La rivalité entre Boca Juniors et River Plate est une des plus fortes au monde. Et si un joueur symbolise bien l’âme du club Xeneize, c’est Carlos Navarro Montoya. Retour sur la carrière d’un des plus fabuleux gardiens de l’histoire de Boca Juniors.
Le Colombien
Quand on veut devenir une légende de Boca Juniors, le plus simple est sans doute de naître à quelques centaines de mètres de la Bombonera. Ce n’est pas le chemin qu’a suivi Carlos Navarro Montoya, qui voit le jour en Colombie. Ce 26 février 1966, à Medellin, la capitale de la drogue, le gardien argentin Ricardo Jorge Navarro a un fils. Il est alors joueur de l’Independiente Medellin, après une carrière passée entre Argentinos Juniors et le Defensor en Uruguay. Rien à voir avec Boca, donc. Mais beaucoup à voir avec le football. Son jeune fils, Carlos, le voit s’entraîner presque tous les jours à bondir dans les buts, et comme tout enfant, il veut faire de même.
Alors vers l’âge de huit ans, le jeune garçon s’inscrit en tant que gardien de but dans un petit club amateur. Et il va grandir très rapidement. Nous sommes en 1984, Carlos a dix-huit ans et il joue au Vélez Sarsfield. Le 8 avril, son entraîneur vient le trouver : « Gamin, prépare-toi : dimanche, tu seras titulaire ». Alfio Basile sait ce qu’il fait. Le gamin réalise une clean sheet et une prestation quasiment parfaite. Le Vélez s’impose un but à zéro, sur une réalisation du joueur emblématique du Stade de Reims et du Paris Saint-Germain Carlos Bianchi.
Et l’ascension de Carlos Navarro Montoya ne va pas s’arrêter là. Un an plus tard, en 1985, le portier qui s’est imposé dans les bois de Sarsfield va connaître son premier appel en sélection nationale. Le portier cafetero dispute trois rencontres des qualifications pour le mondial mexicain de 1986. Cela sera les trois seules capes en équipe nationale pour celui qui n’a pas encore révélé tout son talent au monde.
Back to back
Pourtant, Carlos Navarro Montoya va connaître à nouveau la Colombie. En effet, il est prêté une saison à l’Independiente de Santa Fe, dans son pays natal. Évidemment titulaire, il fait l’unanimité au sein du club colombien mais retourne très vite à Vélez au bout d’une saison. Pendant encore une année, il porte fièrement les couleurs du Vélez Sarsfield.
Jusqu’à ce jour de 1987, où il prend une décision qui va changer complètement sa carrière. Carlos Navarro Montoya rejoint l’un des clubs les plus emblématiques du football : Boca Juniors. Un grand saut vers l’inconnu, qui aurait pu s’avérer fatal si Carlos Navarro Montoya ne s’était pas révélé comme un des meilleurs gardien de l’histoire du club Xeneize. Titulaire indiscutable, il gagne le surnom d’el Mono, le singe en espagnol. Un surnom qui prouve ses qualités dans le but. Virevoltant, il court de droite à gauche dans sa surface, il sort au devant des attaquants et protège son but comme personne.
Il passe huit magnifiques saisons avec la tunique bleue et jaune de Boca. Durant cent-quatre-vingt matchs consécutifs, il est titulaire. Quasiment un record dans l’histoire du football argentin. Pendant huit-cent-vingt-quatre minutes, il ne concède pas le moindre but, ce qui est le record absolu pour un gardien du CABJ. Naturalisé argentin, il marque son attachement au pays en demandant son éligibilité pour l’Argentine pour les qualifications pour le mondial 1998… ce que la FIFA refuse. Joueur de l’année 1994, il se construit un palmarès fort de cinq titres, dont un championnat et une super-coupe d’Amérique du Sud. Légende absolue du club, il dispute au total trois-cent-quatre-vingt-seize matchs jusqu’à ses adieux déchirants en 1996. Un jour noir que les supporters de Boca, qui fêtent leur Mono, n’oublieront jamais.
Autre saveur
Et la suite de la carrière de Carlos Navarro Montoya n’a plus la même saveur. Passé en Espagne à Extremadura, il est à nouveau titulaire mais ne peut empêcher la relégation du club. Une mésaventure qu’il connaîtra un an plus tard avec le CP de Mérida, et encore une année après alors qu’il évolue à Tenerife. Le singe se transforme peu à peu en chat noir. Apprécié malgré tout des supporters des clubs dans lesquels il évolue, il a le mal du pays et cherche à revenir dans l’Argentine qu’il aime tant.
A défaut d’y revenir, il s’en rapprochera en 2001, en signant au Chili et au Deportes Concepcion. Un passage éclair suivi d’un retour en Argentine aux Chacarita Juniors pendant deux ans. Il revient dans un des gros clubs argentins à l’été 2004, avec une pige d’une saison et demi à Independiente. Sa fin de carrière, en dent de scie, est ponctuée d’un passage au Gimnasia, puis un exil brésilien à Paranaense. Après une saison au Nueva Chicago, il termine sa carrière entre le Club Olimpo, le Lujan de Cuyo et les uruguayens du Tacuarembo, chez lesquels il prend sa retraite en 2009, âgé de quarante-trois ans.
Aujourd’hui entraîneur dans son ancien club des Chacarita Juniors, Carlos Fernando Navarro Montoya est une légende pour les supporters de Boca Juniors. Ses tenues extravagantes – un singe conduisant un camion sur son maillot – et multicolores, ses arrêts incroyables et sa science sur penalty restent dans les mémoires des Xeneizes. Sa rivalité avec José Luis Chilavert, son successeur au Vélez qui portait un bulldog sur sa poitrine, est également un des moments iconiques de l’histoire du football argentin. Carlos Navarro Montoya, El Mono, plus qu’un joueur, une légende pour les amoureux du football. Pour les amoureux du jeu.