On vous l’avait promis il y a une semaine. Et c’est désormais chose faite :  un deuxième épisode de « Tour du Monde » sur le fantasque Fandi Ahmad. Trêve de bavardages et de plaisanteries, passons au sujet du jour. Allez, attachez vos ceintures, éteignez vos mégots, car voici la deuxième partie de l’aventure de Fandi Ahmad !

Exceptionnellement, cet épisode de Tour du Monde sera en deux parties. Aujourd’hui, seconde partie avec la carrière en sélection et l’après-carrière de Fandi Ahmad.

 

L’international

C’est en 1979 que Fandi Ahmad connaît sa première cape avec Singapour. Il a alors à peine plus de 17 ans. Auparavant, il était déjà un joueur scruté par les instances nationales de football. Ainsi, en 1976-1977, c’était lui qui portait le brassard de capitaine de l’équipe espoir. Il faut attendre sa deuxième sélection pour le voir marquer, un doublé en amical. Mais la carrière internationale de Fandi décolle réellement lors des qualifications pour les JO, où il marque contre l’Inde et la Corée du Nord. Et en 1982, il parvient à se hisser à la deuxième place des jeux de la SEA… Une performance répétée par trois fois, la troisième en 1989. Ces échecs font partie des plus gros regrets de la carrière internationale de Fandi Ahmad.

Sa carrière internationale a aussi mis en danger sa carrière tout court, lorsqu’en 1991, le défenseur indonésien Herry Setyawan lui met un coup de coude dans le visage. Celui-ci manque de le rendre aveugle. Heureusement, il n’en est rien.

Son cinquante-cinquième et dernier but international, Fandi le marque le 16 octobre 1997. Comme les cinquante-quatre précédents, c’est une équipe asiatique ou du Moyen-Orient qui en fait les frais. La même année, il stoppe définitivement toute activité liée au football international. En effet, après cent-une sélections, il tire sa révérence. Laissant ainsi derrière lui des records de meilleur buteur et de joueur le plus capé de l’histoire de Singapour.

Fandi Ahmad chez Mme Tussaud (via TripAdvisor)
Fandi Ahmad chez Mme Tussaud (via TripAdvisor)

Le héros

Les performances de Fandi Ahmad ne laissent pas le public indifférent. En effet, Fandi Ahmad devient une véritable star à Singapour et plus largement en Malaisie. Ainsi, le musée Tussaud de Singapour conserve une statue de Fandi Ahmad. Pour la modique somme de 27€, vous pourrez admirer le héros du football local. Et vous pourrez également le voir entouré de Cristiano Ronaldo ou de joueurs de basketball. A vous de juger du réalisme.

Mais l’impact de Fandi Ahmad dans la culture locale ne s’arrête pas là. En effet, Fandi est un joueur bien connu des tous les petits écoliers… et pour ses enfants, comme il le confiait, ce n’est pas facile.

Ce n’est pas facile pour mes enfants. Souvent, les gens sont « oh, vous êtes le fils ou la fille de Fandi Ahmad ! » C’est pas facile pour eux de grandi tranquillement. Mais jusqu’à présent, ils se sont bien comportés. Il ont compris pourquoi les gens étaient comme ça. Je leur demande d’être humble, normaux.

C’est quand on parle de football que ça devient « chaud ». Quand les gens savent que mes enfants sont les fils du footballeur, ils vont essayer de les frapper, de les tacler, de les énerver. Mais le football est un bon exercice pour la mentalité. C’est plus un jeu intellectuel que technique ou physique.

Si vous êtes fort, personne ne peut rien vous faire. Il faut jouer au foot selon son niveau. Tant mieux si les gens te frappent : c’est que tu es un bon joueur. Ce n’est pas facile, hein, mais ils y arrivent bien.

Sa célébrité se mesure enfin par le fait qu’il soit devenu le premier sportif millionnaire de Singapour… et également le premier sportif du pays a avoir une biographie, vendue à 17 000 exemplaires en deux mois !

La famille

Fandi Ahmad, par ailleurs musulman pratiquant, est très attentif à sa famille. Ainsi, il s’occupe le matin d’emmener ses enfants à l’école, laissant cependant sa femme Wendy les récupérer le soir. Et quand il n’est pas chez lui, alors il appelle ses enfants, et envoie des textos à sa femme. Plus encore, avant chacun de ses déplacements professionnels, Fandi fait une petite sortie en famille, au cinéma, au restaurant ou dans des centres commerciaux.

C’est cependant sa femme, Wendy Jacob, qui assume une grande part des relations parents-enfants. Ainsi, c’est elle qui s’occupe de tout ce qui concerne la logistique du quotidien. Et malgré le fait que ses cinq enfants soient adolescents, elle impose une discipline de fer. Ainsi, tout le monde est couché chez les Ahmad aux alentours de 20h30 durant la semaine. Tout le monde, sauf parfois les parents. Quand il est en repos, Fandi n’hésite pas à sortir le soir avec sa femme.

Son fils le plus connu s’appelle Irfan. Jeune footballeur, il est souvent considéré comme le successeur de son père. Mais pour ce dernier, ils sont tous deux très différents.

 

Ses qualités et les miennes sont très différentes. C’est dur de nous comparer parce que nous ne venons pas de la même génération. Mais qui sait ? Un jour, peut-être, il sera comme moi ou même meilleur. En fait, j’espère qu’il sera meilleur que moi.

 

Espérons en tout cas qu’Irfan soit aussi exemplaire que Fandi. Fandi est ainsi engagé dans des campagnes anti-drogue, anti-tabac, et d’aides aux plus démunis.

Coach Fandi

La fin de la carrière de joueur de Fandi Ahmad n’a pas sonné le glas de son activité dans le football. C’est en 2000, un an seulement après sa retraite de joueur, que Fandi remet le pied dans l’engrenage. Il prend la tête du Singapour Armed Forces FC, et remporte dès sa première saison le titre. Grâce à cela, il obtient le titre d’entraîneur de l’année. Si 2001 sera plus compliquée, en 2002 le SAFFC s’adjugera le titre avec vingt points d’écart ! Et comme ce n’est pas assez dur, Fandi Ahmad était à l’époque entraîneur adjoint de la sélection de Singapour… En 2003, il s’engage avec les Young Lions, qu’il sauve à trois reprises de la relégation. Après trois saisons avec le club singapourien, il quitte le pays pour l’Indonésie.

En novembre, il signe pour le Pelita Raya, un club basé principalement sur la formation de jeunes joueurs. Alors en deuxième division, le club est promu sous les ordres de Fandi Ahmad. Et la saison suivante, le maintien est obtenu avec brio. Les qualités d’entraîneur de Fandi Ahmad ne passent pas inaperçues, mais c’est en tant que scout que les italiens de Vicenza Calcio le recrutent. En parallèle, il devient entraîneur des malaisiens du Johor Darul Takzim.

Lassé de travailler pour les autres, Fandi fonde en 2011 la Fandi Ahmad Academy. Son centre de formation aide les joueurs à se former, et propose des stages à l’étranger. De plus, il obtient un diplôme d’entraîneur de catégorie I AFC – ils ne sont que sept dans le pays dans ce cas. Vu comme le futur sélectionneur, il fait en 2013 un passage par le Lions XII, remportant la Coupe de Malaisie. Et il retourne aux Young Lions en fin  d’année 2017, suite au licenciement de Richard Tardy. Mais la sélection singapourienne devrait être son prochain employeur !

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