Le football actuellement plongé dans une de ses périodes les plus excitantes de l’année (le mercato), de nombreux acteurs entrent en compte de manière très importante. Journalistes, personnes « proche d’un club » mais surtout agents sortent de leur grotte et deviennent les Cyril Hanouna du football : on les voit partout. Et ce même s’ils disent des conneries. Jorge Mendes, lui, fait partie de la catégorie des agents… mais pas n’importe lesquels. Portrait d’un travailleur acharné qui contrôle aujourd’hui une grande partie du football-business.
Tout le monde le connaît, mais personne ne sait réellement de qui il s’agit. Ancien joueur (ou testeur de banc, à vous de voir) de D3 portugaise à Vianenses, Jorge n’est pas un excellent joueur. Un milieu de terrain, avec une bonne patte gauche…sans plus. Heureusement pour lui, son talent se trouvait autre part.
Une fin de carrière originale…
L’homme de la nuit
Très vite, le portugais va se rendre compte qu’une grande carrière sur le rectangle vert est quasi-impossible. C’est un fêtard, au sens du business développé qui va laisser le du monde du football de côté pour investir dans…une boite de nuit. Logique. Cette boite de nuit, située à Caminha au Nord-Ouest du Portugal devient la propriété de l’homme d’affaires après le rachat des parts du proprio actuel. Mendes sait ce qu’il fait. Cette discothèque, il la connaissait bien puisqu’il venait régulièrement y boire un coup. Et là où tout cela devient intéressant, c’est qu’il n’était pas le seul à venir s’y abreuver : les joueurs de Porto ou de Braga entre autres, avec lesquels il noue quelques relations.
Et l’homme du terrain
Même si il délaisse quelque peu le foot, Mendes est toujours licencié. En 1991, il signe à Lanheses tout en continuant de passer ses soirées dans sa boite. Le gars a tellement des billets à la place des yeux, qu’il négocie même avec la direction de son club une partie des revenus sponsors du club. Sponsors qu’il a lui-même amené ! Cependant, impossible de mener cette double-vie : le joueur arrive juste avant les matchs, dort à peine, et ne vient pas à tous les entraînements. Et cela tout en étant le joueur le mieux payé. On sait désormais qui l’Assemblée Nationale a copié.
Parce que cet article manque d’anecdote, voici l’une de Pereira, son ancien coéquipier à Lanheses (via SoFoot) :
« C’était contre son ancienne équipe, Vianense. Comme Jorge n’avait pas percé là-bas, il était un peu vexé et voulait leur prouver qu’il était assez bon pour jouer chez eux. Et ce jour-là, il a couru comme un cheval. Vers l’avant, vers l’arrière, sur les côtés… Il courait comme un cheval. En fait, il avait pris des pilules blanches qui tournaient pas mal à l’époque dans les boîtes de nuit. Je ne sais pas ce qu’il y avait dedans, mais ça a bien marché ! »
…pour une reconversion réussie
Le temps passe…jusqu’à 1996. Alors qu’il est dans sa boite de nuit, Jorge Mendes croise par hasard un certain Nuno Espirito Santo. Qui est ce type ? C’est simple, le premier joueur que notre business-man portugais a transféré. Gardien de but au Vitoria Guimaraes, il va profiter du talent de son nouvel agent pour signer au Deportivo la Corogne, grosse écurie espagnole de l’époque qui terminera sur le podium en Liga (et meilleure défense devant le Real). Augusto Cesar Lendoito, président du Deportivo, déclare :
« Il était têtu. Il pouvait attendre quatre heures devant mon bureau pour pouvoir me parler. J’avais beau lui répéter que je n’achèterais personne, il finissait par me convaincre ».
Rapidement, Mendes se lance officiellement dans une carrière d’agent de joueurs. Il crée même GestiFute, une entreprise qui va s’approprier les portes-monnaies de joueurs, de plus en plus prestigieux. Pour commencer, il va s’intéresser aux jeunes pépites de son pays. Allez, on vous balance un petit nom comme ça. Cristiano Ronaldo. De plus, il se rapproche du président du FC Porto. Et il réussi à mettre sous son aile une grosse partie de l’effectif du club. Sa carrière est lancée, y’a plus qu’à prendre un forfait appels illimités.
La révélation
Son premier gros coup intervient en 2003. Cristiano Ronaldo joue alors au Sporting Portugal et son talent se fait remarquer au pays. Le nez de Jorge Mendes picote. Non pas à cause de la cocaïne, mais parce qu’il sent le bon coup. Il propose donc son joueur a différents gros clubs de l’époque tel que le FC Barcelone ou l’Olympique Lyonnais. Mais tout le monde refuse : le montant est trop élevé. Inutile de dire qu’on parlerait aujourd’hui de prix discount. Le 6 août, le Sporting reçoit Manchester United pour l’inauguration de leur nouveau stade. Ronaldo brille.
Et même plus que cela : il éblouit Sir Alex Ferguson. Suite au match, les joueurs mancuniens eux-mêmes réclament le portugais. Une semaine plus tard, il signe chez les Red Devils pour une quinzaine de patates. On l’avait dit qu’il avait le pif ! Ah oui, on vous l’avez pas précisé : sur chaque transfert de ses poulains, Mendes prend 10%.
Jorge Mendes s’attaque aux cadors
Bien lancé dans sa nouvelle carrière, l’agent décide de faire cracher les clubs les plus riches. Chelsea d’abord. Avec l’arrivée d’Abramovitch, le club londonien a de l’argent à dépenser et le propriétaire russe affiche une énorme confiance envers Jorge Mendes. Pourquoi ? Parce que c’est grâce à lui si José Mourinho est arrivé chez les Blues, après son énorme succès avec le FC Porto. Suite à cela, une petite armée de joueurs débarquent dans le club, dont Ricardo Carvalho et Tiago. Il est également contacté par Ferguson pour Nani, opération pour laquelle il se fera 2,2 millions. L’appétit de l’agent augmente puisque ce dernier s’attaque au Real Madrid. CR7 pour 93M€ ? C’est lui. Du Sporting au Ballon d’Or, Ronaldo est le symbole parfait du succès de Jorges Mendes. En effet, les deux se permettent mutuellement d’empocher les millions.
Le toit du monde
Ça y est, il est sur le toit de l’Europe. Mais cela est-il suffisant ? Bien sûr que non pour lui…qui se lance dans le foot sud-américain. Quand on voit la cote de ce type de joueurs, on ne pouvait pas imaginer Mendes ne pas s’y intéresser. Les clubs latinos ne cessent de proposer leurs joueurs à GestiFute, qui va tranquillement monter son réseau (notamment avec Porto ou l’Atletico, des terrains de jeu du business-man). Histoire vraie, ce dernier va arriver à vendre Bébé 9M€ à Ferguson, juste en lui faisant regarder un DVD. Quand on vous dit que les compils YouTube ça sert à rien…
Aujourd’hui, il gère le porte-monnaie de beaucoup de stars dont Renato Sanches, André Gomes, Bernardo Silva, James Rodriguez, Falcao, Angel Di Maria ou encore David De Gea. Je vous laisse regarder leur prix de vente. Ou les rumeurs les concernant pour vous apercevoir de sa fortune ou de son potentiel. Au niveau des clubs, l’AS Monaco, le FC Valence, le Besiktas ou encore le Dynamo Moscou s’ajoutent à ceux dont nous avons déjà traité. Voici d’ailleurs la liste complète des joueurs qu’il a sous son aile. Ouais, c’est pas mal pour un simple vendeur en vidéoclub, 20 ans en arrière.
En terme de fortune, Forbes estime celle de Jorge Mendes à 682 millions d’euros. C’est propre, et c’est pas fini.