Cela fait désormais depuis sept matchs, soit depuis un match à domicile contre Metz conclu sur une victoire 3-1, que l’AS Saint-Étienne n’a pas gagné. Cette série catastrophique, accompagnée d’une déroute cinq buts à zéro dans le derby, s’est ponctuée par le départ d’Oscar Garcia et l’ASSE se retrouve ainsi à la 12ème place du championnat, à seulement 4 points du barragiste. Quelles sont les raisons d’une telle situation pour un club habitué à l’Europe, et doit-on craindre de voir ce club mythique hors de l’élite la saison prochaine ? L’ASSE est-il taillé pour le maintien ?

Un héritage qui a du mal à se transmettre

Cette année 2017-2018 devait marquer un tournant dans l’histoire de l’AS Saint-Étienne. En effet, il y a eu le départ après 8 ans de service de Christophe Galtier remplacé par Oscar Garcia. Galtier avait apporté de la stabilité. Et ce à une équipe pourtant en lutte pour le maintien à son arrivée, remportant la Coupe de la Ligue en 2013 et assurant une place parmi les 7 premiers du championnat dans ses dernières saisons, quittait le navire forézien. La relève allait donc être difficile.

L’arrivée d’Oscar Garcia durant l’été 2017 était une révolution pour les Verts : un entraîneur étranger, ayant joué au Barça et entraîné un club deux fois champion d’Autriche sous son aile avait de quoi faire rêver le public stéphanois. Une première mi-temps fantastique face à Nice lors de la première journée et puis plus rien. L’aventure se terminait donc entre l’enfant de Catalogne (indépendante) et l’AS Saint-Étienne.

On annonce ensuite la venue d’un duo pour diriger le club : Julien Sablé, ancien capitaine mythique et directeur du centre de formation de l’AS Saint-Étienne et Jean-Louis Gasset, longtemps adjoint de Laurent Blanc et possédant une grande expérience du ballon rond. Mais l’aventure qui se déroule depuis 4 matchs est loin d’être concluante : 2 défaites et 2 nuls contre des équipes loin d’être en grande forme.

Mais alors quel futur pour une équipe de Saint-Étienne qui ne semble pas dépendre cette saison de l’entraîneur, mais bien de la qualité footballistique de l’équipe sur le terrain ? Comment retrouver des méthodes qui, avec Christophe Galtier, fonctionnaient malgré un effectif similaire qualitativement ?

Un état d’esprit à retrouver

Alors oui, de quel état d’esprit parle-t-on ? Existe-t-il une mentalité stéphanoise ? On ne va pas refaire toute l’histoire de la ville de l’AS Saint-Étienne qui donne son caractère si particulier à ce club, mais tout de même : comment ne peut-on pas retrouver ces valeurs de la mine, ces valeurs d’entraide, de solidarité, cette caisse noire, ces financement occultes de la part de Casino, transmis en premier lieu par ses supporters, qui ont toujours fait de cette équipe un club à part ? L’équipe ayant terminé en finale de la Coupe d’Europe 1976 ne possédait pas un avantage technique sur ses adversaires : c’est grâce à leur cœur que les joueurs se surpassaient et franchissaient des montagnes.

41 ans après nous voilà face à une équipe sans réelle cohésion apparente, sans la mentalité qui fait de l’AS Saint-Étienne, l’AS Saint-Étienne. Qui peut dans l’équipe actuelle prétendre défendre ces valeurs en le montrant sur le terrain ? Vincent Pajot ? Kévin Monnet-Paquet ? Des joueurs compensant leur défauts techniques par une mentalité exemplaire, mais trop peu nombreux pour parler d’une mentalité stéphanoise dans cette équipe.

Un manque de continuité

Mais cela est peut-être dû au fait qu’il manque une réelle continuité entre le travail de Christophe Galtier et la situation actuelle. Oscar Garcia n’a pas réussi à transmettre à ses joueurs les attentes du club, et Julien Sablé peine à le faire – malgré le fait qu’il en ait conscience- et cela car il semble manquer des relais de cette mentalité dans le vestiaire. En effet, existe-t-il réellement un leader de vestiaire à Saint-Étienne ? Un rôle qu’assumait par exemple Julien Sablé à son époque mais que personne ne s’est attribué aujourd’hui.

Loïc Perrin ne semble pas avoir le caractère pour s’imposer, malgré son statut de capitaine, comme un leader de vestiaire, ou encore moins Stéphane Ruffier, qui sont pourtant les deux cadres de l’équipe.

Qui d’autre ensuite ? Personne. Personne n’est en mesure de s’approprier cette mentalité et de l’inculquer à ses partenaires. Il y a donc un cruel manque de caractère dans cette équipe.

Un effectif pauvre en qualité

Qui est systématiquement désigné comme le joueur incontournable de l’ASSE ? Le gardien de but Stéphane Ruffier évidemment. Et cette analyse ne peut tendre qu’à montrer les difficultés majeures de l’équipe à produire du jeu, à s’organiser, à jouer de l’avant. Et je pense que plus que d’être un problème d’héritage ou de mentalité, la réalité des faits est que l’AS Saint-Étienne ne possède pas les joueurs pour jouer chaque saison le haut du tableau.

On peut considérer que seulement six joueurs possèdent le niveau pour jouer le top 6 actuellement : ligne par ligne, Stéphane Ruffier, Loïc Perrin, Ronaël Pierre-Gabriel, Bryan Dabo, Hernani, Rémy Cabella. Le reste de l’équipe est d’un niveau moyen ou en devenir (Assane Diousse notamment).

Mais comment jouer de l’avant dans une équipe où les attaquants sont imprécis, ne font pas la différence en un contre un et ne créent pas de situations ? L’attaque stéphanoise n’est que très peu prolifique avec seulement 7 buts de ses attaquants (dont 3 penaltys) et aucun de la part de ses deux numéro 9, que ce soit Loïs Diony ou Alexander Soderlund.

L’objectif n’est certainement pas d’accabler les joueurs, mais de mettre en lumière la réalité de l’AS Saint-Étienne actuellement. Mais comment a-t-on pu en arriver à une telle situation ?

Passer à l’action

Depuis peu -même si ces idées étaient déjà dans l’air du temps- les supporters ont notamment reproché l’action des deux présidents stéphanois : Roland Romeyer et Bernard Caïazzo. En effet, c’est déjà cette gouvernance à deux acteurs qui gêne les supporters, considérant qu’il ne peut pas y avoir une bonne politique pour le club avec deux dirigeants, qui auront ainsi parfois des difficultés à s’accorder. Mais le maintien de ces deux hommes ne semble pas être remis en cause.

Mais c’est notamment le recrutement de l’ASSE qui est mis en cause, s’appuyant de plus sur les raisons du départ d’Oscar Garcia, qui jugeait ne pas avoir pu recruter les joueurs qu’il souhaitait lors du mercato estival, mais récupérait des joueurs imposés par la direction. La faute est majoritairement tombée sur David Wantier et David Friio, les deux directeurs de la cellule de recrutement, créée en juillet 2017. Donc très récente. Il est vrai que leur mercato semble avoir été raté. Avec un Loïs Diony, recruté pour 8 millions d’euros, qui – pour l’instant – ne confirme pas sa saison passée. Ou le manque d’un autre ailier pour apporter un plus à cette équipe.

Mais la plaie semble plus profonde et plus ancienne. Car car la politique du club depuis plusieurs années, celle de vendre pour acheter moins cher, semble avoir ses conséquences aujourd’hui. Depuis longtemps, le recrutement de l’ASSE n’est que peu efficace et inexistant. En témoignent par le passé la venue de deux joueurs de Rosenborg, club que l’ASSE avait rencontré en Ligue Europa. Deux joueurs n’ayant jamais rien prouvé auparavant. Mais ayant pour seul attrait, on peut le dire, d’avoir été performants face à l’ASSE en coupe d’Europe.

La problématique est profonde et les difficultés du club actuellement semblent avoir des racines plus anciennes.

De là à penser que le club est en lutte pour le maintien ?

Sa 12ème place au classement de la Ligue 1, à seulement 4 points du barragiste peut paraître problématique pour l’AS Saint-Étienne, et cela d’autant plus que son programme jusqu’à la trêve hivernale est plus que compliqué. Avec deux déplacements à Marseille et Guingamp ainsi que la réception de Monaco à domicile. La blessure de Loïc Perrin jusqu’à la fin de l’année vient ponctuée une possible déroute collective. La défense centrale risque d’être composée de Théophile-Catherine et de Florentin Pogba (Léo Lacroix étant suspendu). Le maintien n’est donc pas assuré.

Mais malgré tout, il ne semble pas possible de concevoir un club depuis longtemps dans l’élite et toujours bien placé, descendre dans la division inférieure. Voilà pourquoi : l’équipe possède de nombreux joueurs d’expérience qui ont les capacités pour se mobiliser jusqu’à la fin de la saison ; le retour de Rémy Cabella et espérée de Romain Hamouma vont redonner une touche technique à l’attaque ; l’explosion probable de Loïs Diony à la pointe de l’attaque ; l’appui des supporters car comme ils le disent eux-mêmes « on sera toujours là… ».

Quelle équipe après le mercato ?

Voilà l’équipe que l’ASSE devrait adopter pour viser un peu mieux que le maintien. Je compte notamment sur le retour de prêt de Beric.

Une équipe pour espérer plus que le maintien !
Une équipe pour espérer plus que le maintien !
Surplus

 

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