Il est de retour ! L’ange s’est envolé ! Après de longs mois d’absences, la série Tour du Monde revient, avec une régularité limpide, sur vos écrans. Pour ce premier épisode de la saison deux, c’est Abdulrahim Jumaa qui est à l’honneur. Et comme d’habitude, c’est normal que son nom ne vous dise rien. Allez, attachez vos ceintures, éteignez vos mégots, car voici l’aventure, celle que l’on prend au galop !

Un nom fort en signification

Abou Dabi, souvent orthographiée Abu Dhabi, est, comme vous le savez sûrement, la capitale des Emirats Arabes Unis. Et non pas un joueur de l’Olympique de Marseille. Et c’est surtout la ville de naissance d’Abdulrahim Jumaa. Le 23 mars 1979, en effet, dans le registre de naissance, on voit pour la première fois le nom d’Abdulrahim Jumaa Al-Junaibi mentionné. Ou plutôt, pour respecter la graphie arabe, celui d’عبد الرحيم جمعة الجنيبي. N’ayant absolument aucune idée de la signification de ce nom, n’étant malheureusement pas arabophone, j’ai effectué quelques recherches sur la signification de ce nom. Sachez donc que ce nom, ô surprise, est d’origine arabe. Il est bâti sur le nom « Abdur Rahim ». Il est construit à partir des mots Abd, al- et Rahim. Ce nom signifie « au service du miséricordieux. »

C’est avec un héritage religieux, donc, que Abdulrahim Jumaa commence à exister. En effet, il faut savoir que « Ar-Rahim » est un des noms donné à Dieu dans le Coran. Pour continuer notre analyse linguistique, notons que la lettre « a » de « al- » ne comprend pas d’accent tonique. En fait, cela peut être traduit par n’importe quelle voyelle – souvent un « u ». D’où le « Abdulrahim », qui est une translittération latine alternative. Bien que le nom soit, en arabe, écrit avec des lettres correspondant à « Abd al-Rahim », cela est usuellement prononcé « Abd ar-Rahim ». Et en plus de l’héritage religieux, ce nom porte un fort caractère historique. En effet, Muhadhdhabuddin Abd al-Rahim bin Ali bin Hamid al-Dimashqi, plus connu sous le nom d’Al-Dakhwar (1170-1230), était un fameux physicien syrien. Ces éléments sont, à mon sens, essentiels pour mieux comprendre le joueur.

Pourquoi le football ?

Maintenant que vous en savez assez sur la signification du nom d’Abdulrahim Jumaa, vous pouvez légitimement vous demander : pourquoi le football ? En effet, Abu Dhabi n’est pas à proprement parler une ville de football. Occupée en permanence seulement depuis 250 ans, on ne trouve les premiers terrains de football dans la ville que depuis un siècle. Mais, étant la troisième ville des Emirats Arabes Unis après Dubaï et Charjah, elle est un centre culturel important de la région. Les aboudabiens ont pendant longtemps été sous une forte influence anglaise. Ce qui explique le développement du football dans la région. Un développement qui reste cependant très relatif, puisque l’on n’a pas encore vu de sélection émiratie dans une phase finale de Coupe du Monde. Ni même d’Euro, ce qui est, au vu de la situation géographique, compréhensible. Cependant, notons que son frère Abdulsalam est aussi international avec les Emirats. Ils comptent à eux deux 228 sélections.

Et Abdulrahim Jumaa commence vraisemblablement à jouer au football vers l’âge de dix ou onze ans. A l’âge où certains commencent leur collège, il taquinait déjà la balle comme personne, et s’imposait dans tous les tournois de jeunes qu’il disputait comme une référence. Déjà à l’époque, et surtout à partir de ses quinze ans, il éblouit dans sa capacité, au milieu de terrain, à éclairer le jeu. Un peu comme EDF (nous ne sommes pas sponsorisés). Dans une position variable de 6, de 8 ou de 10. Mais toujours face au jeu. Il éblouit les recruteurs des clubs locaux. Et c’est tout naturellement que, vraisemblablement au détour de ses seize ans, il intègre un centre de formation d’un club professionnel. C’est l’immense Al-Wahda Club d’Abou Dabi qui devient son employeur à partir de cette époque.

Abdulrahim Jumaa, pour nom fidélité

J’entends déjà les bien-pensants dire que son nom ne signifie pas « fidélité ». Je sais, c’est moi qui vous l’ai enseigné. Mais la carrière de ce joueur d’un mètre quatre-vingt est vraiment synonyme de fidélité. En effet, il restera joueur du Al-Wahda Club jusqu’en 2011. Et ce à partir de ses débuts en professionnels en 1998. Une jolie longévité, qui lui permettra d’intégrer l’effectif de la sélection émiratie. C’est là qu’il inscrira ses plus belles heures de gloire. Avec 116 sélections de 1998 à 2009, il fait partie des joueurs ayant atteint le plus vite la barre mythique des cent capes en équipe nationale. Il marque au passage treize buts sous le maillot du pays du golfe arabo-persique. Faisant de lui un des joueurs les plus emblématiques de la sélection. Et influençant nombre de joueurs comme Hamdam Al Kamali, l’ancien de l’Olympique lyonnais.

Mais sa carrière ne s’arrête pas en 2011. En effet, après n’avoir pas fait le tour mais presque avec Al-Wahda, il rejoint le fameux club d’Al-Jazira. Il y évolue pendant une saison, numéro seize sur le dos. Cependant, il rejoint à l’été 2012 Al-Dhafra, avec qui il joue encore actuellement. Et avec talent. En effet, le cinquième de la Coupe du Monde des Clubs 2010, malgré son âge désormais avancé, continue à être un maillon essentiel de l’équipe. Et porte à de nombreuses reprises, sur son bras gauche, le brassard de capitaine. Pas rien dans un club où évolue l’ancien lensois, nîmois et toulousain Adil Hermach. Logiquement, l’on considère souvent Abdulrahim Jumaa comme une des figures de proue de l’Arabian Gulf League. Un championnat qui, tout le monde le sait, n’est pas qu’un moyen pour des stars en pré-retraite d’enrichir leur compte en banque.

Vous pouvez retrouver les épisodes de la saison précédente en cliquant sur le lien ci-dessous :

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