L’Euro 2016 étant terminé, les grands travaux de la Ligue 1 se sont achevés. Il est donc temps de tirer le bilan de l’affluence dans nos stade de Ligue 1. Premier numéro de « Foot en Chiffres », une nouvelle série de Dossiers Demivolee.com où nous laisserons les chiffres et les graphiques, parler des problèmes de la Ligue 1.
L’heure du bilan
Une saison entière s’est achevée depuis la fin de l’EURO 2016. Et nous avons donc pu voir la mise en œuvre de notre Ligue 1, équipée de ses infrastructures pour le long terme. Tout d’abord, il faut rappeler que ces infrastructures ont été conçues pour l’Euro. Mais aussi pour notre bonne vieille Ligue 1, pour nous permettre de rattraper nos retards en terme de stades. Car le bilan que tirent nos décideurs est que la chute globale de spectateurs dans nos stades, tire son origine dans ces mêmes stades. Retard en accessibilité, dans l’accueil, dans la promotion et le marketing, etc. Tous les ingrédients sont là pour échouer à augmenter ces « revenus matchday« en bon Français ‘marketeux’.
Et ces revenus, font donc toute la différence avec nos voisins. Ainsi, les clubs français sont tirés par les revenus audiovisuels et les revenus de trading de joueurs. Le revenu matchday est faible, tout à l’inverse de nos voisins Anglais, portés par des stades aux places hors de prix. Ainsi, chaque arène doit devenir un produit de consommation, le supporter n’étant plus un simple spectateur, mais également un consommateur de produits en touts genres. De la nourriture au merchandising, le client-supporter doit devenir la nouvelle source de revenus des clubs de Ligue 1.
Une affluence dopée par la construction
Oublions pour l’instant la recherche purement mercantile derrière les nouvelles stratégies commerciales de Ligue 1, et concentrons nous sur les résultats de ces initiatives.
Comme le montre le graphique ci-dessous, on confirme bien le bilan alarmant que tira la Ligue sur la chute des spectateurs depuis 2007. C’est la crise, disait-on, et pourtant le spectateur ne revient pas. Car l’affluence brute est trompeuse, son augmentation des dernières années étant principalement due à l’augmentation des capacités des stades. Certes, on ramène un nouveau public, mais on reste cependant incapable de tenir les objectifs de remplissage. Les nouveaux stades, passé l’effet électro-choc, se re-vident ! On a même assisté à une stagnation totale ces 2 dernières saisons. « Le spectacle est là, pourtant! », s’exclament les observateurs! Un « frémissement » de beau jeu commence effectivement à traverser notre Ligue 1… mais rien n’y fait, la courbe ci-dessous le montre bien, nos stades sont de plus en plus vides !
Une affluence intrinsèquement en baisse saison après saison
Le taux de remplissage de nos stades périclite de saison en saison. Ainsi, l’OGC Nice a vu son nouveau stade régulièrement sonner creux pour des problèmes d’accessibilité. Les nouveaux stades ont apporté des solutions et des problèmes avec des projets mal ficelés, bouclés en vitesse avec des PPP hors de prix (et c’est tout un autre débat). Restons concentrés sur notre problème, à savoir l’affluence de L1 en régression. En effet, on ne peut pas, comme l’ont trop longtemps fait les décideurs, se ramener uniquement à la problématique du stade. Oui, beaucoup de stades sont vétustes, beaucoup de stades manquent de personnel. Beaucoup de matchs sont estimés trop chers par les consommateurs potentiels, même si les clubs ont fait quelques efforts, sur impulsion de la Ligue. Tarifs agressifs, voire segmentés, comme s’il manquait des arguments pour vider encore plus nos tribunes. Beaucoup trop de matchs de Ligue 1 sont d’un imperturbable ennui, et il est sans doute là, le principal problème. Car si on retire les variations de capacité commerciale, on comptabilise 7 saisons de baisse de remplissage sur les 8 dernières. Et la seule saison d’augmentation notable, suivez notre regard, est celle du passage du PSG sous QSI. Un piètre bilan en somme.
Une révolution encore à faire
La Ligue a changé de visage, dans ses infrastructures déjà, mais aussi au niveau de la direction. Et les nouveaux dirigeants semblent prêts à parler de terrain. Que ce soit les pelouses, la qualité de jeu, tous ces facteurs purement footballistiques qui ont trait à l’affluence dans un stade. C’est prometteur pour l’avenir. Et même si la vieille lubie de faire des stades Français, des stades Américains perdure (Bernabeu Disneyland, nous voilà !), on parle enfin football. Les gens n’ont pas arrêté de venir au stade parce que ça manquait d’animations, ou de personnel d’accueil. Alors oui, tout cela influe, bien entendu. Mais on ne peut résumer nos problèmes à ces simples artifices.
Qui voulait lâcher 20€ (politique tarifaire agressive, on a dit), pour regarder Brest jouer sur du sable ? Qui était prêt à dépenser tout son budget loisirs, pour s’infliger au final, un classique 0 – 0 de Ligue 1 ? Le mal est là, l’image de notre championnat national en a souffert. On en est même arrivé à un point où la crainte que la Premier League soit plus regardée que la L1 à la TV, devienne plus qu’une fantaisie. Les problèmes sont trop nombreux pour être tous listés dans cet article, ça serait bien trop ennuyant pour vous et pour moi. Mais fondamentalement, on ne peut pas sépare jeu et tout ce qui y a trait (pelouse, formation, coachs), et politique tarifaire, marketing, etc. Cette vision tronquée, fut trop longtemps un non-sens, une illusion qui frôlait le ridicule.
Le mot de la fin
Cet article n’a pas pour but de prétendre donner « les » solutions, mais peut-être juste d’ouvrir quelques pistes. Il est là pour éclairer les problèmes qui persistent, concernant l’affluence dans notre championnat, quoi qu’en dise la Ligue. Et surtout ouvrir le débat : la parole est à vous. Qu’en pensez-vous ? Comment expliquez-vous la désertion des stades de Ligue 1 ? Les commentaires sont là pour continuer le débat.
Je voudrais conclure cet article en mettant en lumière un fait. Tous les chiffres utilisés dans cet article sont les chiffres officiels de la LFP. Statistiques prenant donc en compte les billets vendus, et pas les spectateurs réellement présents. Tout cela fausse quelque peu le constat, les abonnés étant donc comptés quoi qu’il arrive. D’autant plus que de nombreux clubs ont recours aux invitations massives pour remplir leurs stades dégarnis. Alors, c’est très « sympa » pour les petits clubs locaux, pour les jeunes des écoles de foot. Mais ça n’enlève rien au constat de non-attractivité persistante de la L1.
Tous les graphiques sont la propriété de leur auteur et de demivolee.com – Source des chiffres : LFP