L’histoire d’Hatem Ben Arfa est si triste que l’on pourrait rédiger un roman digne des plus beaux instants de Fiodor Dostoïevski. Bad Gone Monplaiz nous propose un certain regard sur l’histoire de ce petit trublion de la génération 1987.
Le petit Hatem aurait pu devenir grand, s’il avait eu un cerveau et un entourage de qualité. Mais à la place, on lui a donné des jambes que l’on pourrait qualifier de « on fire ». Et avec les pieds qui vont avec. Et non, c’était pas en option !
Tout commence à la télévision…
Incroyablement insolent dès son plus jeune âge, que ce soit avec le ballon ou avec sa bouche, le natif de Clamart se fait vite remarquer sur le petit écran. Un peu comme Britney Spears aux USA.
« A la Clairefontaine » c’est dans ce feuilleton Canal+ où l’on fait connaissance avec les futures-ex-racailles du 93. Plus tard stars des pelouses d’Europe et de Navarre. C’est là que le jeune Ben Arfa fait sa première apparition dans le monde ultra médiatisé du ballon rond. Le petit Hatem éclabousse alors l’écran de son talent balle au pied. Mais parfois aussi de son caractère bien trempé. Ainsi, on se souviendra de son échange verbal et même frontal avec le très docile Abou Diaby. Joueur qui par ailleurs éclaboussera de sa superbe non pas les terrains de jeu mais les infirmeries. Une passion intime pour les séjours en cliniques qui ouvrira la voix à un certain Y.G.
Alors oui, on aime discuter à Clairefontaine. Mais Hatem éprouve tout de même des difficultés avec la langue française. Et ce malgré l’apport d’un de ses camarades de jeu lui aussi très en verve, le bien heureux Geoffrey Jourdren. Mais bon, on se serre les coudes dans cette génération 86 ! Qu’importe, c’est tout ce qui compte, la solidarité masculine dira-t-on…
Magicien en lumière
Le petit magicien est mis en lumière. Et ce à tel point que Jean-Michel Aulas lui-même y va de sa petite phrase : « je l’aurais un jour… je l’aurais ! ». A cette époque un club s’intéresse aussi au jeune prodige Ben Arfa. Il s’agit d’un club plutôt prestigieux (d’après un sondage IFOP sur 100 habitants de la Haute Loire), ville jumelle de Lougansk (Ukraine), et avec une forte culture ouvrière. Là où les gens apprennent ce qu’est le sens de la vie, la dure réalité, le labeur quotidien. Ce club, vous l’aurez deviné, c’est l’Association sportive de Saint-Etienne. Légendaire pour certains, rien à y faire pour d’autres… Et Jean-Michel Aulas pense qu’aller là bas est à peu près aussi utile que jouer au curling.
Le boss pose le chèque sur la table et toute la famille Ben Arfa se tait. L’affaire est dans le sac, marché conclu, on se fume une chicha, on se fait la bise et tout est dit. Hatem Ben Arfa rejoint donc le centre de formation de l’OL. Il a quinze ans et une PlayStation. Il y fait son apprentissage jusqu’au jour où il débute en pros. Un six août 2004 contre l’OGC Nice… comme un symbole.
Je t’aime – Moi non plus
On se régale, on se délecte de ses gestes techniques qui font la joie des amateurs de brésiliènneries en tout genre. Son doublé en Ligue des Champions face à Stuttgart soulève Gerland. Avec Hatem Ben Arfa, on a un fucking player se dit-on… Trois titres de champions de France et 3 Trophée des champions plus tard, le jeune Hatem Ben Arfa, fort d’une expérience acquise auprès de joueurs de légendes tels que Juninho, Wiltord ou encore Tony Vairelles, décide de se faire la malle. Avec un bon gros chèque
Tant qu’à faire, autant s’en mettre plein les fouilles. Lui qui avec son diplôme d’économie en poche se dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Et ça se tend avec Papy. Et après moult prises de bec, avec son second paternel de l’époque, la situation s’enlise. Elle devient même irrespirable et le patron des futurs septuples champions de France décide fatalement de se séparer de sa pépite tant aimée. Les histoires d’amour finissent mal, en général… oui quelqu’un a dit ça un jour.
Hatem Ben Arfa, une histoire d’hOMmes
C’est en juin 2008 qu’Hatem Ben Arfa signe un contrat de 3 ans pour l’OM. Le tout sous les huées lyonnaises. Qu’importe, Benny est prêt à en découdre, après des débuts toni-Vairelles-truands (triple jeu de mots) au vélodrome, l’artiste s’efface petit à petit pour laisser place à un certain Mathieu Valbuena, souvent appelé Valbuenain, à tort puisque la taille autorisé minimale pour jouer au football de haut niveau n’existe pas a priori. Rui Barros (joueur mythique de l’AS Monaco et du FC Porto, passé par la Juve, pour les plus jeunes d’entre vous) aime ça.
Bref, un titre de champion avec l’OM en poche, (mine de rien ça fait déjà quatre), Hatem rêve cette fois de traverser la Manche. A la nage c’est compliqué se dit-il, c’est en avion qu’il finira en gare de Newcastle. Oui, à la gare, allez pas comprendre pourquoi…
Nouveau château
Sa météo idyllique, ses pubs miteux, une joie de vivre à tous les étages de l’échelle sociale. Bref, Hatem vit son rêve et débarque au pays des Magpies,avec pour objectif de prendre la place d’un certain David Ginola dans le cœur des supporters noirs et blancs. Une mission quasi impossible, mais ça démarre pourtant plutôt fort. Ses accélérations furieuses soulèvent les 52 000 cinglés déchaînés de St. James Park.
La magie opère, tout semble se goupiller à merveille… Mais vient la blessure. L’attentat. Le crime contre l’humanité de Nigel De Jong, un tacle assassin et une fracture du tibia. C’est la fin, ou presque… On pleure, on crie, on se roule par terre de désespoir. Alan Pardew en perd même son slip, c’est une tragédie totale.
Hatem prend son mal en patience et revient 265 jours plus tard. Mais n’est plus que l’ombre de lui même. Et ce jusqu’à ce but fabuleux et plein d’altruisme. Là où le Heineken Player traverse seul le terrain tel un dragster surboosté pour finir par une humiliation spatiale de la défense des joueurs de Bolton. C’est de là qu’est née l’expression « comme des plots ».
Et Hatem Ben Arfa conclut par un effleurement du pied gauche, le ballon terminant sa course folle au fond des filets. Le but du siècle à cet instant T. Puis plus rien, quasiment. Fatigué de devoir attendre sur le banc (ce qui deviendra son métier en 2016), Hatem met les voiles pour Hull City. L’histoire tourne finalement au vinaigre et Hatem se barre la queue entre les jambes. Juste avant les fêtes de Thanksgiving – qui est une fête Américaine et pas Britannique, mais ça fait stylé de le dire. Bref, sympa le cadeau de Noël.
La roue tourne…
Après un an à jouer à la PlayStation, Hatem se voit offrir un contrat à l’OGC Nice où il atterrit en juin 2015. Grosse teuf toute la saison, le garçon met tout le monde d’accord. Après un parcours semé d’embûches en Angleterre, le gamin, plus si gamin que ça, fait péter les stats de ouf, les match de haut vols, les buts (17 en championnat, record personnel), à tel point que Didier Deschamps – oui celui qui sélectionne des joueurs pour gagner l’Euro – fera appel à lui… Bon, certes, pour un ou deux matchs seulement. Tout ça pour finir par squatter l’été et l’Euro sur sa PlayStation. Merci Didier pour ta participation, surtout qu’on sait tous que si t’avais sélectionné Hatem, l’Euro on l’aurais ga… Bref.
2016, l’heure du choix, de la consécration. C’est le moment de revenir pour de bon. Mais cette fois sur la grande scène et par la grande porte. Et quoi de mieux que de faire ça dans son club de cœur ?
Avec Rihanna
Partir à Las Vegas avec Rihanna, certes, mais qu’à cela ne tienne…
Le club multimilliardaire, un puits sans fond : le Paris S.G. ! Le PSG lui offre un contrat en or massif 24 carats, les filles de joie et la coke qui vont avec. Génial se dit Hatem. Et bordel se dit Emery. L’affaire est pliée. On connaît la suite, le gosse plus si gosse a les fesses en feu à force de cirer le banc non stop. Il gagne un 5ème Trophée des champions , OK, mais trop c’est trop, et quand c’est trop c’est Tropico. Ben Arfa épouse alors une carrière d’acteur à l’aube de l’été 2017, où il fait ses premiers pas dans : « La force du destin » puis dans « Rendez-vous au mois de juin ». Des courts-métrages où il incarne un homme sur la plage, tout vêtu de jaune, sorte d’hommage à Brice de Nice.
Hatem Ben Arfa, un joyau, un diamant brut, poli mais pas trop, parfois aussi vulgaire bijou de pacotille. Un gamin mal exploité. Et aussi un solitaire plein de défauts. Un joueur rare mais gâché, une histoire tragique, un jour un destin. Malgré tout ça, on t’aime Hatem, tu nous a fait rêver par moment. Et on aura bien ri aussi.
Cet article est dédié à Tony Vairelles, destin parmi les destins.