Avant le prochain match, Rudi Garcia, l’entraîneur de l’Olympique de Marseille, était en conférence de presse.

Vous allez récupérer Bafétimbi Gomis, suspendu à Nancy…

Oui, c’est une bonne nouvelle ! C’est le seul attaquant de surface dont on dispose. Il nous manque… On n’a pas été si mal que ça à Nancy, mais il faut être plus efficace. Quand on domine comme ça, quand on a 70% du temps le ballon, qu’on tire dix-neuf fois au but, qu’on a vingt-huit centres et qu’on finit à 0-0, cela veut dire qu’on manque de présence dans la surface. Bafé ou pas, on a des stats de tirs cadrés trop faibles.

Sur les sept derniers matches, à chaque fois qu’on a cadré moins de 40% de nos frappes, nous n’avons pas gagné. Et au-dessus des 40%, nous avons gagné, sauf à Lille, où nous avons cadré 57% de nos tirs. Mais là-bas, nous avions fait sept malheureux tirs… J’ai senti mes joueurs frustrés après Nancy, mais ne nous cherchons pas d’excuses, le danger ce serait de leur donner des jokers. Contre Saint-Etienne, on n’a pas été dépendants des décisions arbitrales.

Garcia : « Bafé ou pas, on cadre pas assez »

 N’y a-t-il pas un problème plus global d’agressivité ?

Pas sur toute une rencontre, mais sur quelques morceaux du match, quelques entames. On avait déjà pointé ça du doigt. A Caen, on sera bien inspirés de démarrer fort, de marquer des buts, de garder cette solidité défensive qui nous a permis de nous améliorer un peu à l’extérieur : en février, nous avions perdu à Metz (1-0), à Nantes (3-2), on a été capables de ne pas perdre à Lille (0-0), à Nancy (0-0). Mais cela ne suffit pas. Dans un sprint final, après avoir pris beaucoup de points de retard, il faut être capables de gagner des matches si on veut aller chercher l’Europe. A Lorient, on a su bien démarrer, il faut reproduire cet exemple.

Est-ce simplement une question de motivation ?

Oui, je pense que ça se joue beaucoup dans la tête. Mais il faut avoir une détermination sans faille dès la première seconde, quelque soit le contexte. C’est sûr qu’au Vélodrome, jouer devant nos supporters, ça aide. Mais on doit jouer à l’extérieur comme à domicile, on travaille pour ça, il faut le mettre en application, et pas seulement par bribes.

Vous évoquez donc un problème de motivation…

Non, je n’ai pas dit que c’était un problème de motivation.

Vous avez parlé de détermination.

Mais inconsciemment, on n’en fait pas assez, il faut créer les conditions pour gagner, ne pas attendre de se faire bouger ou une décision défavorable, et tout d’un coup, on est dans le match. Il faut y rentrer dès le début. On s’est déjà posé la question. Est-ce une équipe qui n’est pas meilleure dos au mur ? A chaque fois qu’on l’a été, on a bien répondu. A Caen, on sera au dos mur, c’est bien !

Garcia : « Si on termine européens, ce sera juste inespéré »

 Est-ce problématique pour vous de devoir peut-être espérer une victoire du Paris-SG en Coupe de France pour tabler sur une sixième place qualificative en Coupe d’Europe ?

On espère juste de gagner à Caen, on fera les comptes après ce match. Puis après Nice, après Bordeaux, après Bastia. C’est pour ça que je dis qu’on vise le podium désormais, cela nous permettra peut-être d’atteindre une place où on ne dépend de personne.

Etes-vous surpris qu’il faille un cataclysme pour avoir un penalty en faveur de l’OM ?

C’est étonnant qu’on n’en ait ni obtenu, ni concédé depuis que je suis arrivé, ou pas loin. Je ne me fixe pas là-dessus, on doit jouer des équipes fair-play, et on doit être fair-play nous-mêmes. Je ne vois pas d’autres explication.

Garcia : « Cela ne s’équilibre jamais »

Cela s’équilibre donc…

Non, cela ne s’équilibre jamais. Cela ne peut pas s’équilibrer, car cela change le match. Regardez sur Angers-Guingamp, en demi-finale de la Coupe de France mardi, si Guingamp marque son penalty, vous trouvez que ça s’équilibre sur une saison ? Heureusement que le gardien d’Angers a la bonne idée de le sortir. Car oui, l’arbitre a le droit de se tromper. Mais au 21e siècle, on a le droit de l’aider.

A quel match vous attendez-vous à d’Ornano, face à une équipe dans le dur et en froid avec une partie de son public ?

On va dans un endroit qui fleure bon le football. C’est une équipe qui doute, mais qui va lutter jusqu’à la fin, comme le font Nancy, Lorient… Nous aussi, on lutte pour cet accessit en Europe. A nous d’être capables de montrer un visage conquérant. Il ne faudra rien faire pour remettre cette équipe de Caen en confiance, cela fait partie des aspects psychologiques d’un match dont il faut tenir compte. J’ai l’impression que dans les gros matches, on est plutôt là, à l’image de la réception de Saint-Etienne (4-0, le 16 avril). J’ai moins de problème de motivation inconsciente, à 100%, sur les gros matches qui arrivent. Il faut pousser mes joueurs, les piquer sur les plus petites équipes. Je serai là, et il y a deux, trois leaders dans cette équipe qui ont la rage. Et ils vont la transmettre.

Garcia : « Je savais que cela serait compliqué »

Cette saison est-elle plus difficile que vous ne le pensiez à votre arrivée ?

Non, je savais que ce serait compliqué, on tirera le bilan à la fin. Si on termine européens, ce sera juste inespéré. Pour l’instant, on ne l’est pas. Ce ne sera pas une belle saison, cela sera juste inespéré. On a encore notre destin entre nos pieds, allons-y.

 Quel a été l’impact du mercato hivernal sur le jeu proposé par votre équipe ? Au niveau comptable, ce n’est pas flagrant.

En décembre, nous avons enchaîné quatre victoires consécutives qui nous ont permis d’atteindre la cinquième place. On l’a fait en étant peut-être en surrégime, en ayant moins de solutions sur le banc, etc. Pour intégrer les nouveaux joueurs, il faut du temps. Le football que je prône, c’est celui montré face à Saint-Etienne, et les quatre recrues étaient sur le terrain ce soir-là. Il faut de la régularité. Quand vous prenez Monaco, le Paris-SG, ce sont des joueurs qui évoluent ensemble depuis un moment. Quelques retouches comme à l’OGC Nice, avec un Balotelli, un Belhanda, sur un collectif qui a des automatismes, ça vous permet d’avoir une équipe compétitive. On a besoin d’avoir du vécu.

Garcia : « Je fais jouer ceux qui me font gagner »

Il y a un mois, vous avez expliqué que vous vouliez garder Bafé Gomis, tout comme William Vainqueur. Cette semaine, il a évoqué le fait qu’il ne se voyait pas en position de doublure…

Le coach ne dit jamais à un joueur qu’il sera titulaire. Certains joueurs, vu leur carrière ou leur vécu, partent évidemment avec un peu plus de crédit que les autres en début de saison.  Mais je fais jouer ceux qui me font gagner, peu importe les noms et les âges. Les deux exemples parfaits cette saison sont Rolando et Maxime Lopez.

Etes-vous surpris qu’il n’y ait pas de joueurs marseillais nommés aux trophées UNFP cette année ?

Faisons en sorte qu’il y ait beaucoup de Marseillais nominés la saison prochaine ! Car il ne faut pas mal le prendre. Dans ce championnat, il y a des équipes qui font des choses superbes, à l’image de l’AS Monaco.»

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