Après 6 journées de Ligue 1 disputées cette saison, et 20 jours après la clôture du mercato estival, fini le temps des prédictions, et venu le temps des évaluations. Romain Poirot, recruteur français pour Udinese et Watford, a livré son analyse sur les transferts des différents clubs de notre championnat.
(Interview complète sur le site de L’Equipe.fr)
« Quelle est votre analyse du mercato ?
On est sur un mercato totalement différent des années d’avant. D’un côté, Paris, qui se situe dans une autre dimension, a dépensé des sommes exceptionnelles. Il y a eu ensuite des clubs dont la stratégie est orientée sur une rotation dynamique de l’effectif : Lille et, surtout, Monaco. […] Mais le champion de France du mercato, si l’on ne tient pas compte du PSG, est Lyon.
Pour quelle raison ?
Leur « mix recrutement » est très cohérent. Ils ont fait un peu du Monaco mais à leur manière et dans leur état d’esprit : ils ont pris des joueurs expérimentés comme Marcelo et Marçal, des jeunes à fort potentiel au prix du marché actuel (Diop, Traoré, Tete, Mendy). Il faut ajouter les éléments du centre, qui apportent leur dynamisme et un potentiel qualitatif certain (Maolida, Gouiri, Geubbels).
Que penser de Nice et Marseille ?
Nice a fait un recrutement moins ronflant que par le passé malgré la venue de Saint-Maximin, qui est un bon coup. […] Sneijder constitue le pari, tandis que le club s’est encore activé à dénicher de jeunes joueurs à fort potentiel en L2 ou à l’étranger. […] En général, Nice se trompe peu. Marseille, eux, sont en train de subir mais ils ont un effectif qui, derrière Paris, Lyon et Monaco, doit émerger. Je ne les vois pas mal finir le Championnat.
Quelles tendances générales décelez-vous ?
Il y en a une qui n’existait pas avant : les clubs français n’ont plus de scrupules à recruter les jeunes joueurs entre eux. Lille et Monaco en tête. Des règles – non écrites – de respect mutuel entre les clubs ont totalement explosé. Les clubs français les mieux dotés n’ont plus peur de payer les indemnités de formation inhérentes aux transferts de jeunes dans notre pays. Cette désinhibition est intéressante et stimulante, car on sent une volonté d’exploiter le potentiel de talents français au maximum. L’hémorragie vers l’étranger s’estompe. […]
Et sur les prix ?
Quand Tanguy Ndombélé jouait en L2 avec Amiens, il était délicat de concevoir un départ l’année suivante pour 10 M€. Mais, après un été à l’inflation inédite, ce tarif est devenu quasiment forfaitaire. Une segmentation des indemnités de transferts s’est quelque peu instaurée. Pour un jeune prometteur de L 2, les prix se situent aujourd’hui entre 5 et 10 M€, selon les postes. En L 1, la fourchette va désormais de 10 M€ à 60 M€, hors talents exceptionnels. […] On garde un Championnat sportivement qualitatif et très attractif pour les clubs étrangers.