Président du conseil de surveillance de l’ASSE mais aussi du syndicat Première Ligue, Bernard Caïazzo a livré son sentiment sur ce qui entoure actuellement le football français.
Bernard, pensez-vous que le niveau du championnat va encore progresser avec l’arrivée de nouveaux investisseurs et de nombreux joueurs de qualité ?
« Qualitativement, la saison dernière a été la meilleure depuis dix ans. Mais la saison qui vient peut être encore meilleure car de plus en plus de clubs ont désormais pris le parti de produire du jeu et du spectacle. De plus, nous sommes sur une saison de Coupe du monde (en Russie en 2018) et les joueurs auront une motivation supérieure. »
Ne faut-il pas malgré tout s’inquiéter de l’inflation galopante des montants de transferts ?
« D’un côté, je m’en réjouis pour les finances des clubs vendeurs. Mais de l’autre, je suis inquiet pour l’avenir car les arbres ne montent pas au ciel. Aujourd’hui, la valeur d’un joueur moyen qui a fait quinze matchs de Ligue 1 est de dix millions d’euros quand elle était de deux ou trois millions maximum il y a encore deux ans. À fin juillet, plus d’une quinzaine de clubs avaient réalisé pour plus de dix millions de ventes de joueurs. C’est énorme. Cette saison, la France va battre un double record, celui des flux d’argent en ventes et achats de joueurs. C’est très positif mais il faut rester prudent et vigilant. Ce type de spéculation finit toujours par faire des victimes, surtout si le modèle économique est uniquement basé là-dessus. »
N’est-ce pas une inéluctable conséquence des enjeux globalisés liés au football?
« Je suis contre le football business mais surtout contre ce football finances dans lequel nous sommes en train d’entrer. Le foot doit rester un sport. »
Pensez-vous que la nouvelle dimension prise par la Ligue 1 va stimuler l’engouement populaire?
« Je l’espère. Tous les présidents rêvent de voir leur équipe évoluer dans des stades festifs et remplis par de vrais passionnés. Mais il ne faut pas, là on plus, se tromper d’objectif. D’un côté, on insiste beaucoup sur l’importance d’avoir des tribunes pleines car c’est mieux pour les retransmissions télés. Mais de l’autre côté on punit les clubs en leur imposant des matches à huis clos lorsqu’il y a des problèmes avec les supporters. Il faut envisager d’autres formes de sanctions. Les huis clos pénalisent des milliers de gens pour des fautes commises par quelques-uns. Ils nuisent aussi à la qualité des retransmissions et pénalisent donc indirectement tous les clubs. C’est un vrai sujet que j’ai récemment soumis au conseil d’administration de la Ligue. »