Villes de football s’intéresse aux relations entre les différents clubs à l’intérieur des grandes villes du ballon rond. Aujourd’hui, pour ce troisième épisode, nous allons partir à la découverte de Rome, la cérémonieuse.

Ville-histoire

Rome. Un nom comme un rappel de la légende, de ce Romulus tuant son frère Remus et donnant son nom à sa cité. Mais Rome, c’est aussi une histoire vraie, une histoire de l’Antiquité, une histoire du monde. C’est à Rome que grandit ce que les grecs ont fait naître : la mythologie, la philosophie, les mathématiques. Et surtout la gymnastique. Cette gymnastique, qui donne aux corps leur forme et qui s’allie à la musique pour faire grandir les esprits. L’histoire romaine, en tant qu’histoire du monde, a besoin de se comprendre et non de s’expliquer.

Aujourd’hui, dans cette cité qui a vu des parties de calcio se développer, le football a pris place. Certaines capitales sont hostiles au ballon, ce n’est pas le cas de Rome, qui par sa superficie a offert pléthore de petits quartiers où des clubs se sont nichés. Car Rome est la troisième capitale la plus étendue d’Europe, derrière Moscou et Londres. Surtout, la capitale romaine, en plus de ses quatre millions et demi d’habitants, offre la particularité d’abriter un État en ses murs, celui du Vatican. Un Vatican qui lui aussi abrite plusieurs clubs en son sein, en plus de sa sélection nationale.

Avec ses quinze municipalités, ses neuf-cents églises et ses institutions internationales qui y siègent, Rome pourrait faire figure de ville-modèle. Pourtant, elle est en proie à des difficultés financières sans précédent. Les transports publics sont in-fonctionnels, le service de collecte des ordures défaillant, et les divers organes publics sont en déficits. En tout, la ville doit à ses créanciers plus d’un milliard d’euros. Et elle n’a pas de quoi payer le commencement de la somme, malgré ses flots de touristes venus du monde entier.

Passion football

L’opposition footballistique au sein de la ville de Rome se caractérise par l’opposition entre la Lazio et la Roma. Celle-ci voit le jour à la fin des années 1920, quand le football italien n’existe quasiment pas au sud de Milan. Afin de contrer les équipes du nord – comme l’Inter de Milan -, les principaux dirigeants des clubs romains se réunissent afin de créer un club unique à Rome. Cela s’exécute peu à peu sous l’impulsion d’Italo Foschi. L’Alba Audace, le Fortitudo et le Roman se réunissent et créent « l’Associazione Sportiva Rome ». Le club voit définitivement le jour en 1927. Tous les clubs romains n’ont cependant pas répondu à l’appel : un manque, celui du général Giorgio Vaccaro, la Lazio Roma.

En 1929, les deux formations se rencontrent pour la première fois. La Roma s’impose au terme d’un match serré (1-0, but de Volk). Cela sera le genre de scénario jusqu’en 1932 et la première victoire laziale. Les deux clubs évoluent alors chacun dans deux stades séparés.

Mais la rivalité n’est pas que sportive, elle est aussi socio-politique. La Lazio est très souvent reliée à l’extrême-droite. En symbole, les récents mouvements des supporters bleu ciel contre Anne Frank ou bien la personnalité sulfureuse de Paolo di Canio, emblème de l’extrême-droite italienne. Ce dernier n’hésitait pas à saluer ses supporters de saluts nazis… que ces derniers lui rendaient. Cette extrême-droite n’est pas une frange pauvre de la population à l’origine, mais une frange plus riche, située dans le nord de la capitale, vers la tombe de Néron. La Lazio, enfin, est associée aux périphéries de la ville (« Lazio » pour Latium), tandis que la Roma est plus souvent qualifiée de club du centre-ville de Rome.

Stade Olympique

Les deux clubs partagent le Stade Olympique, ce qui exacerbe la rivalité. Le virage nord est propriété de la Lazio, tandis que la curva sud rassemble les supporters romanista. Les derby sont des matchs à part, où les forces de police doivent faire face à de nombreuses bombes artisanales, tandis que les diffuseurs se concentrent plus volontiers sur les magnifiques tifos que déploient les deux virages. Ces tifos ne doivent pas faire oublier la violence dont font preuve les supporters, en témoignent les nombreuses arrestations pour coup et blessures de la part de supporters qui confondent football et sport de combat.

Ce derby n’a cependant pas toujours pris place au Stade Olympique. Du haut de ses 70 000 places, il a été construit à l’occasion des Jeux Olympiques d’été de 1960. Son ouverture, en 1953, a permis à la Roma de quitter le Stadio Nazionale del PNF. La louve évoluait auparavant au Campo Testaccio (1929-1940) et au Motovelodromo (1927-1929). Pendant un an, à l’occasion de travaux de rénovation, la louve et la Lazio ont partagé un autre stade que le Stade Olympique : le Stade Flaminio.

Ce Stade Flaminio a aussi accueilli pendant vingt ans le petit club de l’AS Lodigiani, club « formateur » de Luca Toni et Francesco Totti et qui évolue en Ligue régionale. L’Atletico Roma a également été pensionnaire du Stade Flaminio du temps de son existence, c’est à dire de 2005 à 2011 pour la période professionnelle. Ce stade de vingt-mille places a été bâti sur les ruines du Stade National de 1911, et servait à l’origine de lieu de rencontre pour les meetings du parti national fasciste italien. Aujourd’hui, il n’est plus occupé par des clubs de football professionnel que de manière épisodique.

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Buenos Aires

Montevideo

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