Le sacre de l’équipe de France en Coupe du Monde a rendu heureux les français. Scènes de liesse dans la rue, embrassades entre amis, voitures klaxonnant et sauts depuis les arbres… La joie ne semble pas avoir de limite, tout le monde est heureux avec le football.
Heureux et fiers
Les français sont, pour la plupart, absolument heureux et fiers de cette victoire. Pourquoi ? Parce que cette équipe leur parle, parce qu’ils sont proches de ces joueurs. Les gens un peu timides se rêvent en Ngolo Kanté, ceux plus expansifs en Benjamin Mendy. Les gauchers se prennent pour Nabil Fekir et les droitiers pour Paul Pogba. Les enfants-prodiges se comparent à Ousmane Dembélé tandis les gens sortis de nulle part pensent à Benjamin Pavard.
Tout le monde a, certes plus ou moins indirectement, un ami qui connaît le frère du cousin d’Antoine Griezmann. En quatre poignées de main, je connais Emmanuel Macron. En cinq, je connais tous les joueurs de l’équipe de France. J’ai joué sur les terrains de Ménival, là où Samuel Umtiti a connu le surnom de fossoyeur. Et Samuel, je l’ai vu débuter en professionnels et faire toutes ses classes. Un de mes professeurs d’histoire a aussi été celui de Griezmann frère à Mâcon. Je connais le président de Saint-Priest époque Nabil Fekir.
Si j’avais su manier un ballon un peu mieux, j’aurais pu être son coéquipier. Cela aurait pu être moi, cela aurait pu être lui. Eh bien cela a été Hugo, Samuel, Raphaël, Nabil, Paul, Corentin, Ousmane… Mais, contrairement à d’autres évènements où la France est représentée, il y a une fierté à savoir que ces gamins qui gagnent le trophée quadriennal sont semblables en tout point à nous. Qu’ils ne sont pas froids et hautains, qu’ils ne sont pas des inconnus projetés ici. Et qu’ils sont nos frères, nos amis, nos enfants.
Faire taire
Mais surtout, pour beaucoup, ce titre de champion du monde permet de faire taire les mauvaises langues. Heureux, oui, mais surtout de pouvoir faire la morale aux Belges. Heureux, oui, mais surtout de pouvoir se pavaner devant le football mondial. Et heureux d’être champion du monde alors que l’Italie n’est pas qualifiée. Car la joie est réelle de pouvoir chambrer les voisins. De pouvoir dire aux espagnols, apôtres du beau jeu, que le football de possession est peu à peu devenu stérile. Que les matchs à mille passes réussies sont aussi peu intéressants que France-Danemark. Mais que l’équipe de France est championne du monde.
Et l’euphorie agit un peu comme un pansement sur les plaies les plus larges. Celles de l’absence de Karim Benzema et de la titularisation d’Olivier Giroud pour certains. Ou bien la titularisation de Matuidi aile gauche pour d’autres. Ou encore le fait que Florian Thauvin n’ait touché qu’un seul ballon pendant le mondial pour les marseillais. Une chose est sûre : il n’y a que quarante-cinq personnes qui peuvent se targuer, en France, d’avoir été « dans le groupe France » quand le pays a gagné la Coupe du Monde. Mais il y a quelques dizaines de millions de français qui se sont sentis plongés là, qui ont hurlés sur la deuxième tête de Zidane ou crié de joie quand Mario Mandzukic a trompé son propre portier.
Certes, iy a bien 18% des gens qui regardaient autre chose à la télévision dimanche à 17h. On ne peut pas leur en vouloir : ils ne savent pas ce qu’ils font. Une finale de Coupe du Monde, tout amateur de football la regarde. Un match de son pays, tout nationaliste le regarde. Et une fête populaire, même ceux qui ne savent pas qu’Alphonse Aréola est international français, ça ne se manque pas. Et la fête populaire surpasse parfois la fête nationale.