Cristiano Ronaldo par son style de jeu. Lors de sa dernière année à la Castilla notamment, il sortira une saison à 22 buts et 10 passes décisives… de quoi faire monter la hype. Cependant, l’espagnol tourne en rond et son rôle d’éternel espoir au sein de l’effectif le fera quitter le Real Madrid lors de l’été 2016. Cela au profit du Paris Saint-Germain qui déboursera 25 millions d’euros, avec pourquoi pas l’espoir de le faire exploser réellement sous les ordres d’Unai Emery, lui aussi nouveau venu dans le club de la capitale française.
Jey-M, le second amour
En parallèle de son début de carrière plutôt réussi dans le football, Jesé se lance dans la musique. Une passion, le reggaeton, qu’il peut désormais pratiquer sans objectif pécunier particulier, le football étant une source de revenus plus intéressante, et surtout suffisante. Ayant un nom dans le milieu du ballon rond, le natif de Las Palmas possède déjà une cible : qui n’a jamais tapé son nom de scène sur YouTube, histoire de se moquer ou même d’apprécier sa production sonore ? Présent sur toutes les grosses plateformes musicales telles que Spotify ou Deezer, les sons de Jesé réalisent des statistiques dont beaucoup rêveraient. Son œuvre « Yo Sabía » monte par exemple à 32 millions de vues sur le géant du partage de vidéo… bien plus que les compilations skills qui lui sont consacrées.
La chaine de sa maison de disque (« Team Presi Money ») diffuse toujours régulièrement les nouveaux clips du joueur parisien, lui qui semble actuellement plus régulier derrière le micro que devant le but. Car la musique est un fil rouge de sa vie, indépendamment de la chute qu’est en train de subir le footballeur.
Paris et la piste descendante
Revenons au terrain vert. Nous sommes en 2016 donc, et Jesé Rodriguez signe au Paris Saint-Germain. Un été synonyme de changement pour le club, qui voit l’homme à la tête de l’équipe changer : Laurent Blanc (aujourd’hui encore chez Pole Emploi) cède notamment sa place à Unai Emery. Récent triple vainqueur de l’Europa League avec le FC Séville, le coach espagnol passe un palier et prend les rênes d’une grosse cylindrée européenne.
Cette période-là est également celle durant laquelle Zlatan Ibrahimovic, désormais légende du PSG, décide de faire ses valises. Le géant suédois – alors en fin de contrat – laisse le poste d’avant-centre à Edinson Cavani, et donc indirectement une place pour Jesé sur le coté gauche que l’uruguayen occupait depuis son arrivée. Un environnement qui semble positif pour le joueur, qui n’a plus qu’à démontrer son talent balle au pied.
Six mois chrono
Jesé est dans le groupe pour l’ouverture du championnat 2016-2017, Paris se rendant du coté de Bastia. Ouais, on a connu mieux comme débuts. Dans un match compliqué, il remplace Hatem Ben Arfa (qui jouait à l’époque, lui-aussi) et possède une grande part de responsabilité dans le seul et unique but de la rencontre, signé Kurzawa. 25 minutes de jeu, pas assez suffisant néanmoins pour juger le niveau du joueur. Faisons donc un bond de quelques mois en avant, pour un premier bilan de sa carrière parisienne.
Voilà que le calendrier affiche le 31 janvier 2017, dernier jour du mercato hivernal. Jesé n’a joué que 14 matchs dans son nouveau club (dont 2 titularisations) et n’a surtout pas su se montrer réellement décisif, n’inscrivant que deux buts. Raison importante de ce qu’on peut déjà appeler un flop, l’ailier se fait diagnostiquer une appendicite…le lendemain du match à Bastia. De quoi bien gâcher son début de saison, et l’empêcher de réellement s’intégrer dans la rotation d’Emery. Pour régler ce problème, un prêt est décidé par les dirigeants afin que le joueur retrouve temps de jeu et confiance. C’est finalement Las Palmas, club de sa ville de naissance, qui accueille le joueur en vue de la deuxième partie de saison. Histoire de prouver que Jesé n’est pas Rodri-guez.
Deux prêts sans réels intérêts
Dans une situation paraissant plus agréable et plus confortable, il semblait logique que l’ancien madrilène allait retrouver la confiance. Notamment dans une ville qu’il connaît bien, et dans un championnat ou il a déjà fait ses preuves. Une réalité qui se montrera malheureusement différente des espoirs, ce dernier n’impressionnant pas la foule au fil de la quinzaine de rencontres disputées sous ce maillot. Un niveau pas vraiment rassurant et qui confirme clairement les doutes exprimés précédemment concernant sa place au sein du PSG. Malgré tout, pas de vente. Jesé reste sous contrat avec le PSG, qui décide de prêter son joueur, une nouvelle fois. 2017-2018, ça sera donc sous les couleurs de Stoke City pour lui.
Et c’est par un but que cette nouvelle expérience va débuter. Dans un 3-4-3 instauré par Mark Hughes, il prend la place d’ailier gauche aux cotés de Xerdan Shaqiri et… d’Eric-Maxim Choupo-Moting, décalé dans l’axe. Un but donc, qui permettra à sa nouvelle équipe de prendre les 3 points face à un des gros du championnat. Le problème, c’est la suite. Car ce but est le premier certes, mais il s’agit également du dernier. Un prêt qui tourne au fiasco pour lui, d’autant plus que des problèmes personnels surviennent.
En janvier 2018, Jesé se sépare avec sa compagne Aurah Ruiz (rappelez-vous, celle qui avait affolé les réseaux sociaux lors de l’arrivée du joueur au PSG). Une rupture qui précèdera plusieurs mois de conflit entre les deux ex-amoureux. Aurah accuse notamment le père de ne jamais être présent pour leur jeune fils. Dans un post Instagram, elle déclare :
« Voler dans un avion privé et se prendre en photo avec des diamants de plusieurs milliers d’euros pendant que les vêtements de votre fils sont lavés à la main, dans un évier, et étendus sur des chaises d’une chambre d’hôpital… Continue à dépenser pour tes amis, à voyager, à acheter des voitures et de la marque alors que ton garçon a besoin de toi. Je m’occupe de lui sans aucune aide de ta part. Tu n’es pas là, mais tu passes ton temps à nous blesser… Et tu m’as enlevé le seul endroit où je pouvais me reposer (leur maison, N.D.L.R.), et coupé les vivres ».
Finalement, Jesé ne terminera pas la saison avec Stoke City. Nyan, son fils (encore lui), connait des problèmes de santé, ce qui l’obligera à se rendre aux Canaries afin de lui rendre visite. Un prêt s’achevant avec un bilan désastreux pour l’espagnol, aussi bien au niveau sportif (treize matchs disputés, un but) que privé. C’est donc avec un rôle de boulet qu’il revient au Camp des Loges, et ce malgré le nouveau changement d’entraîneur.
Le retour au PSG
Cet été, c’est avec détermination qu’est revenu Jesé, malgré la galère du passé récent. Voici ce qu’il déclarait à Marca, au début de cette toute nouvelle saison :
« À court terme, j’ai parlé avec le club. La vérité, c’est qu’ils veulent faire la pré-saison et nous verrons ensuite ce qu’il se passe. Je suis très excité, je veux vraiment m’entraîner et montrer au nouvel entraîneur de quoi je peux être capable. J’ai toujours aimé ça la concurrence ».
Cependant, le début de saison montre clairement que le joueur n’est absolument pas dans les plans de Thomas Tuchel. Il n’apparaît même pas dans le groupe professionnel du PSG sur le site officiel. Un nouveau prêt est donc envisagé, afin de redonner une valeur au joueur, actuellement invendable.
Nantes, dans les dernières heures du mercato, a fait une offre de prêt, qui semblait convenir à tous les parties. Le problème est encore une fois financier : Jesé touche 300 000€ par mois, un salaire bien trop élevé pour le portefeuille des Canaris qui proposent donc de prendre en charge un tiers de cette somme. Une offre refusée par le PSG (d’après Le Parisien), qui condamne donc son joueur à plusieurs nouveaux mois de galère. Il est vrai que payer la totalité du salaire d’un gars qui ne joue pas semble plus intéressant qu’en payer deux tiers pendant qu’il retrouve du temps de jeu.
Aujourd’hui âgé de 25 ans, Jesé Rodriguez arrivera-t-il à relancer sa carrière un jour ?