La Ligue de Football Professionnel nous a fait un très beau cadeau pour l’anniversaire de notre bien aimé site, DemiVolée.com. En effet, elle nous a enfin annoncé qu’elle allait adopter l’arbitrage vidéo dans notre belle Ligue 1 Conforama. Et si certains ont tenté, avec des arguments aussi fallacieux que viciés, de vous convaincre que cette décision était mauvaise, je vais tenter de vous convaincre de l’inverse. Car à mon sens, la seule vidéo qu’il ne faut pas que la LFP diffuse concerne un certain Mathieu Valbuena.

Le faux débat Goal Control

Beaucoup des opposants à l’arbitrage vidéo mettent en avant les problèmes qui ont lieu avec la Goal Line Technology cette saison. Ils semblent cependant oublier que cela n’a absolument rien à voir, et ce sur plusieurs points. En effet, la « GLT » est assurée par une société privée, GoalControl. Ce qui n’est absolument pas le cas de la VAR, qui sera orchestrée par un arbitre, et où le plus grand débat pourra avoir lieu sur une défaillance éventuelle de la caméra. La Goal Line Technology, au contraire, n’est pas un arbitrage vidéo, mais plutôt la détermination à partir d’un vidéogramme, en fonction de paramètres colorimétriques, de la position d’un ballon. En effet, cette technologie est faillible. Mais l’homme aussi est faillible. On trouve beaucoup moins de débats avec la Goal Line Technology qu’il y en avait du temps de l’arbitre de surface.

Ainsi, si certains reprochent à la Goal Line Technology de parfois prendre le maillot de gardien pour un ballon entré dans le but, on notera que les erreurs sont souvent si grossières qu’elles ne prêtent pas à confusion. De plus, la dernière décision reste bien évidemment à l’arbitre de champ. Qui peut, comme cela a été le cas le week-end dernier, décidé d’infirmer la décision technique. Mais, je le dit et le répète, ce n’est pas de l’arbitrage vidéo. Ce n’est qu’un assistance technique. Il faudrait être de mauvaise foi pour dire que la GLT réalise plus d’erreurs que les arbitres de surface. Il n’y a désormais plus d’erreurs grossières, à la Lampard face à l’Allemagne. Et supprimer la GLT ne fera finalement que changer les erreurs. C’est à dire passer d’erreurs techniques, évitables, à des erreurs humaines, inévitables.

L’argument Platini

Un autre des arguments appréciés par les détracteurs de la vidéo concerne l’inéquité. Ainsi, selon eux, il serait inégal d’appliquer l’arbitrage vidéo en Ligue 1 sous prétexte qu’il n’est pas appliqué en seconde division. Ce qui est bien évidemment complètement stupide. Nulle personne sensée ne peut tenir cet argumentaire de manière sérieuse. Bien sûr, il est évident qu’il y a une inégalité entre les équipes de première et de huitième division. Mais instaurer l’arbitrage vidéo n’est pas plus insensé que donner un statut professionnel aux arbitres amateurs qui officient en championnat. Pas plus non plus insensé que de doter les joueurs professionnels de vestiaires chauffés et de jacuzzis. Pourtant, les joueurs amateurs aimeraient bien en avoir !

Mais il faut bien comprendre que le football professionnel mérite justement d’avoir tous les avantages possibles à sa disposition. Un match de Ligue 1 engage des centaines de milliers d’euros. La moindre apparition de Neymar Jr. avec le Paris Saint-Germain représente un amortissement de millions d’euros. Le moindre ballon touché par Kerbrat engage des centaines d’euros. Les sommes sont astronomiques, et des milliers de spectateurs se déplacent toutes les semaines à Lyon, Paris, Saint-Étienne ou Nice ! Il faut bien comprendre que l’arbitrage vidéo, dans le but de réduire au maximum les inégalités, est un jeu financier davantage que sportif. Le football, que cela plaise ou non, est devenu un business. Et c’est justement parce que c’est un business que l’on tente, par la vidéo, de réduire les risques financiers.

« Mais la vidéo n’est pas fiable »

C’est un des arguments les plus souvent propagés. Il est normal que la vidéo ne soit pas fiable, puisqu’elle ne donne aucune information par elle-même. C’est justement à l’arbitre de prendre la décision. La décision est encore celle de l’arbitre. Ce n’est en aucun cas une machine qui est à l’origine et à la conclusion du processus. Si certains reprochent l’incertitude que donne l’angle de la caméra, je souhaite rappeler que l’arbitre peut toujours décider de s’en référer à un angle de vue plutôt qu’à un autre. Et que ce dernier n’est pas obligé de faire appel à la vidéo. S’il n’a aucun doute, où si la vidéo ne les lui ôte pas, il pourra faire son opération en toute âme et conscience, en prenant par exemple la décision qui s’était imposée à lui en direct.

Certains condamnent le fait que « chaque arbitre à sa vision ». Mais cela est aussi vrai avec que sans la vidéo. Cet argument dénote une facilité de raisonnement indigne de quelqu’un souhaitant faire de la réflexion de fond. Dans une copie mathématique, le correcteur a le droit de relire plusieurs fois l’opération. Et, selon sa clémence, selon l’admission qu’il fera de la rigueur, il pourra ou non valider les points dans l’exercice. Pour une intégrale impropre en deux bornes, certains vont admettre une intégration avec deux bornes, quand d’autres vont demander d’opérer par Chasles sur ladite intégrale. On est ici exactement dans le même cas de figure : chacun a sa vision. Chaque arbitre put décider de la manière dont il le veut. Et il est à mon sens normal de doter l’arbitre des meilleurs éléments lui permettant de prendre sa décision.

Quelle vidéo adopter ?

Le principal débat ne se situe à mon sens pas sur la légitimité ou non de la vidéo, mais plutôt sur la manière dont elle sera adoptée. Deux solutions trouvent grâce à mes yeux. Car ce sont les deux seules évitant de hacher le jeu de manière intempestive.

L’arbitrage parallèle

L’arbitrage parallèle consiste à l’établissement d’un arbitre vidéo en liaison constante avec l’arbitre de terrain. Celui-ci aura tout son temps pour prendre sa décision, et pourra dans le cas d’une faute demander, soit à l’arbitre d’arrêter le jeu pour lui permettre de regarder le vidéogramme – celui-ci reprendrait par une balle à terre – soit annuler une décision de l’arbitre. En cas de doute, la dernière décision viendrait dans tous les cas à l’arbitre central, puisque celui-ci est seul maître à bord. Comme le correcteur devant sa copie.

Cet arbitrage parallèle aura l’avantage de laisser le jeu se dérouler, mais de permettre en même temps à l’arbitre d’être informé de tous les éléments inhérents au jeu. Même si cette solution n’est pas parfaite, elle à l’avantage d’être dans l’esprit du jeu.

Les « challenges »

Ce système est déjà mis en place dans de nombreux sports. Il possède l’avantage de laisser les équipes décider de quand elles veulent faire appel à la vidéo. Mais le principal problème est que les décisions de l’arbitre sont ainsi contestées. Plus encore, ils ne peuvent pas eux-mêmes, les arbitres, décider de consulter la vidéo.

Quoi qu’il en soit, toutes les solutions sont imparfaites. Mais je pense – car cet avis comme cet article n’engage que moi – que la vidéo est un lien essentiel vers la professionnalisation du sport. Et quand on me parle du problème d’un joueur exclu obligé de revenir sur la pelouse comme en BundesLiga… Mieux vaut une légère confusion qu’une grossière erreur d’arbitrage. Enfin, tout le retard inhérent aux attentes de décision vidéo ont au moins l’avantage d’éviter de voir les journalistes débattre après le match de « si l’arbitre a vu ou non la faute ». Et de redonner ce sport aux arbitres, qui font eux aussi la beauté du jeu.

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