La saison passée, Tour du Monde était parti à la découverte de la trajectoire de Vincent Péricard. Ce dernier avait eu un parcours plus qu’atypique. Nous avons, pour cette nouvelle saison, trouvé son successeur. Alors attachez vos ceintures, éteignez vos mégots, car voici l’aventure de Yannick Kamanan.

 

Un gamin prometteur

 

Yannick Étienne Stanislas Kamanan voit le jour le 5 octobre 1981 à Saint-Pol-sur-Mer. Cette petite bourgade des Hauts-de-France est située non loin de Dunkerque. C’est sous cette météo idyllique – 1 900h d’ensoleillement par an, soit à peu près autant que Brest – que Yannick Kamanan commence à toucher le ballon. Sous les 17°C qu’offrent les mois de juillet et d’août, le sport est quelque chose de facile à pratiquer.

 

Et c’est donc vers le football que ce jeune homme d’origine jamaïcaine se dirige. Il est très vite repéré par les clubs de la région, mais attend ses 17 ans pour s’engager dans un centre de formation, celui du Mans UC 72. Et il ne fait pas long feu au Mans. Comme c’était la mode à l’époque, une écurie anglaise vient aux renseignements. Et c’est en août 1999 que Yannick Kamanan signe au Tottenham Hotspur. Jeune attaquant, il impressionne les entraîneurs du club anglais.

 

Et malgré son jeune âge, il s’entraîne avec l’équipe B des spurs très rapidement, bien qu’il dispute les rencontres de U19. Yannick surnage au niveau U19, finissant à deux reprises en deux ans meilleur buteur, avec entre vingt et trente réalisations à chaque fois. Après deux ans de performances impressionnantes en jeune, Glenn Hoddle lui fait confiance en équipe première. Et en 2001, il apparaît même sur le banc en Premier League. Ses performances au-dessus du lot le font repérer par les sélectionneurs des équipes de jeune françaises. Jacques Crévoisier le convoque donc pour l’Euro U19, dans une sélection qui compte notamment Nicolas Penneteau, Philippe Mexès ou Djbril Cissé en attaque. Cet Euro U19 ne sera pas une franche réussite, ni individuellement, ni collectivement. Mais quand même, des clubs anglais et français arrivent aux nouvelles.

 

S’affirmer…

 

C’est finalement le promu strasbourgeois qui en 2002 remporte la partie de poker menteur. Il paraphe un contrat de trois ans avec le club de la Meinau, dans un objectif d’affirmation dans une équipe ambitieuse. Mais l’affirmation sera compliquée. Car il ne dispute que trois rencontres lors de sa première saison. Une fois titulaire contre Bordeaux, deux fois entrant en jeu face à l’OGCN et au Havre AC, il n’arrive pas à s’affirmer sous le maillot alsacien. Surtout, il ne parvient pas à être décisif quand il joue. Le départ paraît donc inéluctable.

 

C’est sous forme de prêt qu’il part donc à l’été 2003 au Dijon FCO. En National, il n’impressionne pas réellement, mais joue. Et marque ses trois premiers buts en pro, en ayant disputé 21 rencontres. Surtout, il atteint les quarts de finales de la Coupe de France et est promu en Ligue 2, tout en faisant la rencontre de Rudi Garcia. Le prêt paraissant une option gagnante, c’est vers le Gazélec d’Ajaccio que Yannick Kamanan se redirige l’été suivant. Mais cela sera pour lui assez compliqué. Certes, il joue beaucoup, mais ne marque que sept petits buts. Et surtout, le RCSA ne lui fait pas parvenir d’offre de contrat.

 

Nous sommes alors en 2005. Yannick s’exile à nouveau, mais cette fois-ci en Belgique. Sous les couleurs du KV Ostende, il revit. Placé ailier gauche, il marque dix fois dont six en championnat et délivre autant de passes décisives. Comme quoi, jouer proche de sa région natale peut aider. Cependant, ces statistiques ne convainquent pas le staff du KV Ostende, qui ne décident pas de lui proposer de prolongation de contrat. Tout le moins, pas à des conditions salariales suffisantes.

 

Refaire ses bagages

 

Alors Yannick Kamanan refait ses bagages et part à la découverte d’un nouveau championnat. C’est la Suisse qui a sa faveur, avec le prestigieux FC Schaffhouse qui a notamment eu comme joueurs Roberto di Matteo et Joachim Löw. En Challenge League, Yannick ne s’éclate pas vraiment. Et d’ailleurs, cela se ressent au niveau statistique, avec un petit but (contre les Young Boys de Berne) en huit rencontres. Pas vraiment idéal pour un attaquant qui moins de dix ans plus tôt était courtisé par Arsenal, Chelsea et Tottenham. Et Yannick ne va pas pousser le bouchon plus loin. Son passage éclair en Suisse s’arrêtera à l’hiver.

 

En janvier 2007, il rejoint la patrie de Salomon et David. En effet, ce sont les israéliens du Maccabi Herzliya qui le relancent. Là-bas, cela sera beaucoup plus facile. En effet, il retrouve les qualités qui avaient fait de lui une des grandes pépites du football. Sur sa première demi-saison, il inscrit huit buts en seize apparitions. Et surtout, il inscrit la seule et unique ligne à son palmarès jusqu’à présent : une coupe de la Ligue israélienne. Il aura fortement contribué à ce succès, en finissant meilleur buteur du club.

 

C’est donc un très gros morceau qui vient à sa rencontre : le Maccabi Tel-Aviv. Le plus gros club du pays, dans la ville qui compte alors toutes les grandes ambassades d’Israël. Et Yannick Kamanan confirme qu’il n’est pas un joueur de pipeau, en marquant dix-sept fois en trente-et-une apparitions dans sa première saison. Mais la deuxième année sera funeste : il ne marquera que quatre fois en dix apparitions. La faute notamment à un conflit avec son entraîneur. Mais qu’à cela ne tienne ! Yannick Kamanan a relancé sa carrière qui battait de l’aile.

 

On a vu mieux…

 

Yannick Kamanan connaît alors le premier transfert payant de sa carrière. Contre une indemnité de 100 000€, il signe en Turquie à Sivasspor, alors leader du championnat. Cette saison sera belle pour lui, puisqu’il finira second du championnat, avec une petite dizaine de buts. Mais encore une fois la seconde sera dure. Le club finira seizième, trois entraîneurs se succèderont, et Yannick Kamanan mettra un terme à leur collaboration. En deux ans, il aura marqué quinze fois en quarante-cinq apparitions. Cependant, la Turquie lui plaisant, il décide d’y rester. Après avoir passé et réussi des essais, il signe au Mersin Idman Yurdu SK, club promu en Super League. Mais son passage sera complètement raté. Une seule titularisation, huit matchs, aucun but. Trois petits tours et puis s’en va…

 

C’est l’Azerbaïdjan qui l’accueille alors. Et plus précisément le FK Qabala, alors entraîné par Tony Adams. Oui, le même qui avait été capitaine d’Arsenal et des Three Lions. Malgré sans doute le meilleur effectif du pays, le club échoue à deux reprises à remporter le titre. Alors Yannick, sentant son niveau baisser, le quitte, en ayant marqué vingt fois en quarante-cinq matchs. Soit troisième meilleur buteur de l’histoire du club.

 

Il décide de retourner en France, et plus précisément à l’AS Aulnoye-Aymeries au mercato hivernal 2015. En une saison là-bas, il se relancera un peu. Placé ailier gauche, il scorera cinq fois en dix-huit matchs. Et il partira en 2016 à l’Entente sportive Viry-Châtillon. Mais deux buts en quatorze matchs de CFA2 ne seront pas suffisant pour assurer son statut. C’est donc le FC Ware, à l’été 2017, qui s’attache les services de Yannick Kamanan. En Isthmian League (D8 anglaise), il performe désormais. Il a en effet marqué cinq fois en six apparitions sous le maillot du club fondé en 1892. Alors, que sa fin de carrière soit belle !

 

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