Analyser le présent, dans le domaine du football, et en tirer des conclusions pertinentes est un défi passionnant. Cela demande un savant mélange de sens critique, analytique, expérience, observations, dialogue et partage. Deviner l’avenir relève de toute autre chose. Exit les certitudes, bonjour l’instinct. Il faut savoir distinguer le probable du risqué, doser l’objectif et le subjectif. Alors ouvrons une lucarne sur le futur (si possible grâce à une demi-volée de Pavard), et tentons d’apercevoir les grandes destinées de cette saison 2018-2019.
Ligue des Champions : la Vieille Dame aux grandes oreilles
Enfin la Juventus y est arrivée ! Que de finales perdues pour enfin parvenir au Graal et offrir à Cristiano Ronaldo sa quatrième Ldc de suite, la 6ème de sa carrière, et la dernière, même s’il ne le sait pas. Bravo à lui. Il n’aura pas été étranger à ce succès durement acquis face à son plus grand rival : Messi, et Barcelone, en finale et face au PSG en demi. Il aura mis tout son talent et son expérience pour planter à gogo mais aussi pour mettre enfin sur orbite Paulo Dybala, auteur d’une saison énorme, couronnée d’un but et d’une passe en finale. Un passage de flambeau pour celui qui est annoncé à… Madrid la saison prochaine.
Chapeau bas également à Allegri qui a parfaitement géré un effectif enfin à la mesure des ambitions turinoises. La question pour tous les bianconeri : va-t-il faire une Zidane, et partir au sommet ? Les journaux le verraient bien remplacé par ce même Zidane, qui aurait décidé d’entraîner tous les clubs où il a joué (du calme les bordelais, du calme, ceci est une fiction). Un doublé et une saison pleine pour la Juventus.
Ligue 1 : un Paris sain, qui gère aujourd’hui, et demain ?
Le chef Tuchel aura préparé un bon festin pour cette saison. Un championnat, une coupe de la Ligue et enfin le dernier carré en Ligue des Champions ! Seule ombre au tableau: cette demi-finale de Coupe de France perdue face à des lyonnais morts de faim de vouloir réussir une saison qui s’annonçait pénible (ils la gagneront mais finiront 4ème du championnat). Son 3-4-3 / 5-3-2 ultra-offensif aura porté ses fruits en pliant le championnat au gré de 14 victoires consécutives et un record de buts marqués après 19 journées.
Une pluie de buts pour la Cavaneybappé et deux mentions spéciales: une pour le trio Marquinhos/T. Silva/Kimpembe, socle défensif imperméable à la qualité de relance hors norme; et une à Rabiot, qui, remis de sa non coupe du monde, aura porté le milieu parisien. Le projet parisien progresse, celui de Marseille aussi avec sa 2ème place, solidement acquise devant une jeune mais prometteuse équipe de Monaco qui a chipé la dernière place qualificative à Lyon durant la dernière journée.
Premier League : Guardiola la garde
Quelle saison en Angleterre ! Quel finish et quelle bataille pour la gagne entre les deux Manchester et Liverpool. C’est en ce moment le nord de l’Angleterre qui mène la danse outre-manche. Guardiola garde le championnat, une première depuis le règne de son rival d’United entre 2007 et 2009. Trois champions possibles avant la dernière journée et un dénouement épique qui rappelle celui de 2012. Le sauveur s’appelle cette fois-ci De Bruyne à la dernière journée, au nez et à la barbe de Salah et son Liverpool.
Une belle saison pour le club de la Mersey, également demi-finaliste de LDC mais qui sera à 100% l’année prochaine. Tout comme le Chelsea de Sarri, explosif mais encore trop tendre, notamment en défense. Enfin, les Red Devils, portés par la colonne vertébrale De Gea, Bailly, Pogba, Lukaku ont progressé dans le jeu mais failli dans le sprint final. Une 3ème place vaguement sauvée par la League Cup et un quart de finale en LDC. Un petit mot sur Tottenham, à la fin d’un cycle qui verra Pochettino et Kane hisser les voiles pendant l’été, et sur Arsenal, au début d’un nouveau, finaliste en Ligue Europa, qui doit patienter pour voir la sauce Emery prendre.
Serie A : Le grand huit turinois
On le sentait, on l’attendait et on commence à le voir sérieusement : le retour du Calcio comme championnat de référence en Europe. Les bianconeri, au sommet de l’Europe, auront profité de la bataille pour la deuxième place où chacun des prétendants aura laissé des plumes pour gagner son 8ème scudetto à la suite. Mais voir les deux milans, l’Inter, deuxième, et Milan quatrième, enfin au top et en LDC, ça sent bon les années 2000. Le Naples d’Ancelotti se cale troisième quand la Louve paye les frais de cette hausse de niveau en étant reléguée à la 5ème place.
Loin de la fulgurance du Championnat anglais, le calcio démontre une fois de plus la qualité tactique de ses entraîneurs, la rigueur de sa défense et enfin, le niveau mondial de certains de joueurs. Naples, en reconstruction après l’ère Sarri, se contentera de la Coupe d’Italie et confortera Carlo pour se 2ème saison à la tête de l’équipe. Idem pour le Milan de Leonardo, qui a dit au revoir à Gattuso, et qui devrait encore faire des siennes durant le mercato. On se régale d’avance de voir la saison 2019-2020…
La Liga : Saison 2018-2019, celle où Simeone se met à jouer (un peu)
Se queda. Oui notre Grizou a bien fait de rester pour porter l’Atletico de Simeone au sommet de la Liga. Outre les « 1-0 et tu fermes la maison », sa complicité technique avec Lemar aura apporté ce qui manquait aux Colchoneros ces derniers temps : une diversité offensive et une meilleure conservation de balle. Le Barça en embuscade aura malheureusement perdu sur tous les tableaux : défaits en finale de LdC contre la Juve, la Coupe aux grandes oreilles leur aura pompé leur énergie pour bien finir en championnat.
Messi Ciao ? Pas encore. Car le Barça va constituer une équipe de choc pour l’année prochaine. Un peu comme le Real, en pleine restructuration après une domination presque sans partage sur l’Europe pendant 5 ans. La montée en puissance des jeunes pousses (Asensio, Lucas Vasquez, Vinicius Jr.) n’aura pas été au niveau attendu quand Isco aura été bien seul pour porter l’attaque après la blessure de Bale et face à la méforme persistante de Benzema. Mention bien au Sevilla FC qui chipe la 4ème place à Valence et revient en LdC.
Bundesliga : Bayern : Le 7ème titre consécutif, celui du repos
Et si le retour du Calcio au premier plan avait pour première victime la Bundesliga ? Certes le Bayern est toujours au-dessus et postule systématiquement au dernier carré en LdC. Mais quand ils se font éliminer en 8ème comme c’est le cas lors de cette saison 2018-2019 et qu’aucun club allemand ne se trouve en quart de finale, on est en droit de se poser des questions.
Les munichois sont à la recherche d’un équilibre entre des stars mondiales vieillissantes ou ronchonnantes (Ribery, Robben, Lewandowski) et de forts potentiels qui tardent à devenir des stars (Kimmich, Süle, Sanches). Et s’ils règnent sans partage sur le championnat c’est que derrière aucune grosse écurie ne parvient à se hisser à son niveau. Le Borussia de L. Favre (2ème), n’a pas un effectif à la hauteur de ses ambitions, Leipzig (3ème) est intéressant mais trop tendre, Leverkusen (4ème) et Schalke (5ème) sont des équipes d’Europa League et ne peuvent pas, en l’état, viser plus haut. L’Allemagne garde l’identité de son championnat, mais est en train d’y perdre son prestige sur la scène européenne.