L’Afrique est un continent étonnant sur le plan footballistique, tant la diversité des noms des équipes saute aux yeux. C’est donc logiquement que pour ce nouvel épisode de Tour du Monde, nous allons nous diriger vers le continent africain, à la découverte d’un club au nom chatoyant. Et qui n’a pas d’accord de partenariat avec les Chamois Niortais. Attachez vos ceintures, éteignez vos mégots, car voici l’histoire du Buffles du Borgou Football Club.

Syncerus

Le buffle est un animal présent sur deux continents : l’Afrique et l’Asie. Sur le premier des deux, on retrouve le genre Syncerus tandis que le second est occupé par la race bubalus. Le nom même de buffle dérive du terme grec boúbalis signifiant « bœuf sauvage ». Voilà pour l’étymologie. Mais cela n’explique ce qui a poussé un club de football à prendre pour nom Buffles du Borgou Football Club. Le Borgou est une région du Bénin, anciennement Dahomey. Cette région, frontalière du Nigéria, possède pour chef-lieu Parakou. Et c’est dans cette ville qu’en 1976 voit le jour le BBFC. Les créateurs, inspirés par la force légendaire de cet animal fortement ancré dans l’imaginaire africain, décident d’en faire le symbole du club, et carrément de l’inscrire dans le nom de l’équipe. La commune, d’environ 250 000 habitants, ne comptait auparavant pas d’équipe de football de haut niveau.

En même temps, cela n’est pas très étonnant quand on connaît la typologie sportive de l’Afrique, et particulièrement du Bénin. Pays d’Afrique francophone, et membre de la zone Franc CFA, l’ex-Dahomey, du nom du royaume présent sur ces terres de 1600 à 1850, il s’agit d’une des rares démocraties totales d’Afrique. Et en plus, le pays est extrêmement stable. Mais cela n’a cependant pas permis le développement réel et sérieux d’infrastructures médicales et éducatives, et donc encore moins sportives. Indépendant depuis 1960, ce pays de dix millions d’habitants est encore un PMA. Et, bien que le football soit extrêmement populaire, le développement post-colonial n’a pas favorisé le développement de clubs locaux. Et les situations économiques compliquées ne facilitent pas l’institutionnalisation du sport. Ce qui, par ailleurs, est consanguin du problème des présus, ces joueurs dont l’âge officiel est sous-évalué.

Fusion

Lorsque le Buffles du Borgou Football Club voit le jour en 1976, il n’arrive pas par hasard. En effet, bien qu’il s’agisse du premier club professionnel de la ville, il arrive grâce à une fusion. Car les deux principaux clubs de Parakou se sont unis afin de donner naissance à l’institution Buffles. Depuis, deux autres concurrents ont vu le jour à Parakou. Le plus ancien est l’Avrankou Omnisports Football Club, plusieurs saisons en première division. Quelques années plus tard, le Dynamo Unacob Football Club a lui aussi vu le jour. Sensiblement plus petit que ses deux aînés, le pensionnaire du Stade Municipal a depuis connu une relégation en deuxième division, la Bénin Division 2 League. Laissant donc deux clubs majeurs à Parakou.

Il n’aura pas fallu beaucoup d’années avant de voir le Buffles du Borgou FC remporter ses premières lettres de noblesse. En effet, dès 1979, les Buffles atteignent la finale de la Coupe du Bénin, et réussissent à la remporter. Trois ans plus tard, rebelote, un nouveau titre dans la musette. Et entre temps, en 1980, le premier championnat du Bénin a été soulevé par les Buffles de Borgou. En suivra une petite disette d’une dizaine d’année, brisée par un deuxième championnat en 1992. Et puis rien, jusqu’à une nouvelle coupe en 2001, un an après avoir perdu une finale. En 2014, emmenés notamment par l’attaquant Abdoulaye Ouzerou, le club a remporté son troisième championnat.

Plus récemment, le club s’est adjugé un quatrième championnat, en 2017. Et ce championnat de 2017 fait que le club a remporté un doublé : en effet, entre 2014 et 2016, le championnat a été tout bonnement abandonné… Il faut cependant concéder qu’ils s’agissait de la cinquième édition suspendue depuis 2008 que celle de 2016.

Avenir

Le Buffles du Borgou FC ont de belles perspectives d’avenir. D’abord sur le plan international. En effet, les performances internationales ne sont pas au niveau. Déjà en 1983, le BBFC s’était arrêté au premier tour de la coupe des vainqueurs de coupe. En 1993, le club s’était retiré de la CAF Champion’s League. Et en 2015, le tour préliminaire avait été fatal. Au cours de l’édition actuelle, les performances du vainqueur de la super-coupe du Bénin 2014 ne sont pas brillantes. Il faudrait faire beaucoup mieux dans les prochaines saison pour le club entraîné il y a peu par le français Xavier Bernain et désormais par Idrissou Mountari.

Et si Xavier Bernain est français, notons que le plus illustre des entraîneurs de l’histoire des Buffles est togolais. Il s’agit de Mohamed Abdoulaye, qui avait emmené les protégés du président Laurent Bienvenu Gnasounou à de très belles réalisations. Soutenu par une ville très active, notamment via le maire Charles Toko, les Buffles du Borgou ont un staff de qualité. Notamment l’ancien défenseur Taïrou Adam Chabi, entraîneur adjoint, et Ramane Aroura, ancien portier et actuel entraîneur des gardiens.

Le développement se fait aussi par le merchandising. Pour cela, les Buffles du Borgou disposent d’une boutique en ligne, où est vendue un maillot du club des supporters pour seulement 5000 CFA. De plus, l’objectif à long terme est de rénover le stade municipal. Si ses 8000 places sont tout à fait correctes pour le championnat, la vétusté des infrastructures peut représenter un frein dans les années à venir. Espérons que cela ne vienne pas arrêter l’ascension irrésistible des Buffles de Borgou.

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