L’Éthiopie, c’est un très joli pays. Seul pays à avoir résisté à l’invasion colonisatrice pseudo-civilisatrice européenne, ce pays est très particulier en Afrique. C’est également le seul pays à avoir autant de populations catholique en pourcentage de population sur tout le continent. Trop souvent réduit au roi des rois, au Négusa Nagast, l’Éthiopie est pourtant beaucoup plus intéressante que cela. En effet, sur le plan footballistique par exemple, elle a engendré des grands joueurs. Nous allons aujourd’hui, dans ce nouvel épisode de Tour du Monde, nous intéresser à la carrière de l’un d’eux. Ce mercredi, c’est au tour de Luciano Vassalo d’avoir son heure de gloire.
Vassalo, le Lion abyssin
Vassalo naît le 15 août 1935, en Erythrée, c’est à dire sur la corne de l’Abyssinie. Très vite, ce jeune joueur, dans une Ethiopie fascisante, commence à pratiquer le football. Ou plus précisément la culture physique. En effet, dans ce que Mussolini appelle « l’éducation nationale » (c’est d’ailleurs de lui que vient le terme en France, qui a remplacé Instruction Publique), le sport prend une place importante. Et, comme en Allemagne d’ailleurs, le football est encouragé. Il n’a donc pas exactement le choix du club dans lequel il va évoluer. Et de toute manière, les centres de formation n’existent pas à l’époque. Après s’être formé sur les terrains vagues, il signe en professionnel. Ou plutôt, en amateur « marron », c’est à dire bénéficiant d’un emploi de bureau extrêmement bien rémunéré… sachant que l’entreprise en question appartient au propriétaire du club.
C’est au Cotton Factory Club qu’il fait ses débuts. Quel nom empreint de l’esprit colonisateur ! Quoi qu’il en soit, l’attaquant natif d’Asmara y évolue. Et y évolue plutôt bien. Pour sa première saison, le jeune attaquant impressionne. Il remporte le championnat, la Premier League Éthiopienne. Quand je parle de jeune attaquant, cela reste à nuancer. Car il a déjà 25 ans quand il fait ses débuts dans le monde du football. Durant ses treize années sous le maillot du club blanc, il remporte à nouveau à trois reprises le championnat. Ils s’adjugent en effet le titre en 1962, 1963 et 1965. En 1964, pour leur seule et unique apparition en Coupe d’Afrique des Clubs Champions, emmené par Luciano Vassalo, atteint la demi-finale de la compétition. Il jouera ensuite une saison, en 1974, alors âgé de 39 ans, pour le Saint-George SC.
Après un nouveau coup d’État…
Mengistu est bien connu en Éthiopie pour avoir perpétré un coup d’État contre le négus d’Éthiopie, Haïlé Sélassié. Et un autre Mengistu va perpétrer un autre coup… En effet, une analyse du football Éthiopien pourrait classer Luciano Vassalo comme le meilleur joueur que l’Abyssinie aie connu de son histoire. Mais malheureusement pour Luciano, il s’est fait devancer par Mengistu Worku. Pourtant, ce n’est pas faute d’être le joueur le plus capé de l’histoire de la sélection (104 apparitions). Ou bien d’avoir inscrit près de 100 buts en sélection – même si la comptabilité est très controversée. Mais Mengistu Worku et Luciano Vassalo ont avant tout été très complémentaires. C’est à dire qu’ils ont formé pendant bien des années le fer de lance de l’attaque de l’Éthiopie
En effet, lors de l’année 1962, les deux amis sont au sommet de leur art. Ils portent l’Éthiopie jusqu’en finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Là, ils sont opposés à la République Arabe Unie, aujourd’hui appelée Égypte. Ils ont l’avantage du terrain, car la compétition se déroule en Éthiopie. Mais les égyptiens sont les tenants du titre. Ce soir-là, Luciano Vassalo est aligné au milieu de terrain. Et c’est la RAU qui va ouvrir le score. Badawi ouvre la marque à la 35ème. Mais Tekle permet à la 74e aux Éthiopiens de revenir au score. Cependant, à la 75e, Badawi permet aux Égyptiens de repasser devant. Pourtant, à la 84e, alors que tout semble perdu, Mengistu arrache la prolongation. Il inscrira le but du 4-2 à la 117e. Les Éthiopiens sont sur le toit de l’Afrique. Mais par qui est donc inscrit le troisième but ?
Nous sommes tous frères
Beau slogan, n’est-il pas ? Eh bien, il s’est parfaitement adapté à la carrière de Luciano Vassalo. En effet, il évolue tout au long de sa carrière avec son frère, Italo Vassalo. Et c’est ce dernier, qui, à la 101e minute, permet à l’Éthiopie de passer devant pour la première fois du match. Ils ont formé un des meilleurs duo de frère du football Éthiopien, bien sûr. Mais c’était moins rare à l’époque de voir deux frères évoluer dans la même équipe. Le football est décidément une affaire de famille…
La carrière de Luciano Vassalo ne va pas s’arrêter à la fin de sa carrière de joueur. En effet, le numéro 9 de l’Éthiopie va entraîner l’Équipe nationale à sa retraite. Il va également entraîner le Cotton FC, ainsi que les St. Georges. La carrière d’entraîneur de celui, qui, vous vous en doutez sûrement, possède aussi la nationalité italienne, est très peu documentée. Ce qui est sûr, c’est que son style de jeu a inspiré beaucoup de joueurs. Notamment Didi, Luisito Suarez et Alfredo Di Stéfano.
Luciano est toujours en vie aujourd’hui, tout comme son frère. Malheureusement, Mengistu n’a pas cette chance – il est décédé en 2010. Il a fondé en 1978 en Italie l’Olimpia Ostia, un petit club de foot. Il reste aujourd’hui encore un personnage important du football Éthiopien. Même s’il n’est que peu connu en Europe, il s’agit d’un des rares joueurs africains n’ayant pas joué en Europe à être autant documenté.
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