Parmi les lois ayant affecté toutes les parties de notre vie, la plus importante est sans doute la Loi Evin. Votée le 10 janvier 1991, elle est relative au tabagisme et à l’alcoolisme. C’est elle qui interdit par exemple de fumer dans les lieux publics, ou bien de faire la publicité pour le tabac. Mais son volet « alcool » a touché le football, et plus particulièrement la ville de Reims.
Sous-préfecture
Reims, Marne. Sous-préfecture du département et plus grande ville de France à assumer ce statut. Une célébrité qui tient à trois choses pour les plus âgés, à une seule pour les plus jeunes. Bien évidemment, le Champagne a fait le succès de la ville. Inventé par Dom Pérignon non loin de là, à Épernay, il s’est fortement répandu de par le monde et est devenu un produit internationalement prisé. L’autre célébrité de la ville est plus ancienne : il s’agit de la cathédrale, monument chargé d’histoire. Et le plus récent des trois éléments de célébrité de la ville – mais pas forcément le plus connu internationalement -, c’est le football.
En effet, le Stade de Reims est un des clubs iconiques du paysage footballistique français. Dans l’après-guerre, il figure tout en haut de l’affiche, et constitue l’ossature de l’équipe de France. Piantoni, Kopa ou Fontaine viennent garnir les rangs offensifs de l’équipe. Et le club rémois atteint même la finale de la Ligue des Champions naissante contre le Real Madrid. Un monument du football français qui a bien failli disparaître. En 1991, l’iconique Stade de Reims est relégué administrativement et dépose le bilan. Le club disparaît.
Mais quelques mois plus tard, il renaît de ses cendres. Le Stade de Reims Champagne FC naît la même année, tout chargé d’ambitions et d’histoire. Mais cette histoire s’achève très vite, puisque le club fait à nouveau faillite à la fin de la saison. Il faut attendre 1992 pour que le club renaisse sur des bases saines, en sixième division, sous le nom de Stade de Reims Champagne.
Champagne alcool
Et comme logo, le club champenois adopte logiquement un logo assez proche de celui du club historique. Sur des tons de rouge, une bouteille de Champagne avec le chiffre 92 sur l’étiquette – l’année de « refondation ». Mais voilà, la Loi Evin rentre en application. Porter sur son maillot une bouteille de Champagne, c’est faire de la publicité pour l’alcool et donc encourager les jeunes gens à se mettre à boire en grande quantité ! La morale (et la loi) demandent donc au Stade de Reims (re)naissant de supprimer ce logo.
Mais voilà, en sixième division, le club champenois n’a pas vraiment besoin d’un logo de grande qualité. Il n’a même pas besoin de logo, en fait. De 1992 à 1999, le club demeure sans logo officiel. Le club n’a même pas la possibilité de reprendre un de ses anciens logos, puisqu’il n’y en a eu qu’un seul, celui à la bouteille. Comme quoi, l’alcool conserve. Sur les rares documents où ils doivent préciser leur logo, ils inscrivent les lettres « SdR ». Mais arrive le moment de la montée en national. Un appel d’offre pour trouver un logo pour le Stade de Reims est organisé.
C’est le designer Christophe Blottin qui remporte le droit de dessiner le logo. Celui-ci change radicalement d’univers. Tout en conservant les couleurs traditionnelles rouges et blanches du club, il choisit de faire un dessin rond, rouge cerclé de blanc. Au milieu, il inscrit les lettres « S » et « R », avec un « d » stylisé rappelant un des symboles de la ville de Reims, l’Ange au sourire. Aujourd’hui, le Stade de Reims s’apprête à retrouver la Ligue 1, et n’a toujours pas changé de logo.