Maciej Rybus est en passe, avec le Lokomotiv Moscou, de devenir le premier joueur polonais de l’histoire à remporter la Premier League Russe. Alors que le mondial russe approche, l’ancien latéral gauche de l’Olympique Lyonnais se livre sur les chances de victoire de la Pologne, mais aussi sur les risques de débordements et sur sa vie privée.
Tout d’abord, Maciej, il faut que je vous félicite pour votre mariage (Maciej Rybus s’est marié il y a quelques semaines, ndt) ! Comment vous-êtes vous connus avec votre femme Lana, qui vient d’Ossétie ?
Maciej Rybus : Merci beaucoup ! Après mon arrivée à Moscou (à l’été 2017, ndt), j’ai vécu à l’hôtel durant un mois, et tous les jours je mangeais dans un restaurant voisin. Lana était manager dans ce restaurant. C’est comme ça que nous nous sommes connus. J’ai tout de suite été attiré par ses grands yeux magnifiques. Mais au début, je ne savais pas qu’elle venait d’Ossétie.
Racontez-nous, comment se passe un mariage traditionnel en Ossétie ?
Maciej Rybus : Au début, Lana portait une robe traditionnelle d’Ossétie. Puis elle s’est changée pour quelque chose de plus « européen ». Nous avons vu pas mal de vêtements locaux de mariage, mais ils ne différent que peu de ce que l’on a en Pologne.
Votre mariage a donc eu lieu en Ossétie ?
Maciej Rybus : Oui, exactement. C’était à Vladikavkaz. Nous avons aussi prévu de faire plus tard une célébration avec ma famille en Pologne, parce que c’était dur de faire venir toute ma famille en Ossétie.
Vous avez joué pour l’Akhmat Grozny (alors Terek Grozny, ndt) en Tchétchénie, et désormais vous jouez à Moscou, marié à une femme originaire d’Ossétie. Vous avez sans doute pas mal de chose à dire à propos du multiculturalisme russe ! Comment caractérisez-vous les russes ?
Maciej Rybus : Malheureusement, je n’ai pas vraiment pu me familiariser à l’Ossétie. On n’y était que pour le mariage, ce n’était pas assez. Par contre, je peux vous en dire plus sur Moscou et la Tchétchénie. Quand je suis arrivé en Russie, j’ai pas mal vécu à Kislovodsk. C’était là où nous nous entraînions et où nous jouions. Plus tard, on a déménagé à Grozny. Je n’avais aucune appréhension à propos de la région. J’avais lu beaucoup de choses à ce sujet, et je n’y ai eu aucun problème. Tout le monde était très sympathique, très amical. J’ai encore de bons amis à Grozny.
Et Moscou ? A quoi cela ressemble-t-il ?
Maciej Rybus : C’est très multiculturel. Je m’y sens bien. A vrai dire, je n’ai aucun problème, malgré tout ce qu’on peut dire à propos des relations russo-polonaises (l’opinion publique polonaise soupçonne souvent le gouvernement russe d’avoir comploté contre la Pologne dans l’accident d’avion qui a mené à la mort du président PiS de l’époque, Lech Kaczyński, en 2010 à Smolensk en Russie, ndt). Non, vraiment, je n’ai rien à redire à la vie moscovite. Le seul problème, c’est la circulation !
Personne ne l’aime, je pense ! Vous parlez bien russe ?
Maciej Rybus : Oui, on parle russe avec Lana, même si elle est en train d’apprendre le polonais.
Vous appréciez le championnat russe ? Est-il meilleur que l’Ekstraklasa ?
Maciej Rybus : Je pense qu’il est meilleur, en effet. Le football russe se développe très vite. Il y a la Coupe du Monde, des meilleures conditions de jeu, des stades modernes construits… J’ai joué à Grozny pendant quatre années, avant de partir à Lyon une saison. Et en revenant, j’ai senti que le niveau avait augmenté.
La Coupe du Monde approche. Vous allez la disputer avec la Pologne. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? Surtout qu’à cause de votre blessure, vous n’avez pas pu jouer l’Euro 2016.
Maciej Rybus : Malheureusement, quand je jouais au Terek, je me suis blessé à l’épaule droite avant le mondial, et j’ai manqué l’Euro. Cette compétition en Russie est importante pour moi. J’ai manqué un grand événement, je ne veux pas en manquer un autre, le plus prestigieux, avec les meilleurs équipes. C’est magnifique. Je ne pense qu’à cela.
Quelles sont les chances de la Pologne ?
Maciej Rybus : Le niveau du groupe est homogène. Il faudra prendre les matchs les uns après les autres. Chaque équipe peut passer les poules. Notre premier match, contre le Sénégal, est à Moscou, et il faudra prendre les points, c’est un match clé. Le second sera celui où tout se jouera. Et nous verrons ensuite… C’est le genre de compétition où tout est possible !
Et de la Russie ?
Maciej Rybus : Leurs derniers matchs sont assez mauvais : l’équipe a perdue, certes contre des grosses nations – Brésil, France et Argentine. Mais l’image de l’équipe russe est… décevante. Cela dit, il y a des équipes relativement abordables dans leur groupe, et avec le public, ils pourront y arriver. Cela dépendra de leurs adversaires. Seuls les plus forts l’emportent.
Pour vous, Maciej, qui va l’emporter ?
Maciej Rybus : Je pense que ce sera le Brésil.
Il y a eu beaucoup de discussions à propos des supporters et des pseudos supporters. Avez-vous des petites astuces face au hooligans ?
Maciej Rybus : Je pense qu’il y n’y a pas de juste milieu. Tout sera fait au mieux, et c’est facile je pense dans les stades. Après, c’est dur de maintenir l’ordre dans les rues et les bars comme on l’a vu en France durant l’Euro. J’espère que cela ne sera pas le scénario catastrophe, parce que beaucoup de supporters étrangers vont venir, le temps sera beau, et il y aura assurément beaucoup d’alcool en ville. J’espère que la police et les agents de sécurité sauront maintenir l’ordre, et qu’il n’y aura ni scandale, ni démolitions.