Un grand coup dans le ventre. C’est ainsi que la retraite de Zé Roberto peut apparaître. Car ce lutin brésilien d’un mètre soixante-douze a annoncé qu’il prendra sa retraite sportive à la fin de la saison. Et avec ce départ, c’est une certaine idée du football qui en prend un coup. Retour sur la carrière du plus allemand des brésiliens.
Zé Roberto, Brésil vie
José Roberto da Silva Júnior, dit Zé Roberto, né le 6 juillet 1974 à São Paulo. C’est ce que l’état-civil nous enseigne de la vie de ce virevoltant gaucher. Mais cette description est un peu courte. Pour mieux comprendre qui est Zé Roberto, il faut repartir en 1994 à Portuguesa. Dans ce petit club brésilien, un jeune joueur commence à aligner les matchs sur son côté gauche, et impressionne par sa qualité de centre. Très vite, il vient taper à la porte de l’équipe nationale, si bien qu’en 1995, au mois d’août très précisément, il joue son premier match avec le Brésil. Mais sa carrière semble vraiment décoller quand en 1997 il rejoint le Real de Madrid. Manque de pot, il ne brillera pas réellement en Espagne : seulement 21 matchs pour un petit but en deux ans.
Mais qu’à cela ne tienne : Zé Roberto repart au Brésil. Mais cette fois-ci, pas question de jouer dans une petite formation : le mondial français a lieu dans six mois, il faut se mettre en vue. Et c’est ce qu’il arrive à faire en rejoignant Flamengo. Avec le club carioca, celui qui compte déjà à son palmarès une Copa America et une Coupe des Confédérations avec le Brésil, ainsi qu’une Supercoupe d’Espagne, une Ligue des Champions et un championnat avec le Real de Madrid, il dispute nombre de rencontres et délivre de nombreuses passes décisives. Et fait donc partie de la sélection brésilienne pour le mondial. Si l’aventure s’achève en finale, la faute à Zinédine Zidane, Zé Roberto se refait un peu une image en Europe après son passage raté au Real.
Meine Name ist Zé Roberto
Et c’est l’Allemagne qui deviendra son deuxième pays. En effet, le Bayer Leverkusen, club ambitieux de Bundesliga allemande, vient le tirer du Brésil pour en faire son titulaire couloir gauche. La première saison est réussie, avec 32 apparitions, quatre buts et six passes décisives. L’Allemagne lui va mieux que l’Espagne ! Les deux saisons suivantes seront de même facture, avec de belles feuilles de stats : 27 matchs, 8 buts, 7 passes en 1999-2000, et 24 matchs, 2 buts et 4 passes en Bundesliga la saison suivante. Mais c’est véritablement en 2001-2002 que l’explosion va se faire. Avec 16 offrandes et quatre réalisations dans la saison de loser du Bayer (finaliste de Ligue des Champions et de la Coupe d’Allemagne, second de Bundesliga), il attire les regards du monde entier. Mais Zé Roberto se sent bien en Allemagne.
Alors comme Lucio ou Ballack, le récent champion du monde signe au Bayern de Munich. Il alignera trois saisons à plus de dix passes décisives, avant de se friter avec son entraîneur, Felix Magath. Alors comme d’habitude, la renaissance passe par le Brésil. Un championnat dans la poche plus tard, il reviendra au Bayern. Et enrichira son palmarès de deux coupes d’Allemagne, quatre championnat, et deux coupe de la Ligue allemande. Pas mal. Cependant, il connaît entre-temps la désillusion du mondial 2006 avec le Brésil. Ce qui lui fait mettre un terme à sa carrière internationale, après 84 sélections et six buts. Et rejoint en 2009 Hambourg, avec qui il bat le record de matchs disputés par un étranger en Bundesliga. A la suite de deux saisons à Hambourg, il rejoint le Qatar. Pour une saison ratée.
Six étés au paradis
En 2012, Zé Roberto prend son courage à deux mains et se lance un challenge : retourner au Brésil. Il le fait, et ce avec Grêmio. Et malgré son âge avançant, il figure dans l’équipe type du championnat dès sa première saison. Avec le club de Porto Alegre, il dispute 82 matchs, inscrit 6 buts, et fait 13 passes décisives en championnat, pour un total de 118/15/14 toutes compétitions confondues. Il est de plus élu ballon d’argent brésilien en 2012, seize années après l’avoir remporté une première fois.
Et comme Zé Roberto est ambitieux, il change à nouveau de club à quarante ans, pour rejoindre Palmeiras. C’est là qu’il achève sa carrière, sur un bilan de 10 buts et 11 passes décisives en cent-vint-cinq apparitions. Pas mal, pour un quarantenaire. Son palmarès s’enrichira même d’un championnat et d’une coupe du Brésil.
Et l’annonce de la retraite de Zé Roberto, c’est l’annonce du départ d’un infatigable milieu de côté ou défensif, parfois arrière gauche, à l’hygiène de vie irréprochable. Car pour disputer près de mille rencontres professionnelles, à un poste si exigeant, il ne s’agit pas que d’être talentueux, mais aussi d’être exemplaire. Que la carrière de Zé Roberto serve d’exemple aux jeunes joueurs.