L’Union Soviétique, en 1960, est devenue la première nation européenne à remporter l’Euro. Cette sélection était principalement composée d’ukrainiens et de russes. Parmi eux était un attaquant, nommé Viktor Vladimirovitch Ponedelnik. Ce dernier est un héros pour la Russie soviétique. Retour sur son histoire.
Rostov 37
Viktor Ponedelnik voit le jour le samedi 22 mai 1937. Étonnant vu son nom de famille, qui, en russe, signifie « lundi ». Il grandit dans un pays en guerre, la grande guerre patriotique, contre l’Allemagne. Et devient adolescent dans un pays en guerre froide contre les impérialistes américains. Pourtant, cela ne l’empêche pas, lui, l’enfant de Rostov-sur-le-Don, de grandir paisiblement. Et de s’adonner comme des garçons de son âge un peu partout sur la planète au football. C’est au collège militaire de Rostov que sa carrière de footballeur prend naissance. En effet, dans une Union Soviétique qui aime mettre en avant les qualités de ses enfants, le sport est un facteur important d’intégration. Après avoir déjà touché le cuir sous le maillot du Burevestnik Rostov, il commence à faire partie des jeunes joueurs scrutés par les plus grands clubs de la République Socialiste.
Et, lui qui est très attaché à sa ville natale, ne se fait pas beaucoup prier. En effet, Viktor Ponedelnik signe en 1956 au FK Rostov (Rostselmash Rostov à l’époque). C’est là qu’il commence à faire des performances très intéressantes. En effet, positionné avant-centre, il marque et fait marquer. Ainsi, lors de ses premières apparitions en pro, ses performances convainquent l’entraîneur. Par ailleurs, il s’entraîne durement afin d’intégrer une sélection de l’URSS qu’il ambitionne. Et avec qui il souhaite absolument jouer. Il ne reste certes que deux ans à Rostov, mais il a le temps de marquer à 31 reprises en 50 apparitions sous le maillot du club résidant au six de la Pervoi Konnoy Armii. Le maillot bleu et jaune lui va bien, mais d’autres clubs sonnet à la porte.
Rostov 59
C’est à Rostov toujours qu’il va néanmoins poursuivre sa carrière. De 1958 à 1965, il écrit sa légende sous le maillot du SKA Rostov-na-Donu, aujourd’hui FK SKA Rostov. Et Viktor Vladimirovitch Ponedelnik va être encore plus inspiré que sous le maillot des moissonneurs. En effet, avec l’Armeytsy, il réalise des performances de très haut niveau. De 1960 à 1963, il sera d’ailleurs élu meilleur attaquant de l’Union Soviétique. Si son palmarès reste vierge avec les Pony, tout comme il l’avait été avec le RSM, il marque à de nombreuses reprises. Cinquante-quatre fois en un peu plus de 150 apparitions toutes compétitions confondues, avec notamment ses premiers matches de coupe d’Europe. Et ses premiers appels en sélection russe. En 1960, il est appelé pour la première fois. Et la suite appartient à l’histoire.
Il est en effet titulaire lors de l’Euro 1960, le premier de l’histoire, à la pointe de l’attaque de l’URSS. Et il marque à de nombreuses reprises durant la compétition. Ces buts lui offrent d’ailleurs le titre de meilleur buteur de l’Euro. Mais le plus important est en finale. En effet, alors qu’ils sont menés au score, les soviétiques parviennent à recoller au score. Et à la 113e minute de la rencontre, Viktor Ponedelnik marque d’une jolie frappe pour offrir la coupe à l’Union Soviétique. Un peuple et une foule entière exultent. En face, les Yougoslaves sont à terre. Cette victoire sonne comme une victoire du socialisme d’Union Soviétique sur celui du Maréchal Josip Broz Tito. Staline aurait sans doute pavané à la face du monde s’il n’avait pas rendu l’âme depuis des années.
Paris 60
Le héros de Paris 1960, à l’occasion d’un entretien accordé à l’UEFA, se souvenait de ce moment. Ce moment qui est désormais rentré dans l’histoire du football comme celui du premier Euro de l’histoire. Du premier grand titre international de football d’une nation socialiste. Et Viktor Ponedelnik a quelques regrets, d’ailleurs, sur la dissolution de l’URSS.
J’aime beaucoup me souvenir de cette finale. En battant la Yougoslavie, l’équipe nationale d’Union soviétique est devenue le tout premier champion d’Europe. Personne ne peut oublier de tels moments de gloire, que ce soit le public, les amateurs de football ou les joueurs eux-mêmes. En ce qui me concerne, le but de la victoire à la 113e minute était le plus important de ma carrière toute entière. C’est vrai, j’ai marqué beaucoup de buts pour mes clubs et pour l’équipe nationale mais certains matches et certains buts sont vraiment particuliers, le sommet de la vie sportive d’un joueur. C’était le plus beau moment de ma vie. Pour ce but, je dois remercier Mikhail Meskhi, notre ailier gauche géorgien, et son superbe centre. Malheureusement, l’Union soviétique n’est plus et la Géorgie est un pays étranger maintenant.
L’équipe nationale et Viktor vont ensuite échouer au Chili en 1962, alors qu’ils semblaient plus forts que jamais…
Si l’on remonte toute l’histoire de l’équipe nationale d’Union soviétique, j’ai l’impression que les experts en football pensent que la meilleure équipe était celle de la Coupe du Monde au Chili en 1962. Malgré le fait que nous ayons perdu contre les hôtes en quarts de finale, la presse et les experts internationaux avaient une haute opinion de notre équipe. Mais un malheur est arrivé à notre gardien Lev Yashin. Par deux fois lors de la compétition, il a souffert d’une commotion et n’a donc pu jouer au meilleur de sa forme. Si l’histoire était écrite différemment, on aura joué le Brésil en finale, ça c’est sûr.
Moscou 66
Dans la foulée de la compétition chilienne, il continue ses apparitions avec Rostov mais est de plus en plus courtisé par le club de la capitale, le Spartak Moscou. Il y signera finalement en 1966, pour ne jamais y évoluer. En effet, du fait de sa prise de poids et d’une opération de l’appendicite, le joueur de 29 ans arrête sa carrière pour se consacrer à ses loisirs. Il écrira des livres (Football, mon amour ; Penalty Area ; Confessions d’un avant-centre…) après avoir écrit sa légende avec l’URSS (29 capes, 20 buts). En 1969, il reviendra au RSM pour entraîner. La performance ne reste pas dans l’histoire. Journaliste puis conseiller président de la fédération, il ne reste pas loin du football.
Aujourd’hui âgé de plus de 80 ans, il est retraité et médaillé à de nombreuses reprises par son pays. Il a en effet été honoré de l’Ordre de l’Insigne d’honneur en 1980 et de l’Ordre de la loyauté en 1997. Il est Honored Master of Sports et Cavalier de l’Ordre de la Ruby League du Mérite depuis 2009, et a reçu l’Ordre pour services rendues à l’Oblast de Rostov en 2013. Mêm s’il est peu connu à l’Ouest, comme Kazimierz Deyna, il reste considéré comme un des meilleurs joueurs de l’histoire du football soviétique.