Le 19 mai 2017, le SC Amiens peine sur le terrain de Reims lors de l’ultime journée de Ligue 2. A la 95e minute, alors que le tableau d’affichage est figé à 1-1, Emmanuel Bourgaud marque d’une reprise croisée et offre en plus de la victoire, la montée en Ligue 1 aux siens. Près de onze mois plus tard, les picards sont en position de se maintenir dans l’élite. Retour sur une saison historique.
Promesses de calvaire
L’enfer était promis aux amiénois en Ligue 1 Conforama. Pour sa première saison dans l’élite, le club dispose d’un budget de 25 M€, soit le plus faible du championnat. Ainsi, peu de gens avait foi en un maintien d’Amiens. La première journée de la saison offrait qui plus est un déplacement au Parc des Princes, sur fond de présentation de Neymar au public. Mais les hommes de Christophe Pélissier ne s’étaient inclinés que par deux buts d’écart face au PSG (2-0). En août, Amiens prend la température de ce qui l’attend durant la saison. Et il faut patienter jusqu’à la quatrième journée pour connaître enfin la victoire en étrillant Nice (3-0). Globalement, le début de saison est laborieux avec seulement 2 victoires et 7 défaites lors des 9 premières rencontres.
Sauf que par la suite, le Sporting Club parvient à enchaîner 7 matches sans défaite et grimpe à la 9e place au soir de la 15e journée. Cependant, à nouveau les picards vont connaître des difficultés en hiver. Les mois de décembre et janvier sont terribles, le club ne goûtant à la victoire que face à Guingamp (3-1), et au nul face à Montpellier (1-1). Les pensionnaires du stade de la Licorne plongent une nouvelle fois au classement jusqu’à la 17e place. Ils redresseront la barre fin février par un nul face à Toulouse (0-0) et une victoire arrachée à Nantes (0-1).
Des coups durs
S’il ne fallait retenir qu’un élément de la saison amiénoise, il serait malheureusement dramatique. En effet, le tournant de la saison a été extra-sportif. Le 30 septembre, alors qu’Amiens reçoit Lille, une barrière de la tribune visiteurs du Stade de la Licorne cède au moment de l’ouverture du score du LOSC. Une trentaine de supporters lillois ayant chuté sont blessés et la rencontre arrêtée. Le match sera rejoué intégralement deux mois plus tard et remporté par les picards (3-0).
Du côté du terrain, pour remplir sa mission maintien, le SC Amiens comptait sur bon nombre de ses joueurs ayant évolué en Ligue 2 la saison passée. Notamment Tanguy Ndombélé, maillon essentiel de la montée et auteur de prestations très abouties en août avant de rejoindre l’OL. Il fallait donc recomposer sans son maître à jouer. Mais ce n’est pas tout puisque des joueurs importants tels que Mathieu Bodmer, Guessouma Fofana et Issa Cissokho auront très peu joué cette saison (respectivement 9, 12 et 16 matches de L1). Cependant, Christophe Pélissier a pu compter sur certaines révélations…
Des révélations
Souvent dominé dans le jeu, les points gagnés par Amiens ne tiennent bien souvent qu’à un fil. Et ce fil est entre les mains de Régis Gurtner. Excellent cette saison, le gardien auteur de neuf clean sheets s’est révélé comme l’un des meilleurs portiers du championnat. Il est bien évidemment une pièce essentielle de la bonne défense amiénoise, la troisième meilleure du championnat.
A la création du jeu, un joueur, recruté cet été, aura fait énormément de bien à l’équipe. Il s’agit de l’éternel espoir du football français, Gaël Kakuta. A 26 ans, le milieu offensif réalise enfin une saison pleine. Et Amiens en profite. Auteur de 5 buts et autant de passes décisives, Kakuta dispose des clés du jeu d’une équipe marquant très peu (29 buts en 32 journées).
D’ailleurs, en terme de buts inscrits, c’est une autre recrue estivale qui s’illustre. Moussa Konaté, déniché à Sion, est le buteur attitré d’Amiens et ses 10 réalisations ont grandement pesé dans la saison. Enfin, Amiens n’en serait actuellement pas là sans son chef d’orchestre, Christophe Pélissier. Ayant su faire le dos rond dans les périodes délicates, le technicien est parvenu à obtenir le maximum de son groupe. Ses résultats en font un entraîneur désormais courtisé, notamment par Toulouse, Guingamp et l’ASSE.
Amiens tout proche du maintien
Les quatre dernières journées de championnat ont permis à Amiens de faire un pas vers le maintien. Le club affrontait des concurrents directs et n’a pas connu la défaite : 1-1 à Dijon et contre Troyes, victoire 1-0 à Lille et succès 3-0 contre Caen. Après 32 journées, Amiens possède désormais 8 points d’avance sur le barragiste et s’approche de la barre, souvent fatidique, des 40 points (37). 37 points, ce nombre avait suffit à Caen, 17e l’an dernier, pour se sauver. Néanmoins, Christophe Pélissier est conscient que son équipe doit encore batailler : « Il reste 20% du travail […] on a encore besoin d’une victoire ».
Mais attention au relâchement puisque le maintien n’est pas encore acquis. Et comme le démontre la saison des picards, une mauvaise série peut surgir à tout moment. Le club des Hauts-de-France aura de surcroît un calendrier périlleux dans le sprint final. En effet, Amiens va affronter les quatre meilleures équipes du championnat (dans l’ordre chronologique : Lyon, Monaco, Paris et Marseille) mais aussi deux formations luttant également pour leur survie : Strasbourg et Metz. Amiens aura l’avantage de recevoir lors de ses deux rencontres « de la mort » et ainsi l’occasion de valider son maintien.