Un maillot de football. La chose la plus évidente, la plus simple, la plus courante qu’il soit. Dans la rue, sur un stade, accroché à un mur, partout. Des enfants, des adultes, des vieillards. Des kyrielles de couleurs éclatantes. Bleu, rouge, vert, noir, jaune, orange, violet, blanc. Parfois des œuvres d’art, parfois des erreurs graphiques. Mais toujours une symbolique forte.
Premier maillot
Le vêtement le plus important est sans doute le premier maillot. Certains l’ont dès leur naissance, en guise de layette. D’autres en portent pour la première fois au début de leur enfance, en commençant à jouer. Beaucoup ont leur premier maillot au début de l’adolescence. L’acheteur moyen de maillot de football a entre quinze et trente-cinq ans.
Le mien, je l’ai eu alors que j’étais encore à l’école primaire. Il était jaune et venait de Grèce. Un logo de l’AEK Athènes sur le cœur. Personne ne supportait l’AEK dans ma famille. Mais une partie de Football Manager – L’Entraîneur à l’époque – et un voyage en Grèce avaient été déclencheurs de l’achat du maillot. On aurait pu s’attendre à une belle histoire d’amour footballistique. Mais dans la foulée, un maillot du vert du Panathinaïkos et un autre du PAOK Salonique étaient venus semer la zizanie. J’ai perdu ces maillots au cours d’un déménagement. Ils étaient déjà trop petits. Mais ils ont déclenché quelque chose chez moi.
Un quelque chose qui est resté enfoui de nombreuses années. Un maillot « Europe » de l’Olympique lyonnais et un autre « extérieur » m’ont permis de vêtir au football. Et puis un jour, j’ai repensé à ces maillots. J’ai eu envie de les retrouver, de retrouver ce plaisir d’un maillot inconnu. J’ai eu envie de porter des maillots de tous les pays. Et j’ai souhaité connaître à nouveau ce plaisir de la pièce unique, qui attire les regards.
Loin
Cela a commencé en Amérique du Sud. Un maillot de la U de Lima, alors que tout me destinait à en avoir un de l’Allianza. Un autre de Lanus, en Argentine, offert par un visiteur n’ayant pas pris gare à la sonorité du nom en français. Et puis une grande douleur, quand ce maillot du CD O’Higgins au Chili a été perdu par les postiers argentins. Alors je me suis tourné vers l’Angleterre, la Pologne, l’Italie. Au gré des déplacements, des promotions et des boutiques. Mon amour pour Socrates et le football brésilien s’est concrétisé par cette tenue des Corinthians. Pas de Democratia dans le dos, mais une fierté de représenter ce que le football a produit de mieux.
Et puis il y a ces images qui changent la perception du maillot. Un voyage en Afrique du Nord, et des maillots d’il y a dix ans arborés fièrement par des gamins qui jouent mieux que quiconque pieds nus dans la poussière. Ou bien ce collectionneur ayant un maillot de chacune des sélections nationales du monde. Certains maillots quasiment introuvables alors qu’ils sont tout à fait courants. D’autres facilement commandables malgré – grâce ? – à leur originalité.
Et à chaque fois que je croise quelqu’un dans la rue, avec un maillot, je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire. Des discussions se sont nouées au coin d’un bar autour du football. Des amitiés ont débutées grâce à des maillots. Les maillots sont plus que des t-shirts aux couleurs d’un club. Il est beaucoup plus qu’un simple élément de distinction entre deux équipes sur le terrain. Il est partie de nous. Et il représente une partie de notre amour. Il symbolise notre attachement, avec notre cœur qui bat juste en dessous de l’écusson. Passion, sang, amour. Rien n’égale jamais l’amour et la vie que représente un maillot de football.