Le vendredi 4 mai 2018, c’est dans un Stade des Costières en fusion que Nîmes parvient à s’imposer face au Gazélec Ajaccio, scellant ainsi leur montée en Ligue 1. Une victoire spectaculaire (4-0), à l’image de la saison des crocos. Pourtant, trois ans plus tôt, le club échappait de justesse à une relégation administrative en National 1. Comment le club est-il passé d’une relégation à une accession en Ligue 1 qu’ils attendaient depuis 25 ans ? Retour sur le club du Nîmes Olympique, qui a subi une révolution en l’espace de trois saisons, et cela à tous les niveaux.
Une reconstruction complète suite à l’affaire de matchs truqués
Le 17 mars 2015, la Ligue de Football Professionnel décidait de reléguer Nîmes en National 1 dans le cadre de l’affaire des matches présumés truqués en Ligue 2. En effet, en difficulté lors de la saison 2013/2014, Nîmes aurait truqué quatre de ses matchs. Ceux contre le CA Bastia, Dijon, Créteil et Caen. Cela leur a permit de finir quinzième, à quatre longueurs de Châteauroux, premier relégué. Toutefois, deux mois plus tard, la commission supérieur d’appel de la FFF s’opposait à la décision de la LFP. Le club est maintenu en Ligue 2. Toutefois, le CNOSF impose tout de même une pénalité de huit points pour la saison 2015/2016 des crocos.
Après cette affaire, l’image du club est entachée et le club doit se relever. Premièrement, Rani Assaf, directeur technique de Free devient actionnaire majoritaire du club en 2015. En effet, l’ex actionnaire majoritaire et ex président Jean Marc Conrad à reçu une suspension de toutes fonctions officielles pour une période de sept ans. Le nouveau président est Christian Perdrier.
Le défi
La saison 2015/2016 voit donc Nîmes débuter en Ligue 2, avec huit points de pénalité. Le défi s’annonce dur, et c’est José Pasqualetti qui va tenter de le relever. Le mercato gardois est mouvementé : seize recrues pour treize départs. Parmi ces arrivées, on retrouve plusieurs jeunes issus du centre de formation : Antonin Bobichon, Clément Deprès, Théo Valls, Gaétan Paquiez ou encore Renaud Ripart, qui revient cependant d’une année en prêt du côté du CA Bastia.
Le début de saison est compliqué. En plus des huit points de pénalités, Nîmes se retrouve en fait plus faible au niveau de l’effectif par rapport à la saison précédente. La première victoire de la saison intervient sur le terrain de Metz (1-2) lors de la neuvième journée. Après un bilan de deux victoires, six nuls et six défaites en quatorze journées de championnat, José Pasqualetti démissionne. C’est un certain Bernard Blaquart qui prend les rennes de l’équipe, en intérim. Avec quatre points, le Nîmes Olympique est logiquement lanterne rouge du championnat. A la trêve, le club possède six points de retard sur le Paris FC (19e). La première équipe non relégable, Valenciennes, est quant à elle à dix longueurs. Il fallait un miracle pour voir le club gardois se maintenir.
Ce miracle ne se trouvait finalement peut être pas sur le terrain mais bien sur le banc de touche. En effet, malgré un mercato où trois cadres sont partis, Bernard Blaquart a fait vivre aux supporters crocos une deuxième partie de saison étincelante. En enchaînant quatre victoires consécutives, Nîmes se retrouve hors de la zone de relégation pour la première fois de la saison lors de la vingt-troisième journée de championnat. Les crocos monteront jusqu’à la douzième place du championnat pour finalement finir la saison quatorzième. Avec une deuxième partie de saison composée de dix victoires, quatre nuls et cinq défaites, Bernard Blaquart est logiquement prolongé. Étant désormais hors de danger, l’été 2016 fut un moment de révolution pour le Nîmes Olympique.
Une nouvelle philosophie et de nouvelles ambitions suite au changement de direction
Le 1er juin 2016, Rani Assaf, actionnaire majoritaire du club, devient le directeur général du club. Cela intervient suite au départ de Christophe Perdrier, arrivé pourtant un an plus tôt. La raison de ce départ est extra-sportive. En effet, pour la seconde saison consécutive, Nîmes a obtenu un bilan négatif supérieur à un million d’euros. Cela est du en particulier aux faibles revenus billetterie. Alors que le club avait une affluence moyenne de 5000 spectateurs, Christophe Perdrier avait décidé de baisser le prix des billets aux Costières. Ainsi, lors de la saison 2015/2016, l’affluence moyenne est passée à 6881 personnes. Ce fut la meilleure saison en terme d’affluence moyenne depuis 2009/2010 (8263 en moyenne).
L’une des plus grandes révolutions du club cet été 2016 fut sans aucun doute le développement numérique. Laissé de côté par bon nombre de club, le numérique est pourtant capital pour un club avec de grandes ambitions, et Nîmes l’a compris. Le site Ecofoot.fr avait réalisé à l’époque une interview du nouveau chargé de communication du club. Dans cet entretien, Jordan Issen affirmait que le développement numérique était certainement « le chantier le plus important du Nîmes Olympique ». Il affirme que le club devait conquérir une cible plus jeune afin de faire face à une clientèle vieillissante. C’est une toute nouvelle stratégie que le club aborde. « Ce développement [numérique] passera obligatoirement par une présence massive sur les médias sociaux afin d’assurer une transformation en adéquation avec l’air du temps ». Aujourd’hui, le club est réputé sur Twitter pour ses tweets humoristique. L’actuel chargé de communication évoque où en était Nîmes lorsqu’il est arrivé : « Pour être tout à fait honnête, il y avait tout à refaire. Le club avait pris tellement de retard sur ses concurrents qu’on ne pouvait continuer comme ça ».
Philosophie
En plus de cette révolution numérique, le club à également quelque peu changé sa philosophie concernant le recrutement. En effet, depuis cet été 2016, le club gardois a multiplié la promotion de joueurs issus du centre de formation, ainsi que les transferts libres de joueurs expérimentés. Ainsi, en 2016, c’est Rachid Alioui qui est arrivé libre en provenance de Guingamp. A cela s’ajoute le premier contrat professionnel pour Sofiane Alakouch.
Les crocos ont également pris l’habitude de changer l’effectif le moins possible. C’est probablement l’une des clés de la réussite de Nîmes ces dernières saisons. Ainsi, prenons par exemple le groupe de dix-huit joueurs convoqués pour la rencontre entre Nîmes et Marseille lors de la deuxième journée de Ligue 1 (3-1). Huit des dix-huit membres du groupe lors de cette rencontre étaient présents lors de la saison 2015/2016 : Bobichon, Deprès, Valls, Alakouch, Briançon, Paquiez, Savanier et Ripart. Les cinq derniers cités ont d’ailleurs débutés la rencontre. En guise de comparaison, seul cinq lillois (sur dix-huit) présents sur la feuille de match contre Monaco lors de cette deuxième journée étaient présent au club lors de la saison 2016/2017…
Des efforts récompensés
Lors de la saison 2017/2018, Nîmes affiche clairement sa volonté de montée en Ligue 1. En témoigne le recrutement de Pierrick Valdivia qui connaît bien le championnat français suite à son passage à Lens. Le prêt d’Olivier Boscagli en provenance de Nice amène également une certaine expérience. Malgré son jeune âge, il comptait déjà quelques matchs en Ligue 1. Enfin, le recrutement d’un certain Umut Bozok en provenance de l’Athletico Marseille (anciennement Marseille Consolat) pour 150 000 euros apparaît aujourd’hui comme un recrutement clairement bénéfique.
Lors de cette saison, Blaquart parvient également, de par le beau jeu et les bons résultats, à obtenir un beau soutien aux Costières. L’affluence moyenne de 8592 personnes est la meilleure depuis dix ans. De plus, le club tente de se rapprocher de ses supporters en concevant un nouvel écusson afin de montrer que le club entre dans une nouvelle ère. Cependant, cette partie du projet est un échec, le nouvel emblème ne faisant pas l’unanimité auprès des fans. En 2017, la DTN fait passer le centre de formation du club en catégorie 1. Cette belle gestion du club en général est récompensée par une deuxième place et une promotion direct en Ligue 1.
Nouvelle ère
A l’aube de la saison 2018/2019, les dirigeants décident de propulser à nouveau le club dans une nouvelle ère. A cette occasion, les crocos ont dévoilé un nouvel écusson afin de satisfaire leurs supporters. De plus, Rani Assaf à annoncé le projet d’un nouveau stade. Une enceinte totalement couverte d’une capacité de 15 000 places pour 2025. Le coût est estimé à 180 millions d’euros. Le stade actuel serait rasé. Un restaurant, un hôtel et des logements seraient construit autour du stade en plus d’un parking de trois milles places.
Pour cette remontée en Ligue 1, Nîmes a bien l’intention de se maintenir malgré son statut de favori à la relégation. En effet, le club gardois possède le plus faible budget de Ligue 1 avec vingt millions d’euros. A titre de comparaison, le budget de Guingamp (19e budget) s’élève à trente millions d’euros. Malgré cela, les crocos sont tout de même parvenu à réaliser un mercato intelligent. Le départ d’Umut Bozok semblait inévitable mais le meilleur buteur de Ligue 2 la saison passée est toujours là. En réalité, Nîmes n’a perdu aucun de ses cadres, et cela pourrait bien être la clé du maintien pour Nîmes. Les recrutements en prêt de Paul Bernardoni et Baptiste Guillaume apparaissent comme de bonnes recrues sans débourser le moindre euro. Le seul achat Nîmois fut l’ailier lorientais Denis Bouanga, déjà auteur d’un but, contre l’OM.
Depuis 2015, le Nîmes Olympique est un club qui se développe à tout niveau. Ils semblent même arborer l’image de « club modèle » pour certaines écuries de Ligue 2. En parvenant à garder ses cadres, le club gardois pourrait bien être l’une des surprises de cette saison 2018/2019. Ayant franchi le cap des 10 000 abonnés début août, les crocos pourront compter sur leur supporters pour une saison qui s’annonce passionnante.