Villes de football va s’intéresser aux relations entre les différents clubs à l’intérieur des grandes villes du ballon rond. Aujourd’hui, pour ce premier épisode, nous allons partir à la découverte de Buenos Aires, la majestueuse.
La capitale
Buenos Aires. « Bons airs », littéralement, en français. Au bord de l’estuaire du Rio de la Plata, une ville au ras de l’eau qui compte plus de trois millions d’habitants dans la ville, et près de quinze millions dans l’agglomération. Avant d’être les héritiers d’une tradition footballistique ancienne, les porteños sont héritiers de l’histoire de la ville. Fondée au commencement du XVIe siècle par Pedro de Mendoza, elle connaît une enfance mouvementée. Entre les attaques d’indiens et l’éloignement de la métropole, les colons sont isolés. Certaines années, aucun bateau espagnol n’arrivait à Buenos Aires, réduisant la population à seulement 500 habitants au début du XVIIe siècle. La ville est délaissée par l’Espagne, qui n’en fait que la capitale d’un gouvernement rattaché à la vice-royauté du Pérou.
Alors Buenos Aires commence peu à peu à se développer par elle-même. En tête de file, les échanges clandestins avec le voisin brésilien fournissant vivre et matériels en échange du cuir obtenu par les massacres d’animaux sauvages vivant aux alentours de la ville. Ceux qu’on appelle alors les Portègnes s’étendent peu à peu autour d’un réseau commercial. Mais il faut faire face aux velléités portugaises, qui à la fin du XVIIe siècle attaquent la ville. Mais Buenos Aires, farouche, parvient à s’imposer et accroît sa légitimité. La future capitale de l’Argentine compte 10 000 habitants au début du siècle suivant. Et c’est logiquement que quand l’Argentine obtient son indépendance, Buenos Aires devient la capitale fédérale de l’état nouvellement créé.
Pléthore de clubs
Mais Buenos Aires n’est pas que riche pour son capital historique, mais aussi pour son capital footballistique. En effet, la ville regorge de clubs de haut niveau. Il y a bien sûr les mythiques Boca Junior et River Plate, fondés respectivement en 1905 et en 1901. Mais il y a aussi le très populaire CA San Lorenzo de Almagro, le club du Pape François. Et parmi les clubs majeurs de la ville, on trouve aussi Argentinos Juniors, dans lequel est passé Diego Maradona ; ou encore le Vélez Sarsfield de la légende Carlos Bianchi. Si vous vous éloignez un tout petit peu de Buenos Aires même, vous tomberez sur le fameux Racing Avellaneda de Lisandro Lopez. Juste au sud, il y a aussi l’Atletico Lanús par lequel est notamment passé Osvaldo Piazza. C’est en bref une zone géographique très riche en clubs.
Mais dans tout ces clubs, une rivalité est vraiment importante. Celle entre Boca et River. Elle commence en 1913, quand sur le terrain du Racing Club, Boca est défait 2-1 par River. Et tout s’accélère en 1931, quand à la 65e minute de ce qui n’est pas encore le superclasico, trois joueurs sont expulsés. Une bagarre générale éclate sur le terrains et dans les tribunes, forçant la police à exclure les supporters du stade à coup de gaz lacrymogènes. Aujourd’hui, la rivalité est aussi forte sur le terrain que pour les achats de place pour les supporters. Difficile en effet de ne pas s’y prendre plusieurs mois à l’avance pour avoir une place ! Après 326 affrontements entre les deux camps, Boca Juniors mène sur le score de 120 à 104, les équipes ayant connu à 102 reprises le match nul.
Les stades
Forcément, à Buenos Aires, beaucoup de clubs signifie beaucoup de stades. Le Monumental, au nord de la ville, accueille depuis 1938 les matchs de River Plate. Avec un record d’affluence à 100 000 spectateurs en 1975, le stade est le plus grand d’Argentine. Et ce malgré une capacité réduite à 61 231 places lors de sa rénovation. C’est aussi ce stade qui a vu l’Argentine remporter la Coupe du Monde 1978 à domicile contre les Pays-Bas.
Les petites bestioles rouges d’Argentinos Juniors évoluent elles dans l’Estadio Diego Armando Maradona, en hommage au meneur de jeu formé là-bas et meilleur buteur de l’histoire du club. Ouvert en 2003, il ne fait « que » 24 800 places, ce qui est imputable notamment aux difficultés financières du club – il a fallu dix ans pour construire le Tifon de Boyaca.
Les Xeneize de Boca Juniors évoluent eux dans un des stades les plus célèbres du monde : la Bombonera, la boîte de chocolats en français. Ouvert en 1940, il peut accueillir 49 000 personnes. Cela en fait le septième stade d’Argentine. Mais s’il est particulièrement célèbre, cet Estadio Alberto J. Armando de son vrai nom, c’est à cause de sa forme rectangulaire, avec des gradins particulièrement élevés.
Pour ceux qui est des joueurs de San Lorenzo, leur stade est le Pedro-Bidegain d’un peu plus de 45 000 places, appelé Nuevo Gasometro dans les rues de Buenos Aires. Ce nom est hérité du stade historique du club, le Viejo Gasometro, d’où le club a été exproprié en 1979 par le gouvernement militaire argentin. Le Viejo pouvait contenir jusqu’à 75 000 personnes. Des supporters de San Lorenzo ont intenté une action en justice contre le magasin Carrefour installé sur le lieu du stade, afin de récupérer le terrain.
Quand au Vélez Sarsfield, il partage son stade avec les Jaguars, une équipe de rugby, bien qu’il en soit le propriétaire. Grand de près de 50 000 places, le Fortin est situé à l’extrême ouest de Buenos Aires. Il fut lui aussi un des stades de la Coupe du Monde 1978.