Ça y est, c’est quasiment acté, Alexandre Lacazette va quitter l’Olympique Lyonnais. Alors j’en profite pour lui dresser un dernier hommage en tant que joueur de l’OL.
Alexandre (Souverain de Pologne)
J’avoue ne pas avoir de souvenir très précis des premiers matchs de Lacazette avec Lyon. En fait, je n’en ai presque aucun d’Alexandre avec le numéro 38 sur le dos. Non, le premier souvenir précis de Lacazette que j’aie doit remonter à février 2012. Ce soir là, j’étais en vacances dans le sud de la France, sans téléviseur. Je me souviens avoir dit « je vais essayer de regarder le match de l’OL ». A l’époque, tous les streamings m’étaient plus ou moins inconnus. Je m’étais donc retrouvé sur un site web louche, avec une vidéo zoomée 400% d’une petite fenêtre, sans doute venant de Al Jazeera. Ce match-là, Lyon le dispute contre l’APOEL Nicosie. Lyon n’est pas particulièrement mis en danger, mais n’arrive pas à trouver la faille. Et là, survient celui qui porte alors le numéro 17, Alexandre Lacazette, pour ouvrir le score.
Puis, un peu plus tard, arrive cette finale de Coupe de France contre l’US Quevilly. Le dernier titre majeur remporté par l’Olympique Lyonnais. Si Lyon s’impose 1-0 grâce à un but d’un autre très grand attaquant, Licha, c’est grâce à une passe décisive d’un futur très grand qu’est Alex. Une finale que Lyon ne maîtrisera pas complètement, pour ce qui est la première apparition du maillot 3D que porteront les joueurs de Rémi Garde en Coupes la saison d’après. Voilà ce que sont mes premiers souvenirs de celui qui allait devenir AL10. Des souvenirs d’un garçon travailleur mais un peu brouillon, mais surtout manquant de réalisme devant le but.
Alexandre (Prince Hérodien)
Après ces premiers matchs, arrive la saison 2012-2013. Cette saison, sur le plan statistique, n’est pas forcément celle que l’on retiendra le plus. Mais trois choses m’ont marqué cette saison-là. D’abord, ce but refusé contre Bordeaux sur un corner de Grenier pour un ballon faussement sorti du terrain. Et ensuite, ce but refusé contre l’AC Ajaccio pour un hors-jeu de position, pour une fois inexistant, de Bafé Gomis. Enfin, cet appel en sélection français par Deschamps de Lacazette. Il fait d’ailleurs ses débuts lors de ce qui sera la dernière des sélections de Yoann Gourcuff. J’avoue qu’à l’annonce de la liste de Deschamps, j’avais été heureux et surpris. Surpris de voir ce joueur certes prometteur mais pas indiscutable être appelé par Deschamps. Le premier de ses choix incompréhensibles envers Lacazette…
Et puis, arrive cette intersaison avec ce match amical contre les New York Red Bulls. Lacazette, qui avait pris le numéro 10 la saison d’avant, se serait entretenu avec Thierry Henry. Et ce dernier lui aurait donné les clés de la réussite en tant qu’avant-centre. Pour moi, ce match était surtout la tristesse de voir le roi Juni rompre son contrat avec les NY Red Bulls quelques semaines avant seulement. Mais il allait sans doute changer la carrière d’Alexandre. Car en ce début de saison, entre le départ de Licha qui m’avait arraché des larmes de tristesse et la mise en CFA de Gomis qui m’avait arraché des larmes de joie, Lacazette est replacé avant-centre. Son doublé à Nice en ouverture et son but face à Sochaux sont surtout ceux qui me restent. Mais cette saison-là, c’est l’éclosion d’un buteur.
Alexandre (Empereur Romain)
Puis vient l’éclosion réelle. Celle avec le départ de Gomis. Car celui qui ralentissait le jeu laisse enfin la place à un attaquant mobile, épaulé par Nabil Fékir. L’OL joue son meilleur football depuis des années. La vitesse de Njie, la science du jeu de Lacazette, le coup de rein de Fékir… Derrière, par intermittence, des milieux de talent. Entre Fofana, Grenier, Gourcuff, et l’explosion du petit Tolisso. Et puis Sam, derrière, déjà depuis plusieurs années le taulier de la défense. 27 buts, meilleur buteur, oui, ce Lacazette m’a fait rêver. Ce Lacazette qui fait peur au défense. Ce Lacazette qui devient meilleur joueur de Ligue 1. Et surtout, ce Lacazette qui détrône Zlatan Ibrahimovic de son statut de meilleur buteur. Cet Olympique Lyonnais qui, malgré le fait qu’il n’y ait pas de Coupe d’Europe, réalise une très bonne saison.
Puis la saison suivante, compliqué d’abord. Ce but contre l’OM, pourtant, avec le pendu de Valbuena. Mais surtout, ce triplé contre l’ASSE dans le derby à Gerland. Ah, Alexandre Lacazette m’a arraché des frissons de joie et des râles de plaisir ce soir-là. Le limogeage de Fournier à la trêve après une composition honteuse contre le Gazélec donne des ailes à Alex. 21 buts au final, dont ce triplé majestueux contre l’ASM lors du 6-1. Et comme dans le rêve de Jean-Michel Aulas, Lacazette premier buteur au Parc OL de l’histoire… C’est aussi Lacazette qui (ré)apprend à jouer sans Nabil Fékir, blessé cruellement aux ligaments croisés. Et Lacazette débarassé du fardeau Claudio Beauvue. L’histoire est belle, surtout car Lacazette reste à l’Olympique Lyonnais la saison d’après.
Alexandre (Roi de Macédoine, Pharaon d’Égypte)
La saison d’après, c’est celle-ci, justement. Un total fabuleux de 28 buts. Le roi Juninho dépassé au classement des buteurs de l’OL. La barre des 100 buts en Ligue atteinte. Des stats faramineuse : 30 matchs de Ligue 1, 28 buts, 4 passes décisives. 38 buts toutes compétitions confondues. Le meilleur Lacazette de l’histoire. Alexandre le Grand est arrivé. L’empereur de Rome. Le roi de France. Le prince de Lyon. Malgré une tactique hasardeuse, une animation de jeu pauvre, un double pivot critiqué. L’intelligence de jeu du buteur a été le rayon de soleil d’une saison parfois morose. Il y a eu cette saison un OL avec Lacazette et un OL sans Lacazette. Il y a eu un OL éliminé de Ligue Europa et un OL proche de l’exploit contre l’Ajax.
Pour toutes ces raisons, Alexandre, merci. D’abord, merci pour ces matchs que tu as gagné à toi tout seul. Ensuite, merci pour ces triplés face à Lille, Saint-Étienne, Monaco, Nancy… Merci aussi pour ces buts magnifiques contre la Roma, Metz et pleins d’autres. Nous ne te méritions peut-être pas. Mais indéniablement, Alexandre, tu es de la trempe des grands attaquants de l’histoire de l’Olympique Lyonnais. Tu es passé après le numéro 10 magnifique de Karim, après le dévouement de Lisandro, après le talent de Sonny. La tâche était immense. Mais tu l’as réussie. Le club qui t’accueillera aura de la chance de pouvoir compter sur un tel buteur, mais aussi un joueur autant au service de l’équipe. Il y a eu un avant et un après Juninho, un avant et un après tous les grands de l’OL. Et il ira, c’est certain, de même avec toi.